Séisme

[PureAngel]

~* Ça avait fini par arriver.

Lalaith ne lui avait pas répondu. Elle n'était donc bien que l'objet pernicieux issu de l'imagination machiavélique des démons de l'Enfer. Et après tout, la naine n'en attendait pas moi. Au moins, elle aurait essayé.

Ce qui avait suivi, en revanche, ne relevait plus de la simple illusion tortionnaire. Le vacarme qui s'était accentué, la deuxième vague de secousses, et les chutes de pierres étaient bel et bien de ce monde. Les cris de souffrance des aventuriers écrasés sous les rochers, les lentes agonies de ceux qui, embrochés par leurs compagnons dans la panique, se demandaient s'ils auraient encore la force de vouloir survivre.

L'Enfer.

Non, décidément, la naine n'y était pas arrivée pour purger quelques méfaits. Elle n'avait même pas eu besoin de s'y rendre...

C'est l'Enfer lui-même qui avait fait le voyage jusqu'à elle, écrasant sous son passage tous ceux qui osaient encore avoir l'espoir de s'en sortir.

Et les tremblements qui s'intensifiaient encore, la poussière qui se soulevait à n'en plus finir, obstruant toute vue, La naine perdit l'équilibre.

Lorsque son homoplate heurta la pierre dure, elle n'aurait su dire si elle avait percuté le sol ou un mur, ou même si le plafond lui était tombé dessus. Les secousses étaient inimaginables. Si ça n'avait été impossible, elle aurait bien cru qu'elle était en train de traverser l'étage de part en part. Heurtant un pilier par-ci, par là le cadavre encore secoué de soubresauts d'un aventurier encore plus malchanceux qu'elle. Elle était sur le point de perdre la raison --à nouveau-- lorsque le calme s'installa.

Le silence.

Pas le silence que l'on se force à garder, en étant persuadé d'y parvenir. Non, ce silence-là était bien plus pesant, c'était le silence de mort qui accompagne les pires des défaites, les plus terribles craintes, et l'abandon.

La naine n'y voyait toujours rien alentours. Elle aurait pu toucher l'air et se coincer les doigts dedans. Et tout cas, ses bronches étaient prisonnières des particules de poussière qui s'accumulaient à chaque inspiration. Elle se plaqua un bandeau devant la bouche, tâta aux alentours à la recherche d'un signe de vie puis, n'ayant rien trouvé, ni compagnons potentiels ni ennemis, elle s'assit au sol en attendant que les poussières retombent. *~