Duron se dirigea droit vers la tente d’Aerielle. Il avait étudié tellement de fois le chemin pour y parvenir qu’il aurait pu le faire les yeux fermés.
Il avait également pu réfléchir longuement pendant que les couche-tard continuaient de bavasser

(je leur en foutrais, moi, des discussions philosophiques : le basilic rôti, avec ou sans ail ?)
devant le feu de camp à ce qu’il allait trouver une fois là-bas.
Et son imagination avait été fertile. Ses rêves les plus fous s’étaient réalisés : elle l’attendait, alanguie sur le dos, le regardant dans les yeux, les mains se baladant sur son corps de déesse nu et offert et lui murmurant : « Duron, mon amour, je t’attendais depuis si longtemps ». Bon, ce n’avait été qu’un rêve mais il n’empêche qu’il avait fait une toilette complète ce soir-là, juste au cas où
Arrivé devant la tente, le palpitant jouait des castagnettes. Il écarta légèrement un pan de l’entrée, histoire d’être discret un minimum. Mais la lumière déjà tamisée qui régnait à cet étage ne permettait de distinguer que peu de choses. Au mieux, il pouvait voir son pied et le début du mollet.
« La poisse, ça commence mal !! Il me faut plus de lumière. »
Mais déjà, la vision de cette peau nue, brune et satinée, conjuguée à l’excitation du moment lui faisait perdre toute prudence et il ouvrit la tente en grand.
Et là, oh merveille des merveilles ! Elle était quasi-nue. Seule une fine étoffe venait recouvrir son buste et ses hanches. On pouvait deviner la rondeur généreuse de sa poitrine, la courbe prononcée de sa taille. Elle dormait sur le côté, touchante et attendrissante … bien loin de l’objet sexuel qu’elle représentait en journée.
Mais l’esprit de Duron occulta très vite ses considérations mielleuses pour s’adonner à ses pulsions perverses. Ce n’était pas un bout de chiffon qui allait arrêter notre nain dans son méfait !
Il fit glisser le plus lentement qu’il put l’étoffe afin d’en voir davantage. Elle avait chaud, sa peau était moite et le tissu ne glissait pas aussi bien que prévu … mais il glissait. Elle poussa de petits soupirs qu’on aurait pu assimiler à du plaisir.
« Oh oh oh, c’est qu’elle apprécie la coquine !!!

»
Et il tira un peu plus vite, par excès de confiance sans doute.
Elle bougea alors. La Panique !!!
Il plongea alors hors de la tente et resta un moment tapi là, sans bouger, priant pour qu’elle ne sorte pas.
« Foutre de troll en rut ! Duron arrête tes conneries et retourne te coucher, tu en as assez vu ...
...

...
... Oui mais bon ! La situation ne se représentera pas de sitôt
Encore un petit coup d’œil et après, dodo »
Il risqua un coup d’œil rapide mais il semblait bien que l’alerte était passée.
Elle tenait le chiffon dans sa main.
...
Dans sa main !?

...
Et là, ce fut la révélation, l’extase, le bonheur, le paradis, le Nirvana !
Le chiffon n’était plus là où il aurait du être.
Ce que Duron découvrit alors ne peut figurer dans ce message. Mais sachez qu'il ne s'en remettra sans doute jamais tellement la beauté d'Aerielle vint le frapper en plein coeur.