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par Merrick » 11 sept. 2006 16:56
Les infirmières passent d'un lit à l'autre, s'affairant sans arrêt, posant leurs mains sur un front, refaisant un bandage, telles des ouvrières dans une fourmilière. Quelquefois, elles disent un mot gentil, ou bien esquissent un sourire pour tenter de remettre du baume au coeur des aventuriers.
Pour certains, c'est la première fois. Cela se voit à leur regard hébété.
Il ne faut pas croire que la mort est une chose facile, et même si les dispensaires sont de hauts lieux magiques, la douleur qui accompagne le passage de vie à trépas ne disparait pas avec la renaissance. Quelquefois même, elle empire avec le regain de conscience que ça apporte. On ne peut pas dire que l'on puisse s'habituer à cela, ce serait mentir. Toutefois, certains aventuriers arrivent à supporter de mieux en mieux cette épreuve.
Une infirmière passe auprès d'un lit, pose doucement sa main blanche sur le front crasseux d'un malade. Le visage de celui-ci n'est que cicatrices, et une barbe poivre et sel lui recouvre la majeure partie du visage. Aucune réaction ne montre le moindre symptome de conscience.
L'infirmière le regarde un peu mieux. Ses habits sont d'une saleté repoussante. Les souterrains ne sont pas un modèle de propreté, certes. Les aventuriers se battent pendant de longs jours, et n'ont que rarement l'occasion de se laver. Pour certains, seule une renaissance est l'occasion d'un bain, même s'il faut ensuite les rhabiller avec les mêmes vêtements qu'à leur arrivée. Mais lui... L'odeur qu'il dégage est... différente.
Oui, il ya quelque chose, derrière l'odeur acre de la sueur et de la poussière.
Elle prend un linge dans de l'eau fraiche et lui éponge le front. Il ne réagit pas. Elle fronce alors les sourcils, se relève et se dirige vers un homme de haute taille, au visage sec et aux yeux profondément enfoncés dans les orbites. 3 mois qu'elle travaille avec lui et n'arrive toujours pas à soutenir son regard.
"Pardonnez moi maitre Tarrin, dit-elle en se penchant légèrement, mais je m'inquiète pour un patient.
- Oui ? Que se passe-t-il ?
- Cela fait maintenant 4 jours qu'il est là. Il respire profondément et calmement, mais ne réagit pas quand nous nous occupons de lui.
- 4 jours ? Il aurait du reprendre conscience bien avant.
- C'est ce que je me disais aussi, et je voudrais que vous veniez l'examiner.
- Bien. De toutes façons, je n'ai que ça à faire. Amène moi à lui."
Lorsqu'ils arrivent devant le lit, maitre Tarrin esquisse un sourire.
- Depuis combien de temps travaillez vous ici, Clarisse ?
- 3 mois
- 3 mois ? Et c'est la première fois que vous le voyez ?
- Oui
- C'est pourtant un habitué. C'est un homme remarquable, en même temps qu'une grande énigme pour notre sience.
- Ah ? Vous le connaissez donc ?
- hélas, oui, je le connais, même si je voudrais ne jamais l'avoir rencontré.
- Vous disiez que c'était une énigme ?
- Oui, c'est à ma connaissance le seul homme conservé dans l'alcool de son vivant.
- Pardon ?
- Je pense que dans ses veines doit encore couler un peu de sang, toutefois, si j'étais vous, j'éloignerais cette torche de lui, on ne sait jamais, j'ai le sentiment qu'il peut bruler à froid.
- Mais, je ne comprends pas, son inconscience ?
- Tu vas voir, pour comprendre, il faut lui trancher les veines...
A ce moment, maitre Tarrin sort un scalpel, et jette son bras sur l'homme allongé, et Clarisse ne peut réprimer un hurlement de frayeur, jusqu'au moment ou la main de l'inconnu stoppe le bras de son aggresseur, avant de marmonner
- Putain, Marco, tu fais chier....
- Allez, vieille loque, je sais que tu dors pas, relève toi...
- L'hospitalité n'est plus ce qu'elle était chez toi....
L'homme se redresse, et Clarisse comprend que l'odeur qu'elle sentait était celle du vieux Rhum.
- Clarisse, laissez moi vous présenter Merrick, pour lui, vous ferez un tarif spécial, grace à ses seules contributions, il permet de faire tourner le dispensaire
- Tu es moqueur Marco. T'as pas quelque chose à boire ?
- De l'eau pour toi et tes vêtements, même si je pense que le point de non retour est passé. Alors c'était quoi cette fois ci ? Un troll ? Un géant ? ou bien une chauve souris comme la dernière fois ?
- Marco, t'es vraiment désagréable. J'irai renaitre ailleurs la prochaine fois....
Soudain, le visage de Merrick se fige, comme s'il venait de se rappeler de quelque chose...