Tourmentes

Réservé aux puristes...
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Morgenese
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Message par Morgenese » 10 juin 2005 14:48

Evasion

Lorsque la brume qui obscursissait sa conscience s'évanouit, Gaebril constata qu'il gisait toujours sur le sol de sa cellule. Le moindre de ses muscles le faisait encore souffrir et il se demanda combien de temps il était resté inconscient. Il se redressa tant bien que mal et le rapide coup d'oeil qu'il jeta alentour lui permit de surprendre Terealz assis sur sa paillasse.

" - Bien dormi ? lui demanda-t-il d'un ton moqueur.
- Mais qu'est-ce que vous foutez encore là, vous ? Vous ne pouvez pas me laisser crever en paix ?
- Oh ! mais il est tout grognon après une nuit agitée, lui rétorqua-t-il en lui pinçant la joue. "

Gaebril fut submergé par une colère noire, si bien qu'il se rua sur Terealz. Il se souvint trop tard de sa main cassée et de son corps meurtri : une vague de douleur vint immédiatement stopper son élan. Aussitôt, des milliers d'étoiles troublèrent sa vision et il dut lutter pour garder sa lucidité. Il était si facile de perdre son sang froid quand cet individu était présent...

" - Tu essaies de me frapper, alors que je suis ta seule chance de survie ? Quel ingrat ! continua-t-il en feignant d'être véxé.
- Pourquoi vouloir me sauver ? Je ne suis plus que le dernier des criminels et un traître à ma patrie.
- C'est justement cela qui me plaît chez toi... J'ai placé de nombreux espoirs en toi, ainsi que le démon nommé Vent Noir qui t'habite . Il va devenir puissant au contact de ta colère...
- Jamais je ne cederai devant toi ou un quelconque démon ! hurla-t-il.
- C'est pourtant déjà fait, souviens toi du meurtre de ton père. Crois-tu qu'un coeur pur comme le tien aurait pu commettre une telle boucherie ? "

Gaebril restait pétrifié par les propos tenus par Terealz. Ainsi, il était possédé et il comprit aussitôt que la suite de sa vie allait être une éternelle lutte pour garder le contrôle de ses actes. La colère, la vengeance, la peur dont se nourrissait le Vent Noir seraient maintenant ses ennemies et il se promit que l'assassinat de son père serait le premier et le dernier crime du Vent Noir, sa nouvelle face cachée.

" - Crois-tu que je ne devine pas ce que tu penses ? Tu crois pouvoir lui résister ? Mais je sens déjà le trouble monter en toi...
- De toute façon, je serai bientôt executé, lança-t-il en se rappelant soudain presque avec soulagement le sort qui lui était réservé.
- Pas si je t'aide à t'enfuir, répondit-il en dessinant une figure géométrique de la pointe du pouce. Tu dois maintenant choisir entre la mort et le Vent Noir. "

La surface d'air que Terealz avait balayée prit tout à coup consistance, et sa teinte minérale jura avec l'obscurité des cachots. Une porte se dressait maintenant au milieu de la cellule et s'ouvrait sur une sorte de passage dont l'intérieur était tellement flou qu'on ne distinguait pas bien l'arrivée. Gaebril avait l'impression que ce couloir était entièrement liquide, et il crut même un instant discerner une jeune femme nue nager au milieu et l'appeler. En franchissant la porte invoquée par Terealz, il avait fait son choix.
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Message par Morgenese » 18 juin 2005 15:33

Au delà de la porte magique

La sensation prédominante fut l'accélération. Alors qu'il faisait son premier pas à l'intérieur du passage, il sentit chaque molécule de son corps se dissocier pour se précipiter dans le flux magique du tunnel. Ainsi décomposé, il parvint quasiment instantanément à l'autre bout. Son arrivée fut plus mouvementée puisqu'il chut maladroitement dans le monde réel, surpris par le brusque retour à la normale de son être physique. A genoux, il eut du mal à reprendre son souffle, son coeur battait la chamade, il était en nage et nauséeux à la fois. En se relevant, sa vision se troubla, il chancela quelques instants et finit par vider son estomac sur ses chausses. Il payait là sa méconnaissance et son inexpérience des phénomènes magiques, c'était en effet la première fois qu'il avait l'occasion d'utiliser ce moyen de transport...

Gaebril dut néanmoins se ressaisir au plus vite. Il était maintenant un fugitif et ne désirait pas remettre les pieds au fond de son cachot. La porte invoquée par Terealz l'avait mené dans l'enceinte extérieure du château, non loin des écuries, au coeur d'une nuit noire. Un rapide coup d'oeil alentour lui avait permis de discerner une patrouille nocturne de la garde d'Okhrim. Leurs torches les annonçaient de loin et laissaient entrevoir un uniforme bleu sombre qui surprit Gaebril. Ils avaient en effet abandonné la couleur rouge écarlate de la maison de son père et de son oncle. Cependant, Gaebril ne voulait pas les attendre pour discuter de leurs nouveaux goûts vestimentaires. Il se fondit dans l'obscurité pour passer inaperçu et gagna les écuries dans l'espoir de voler un cheval pour prendre la fuite.

Les chevaux restèrent relativement calmes à son entrée inopinée. Là encore, il fut surpris de ne point trouver les étalons qu'il montait habituellement dans leurs enclos respectifs et il se demanda, à voir tant de changements, si son séjour en prison n'avait pas été plus long qu'il ne l'avait imaginé. Désorienté, il réussit finalement à choisir sa monture. Mais en l'équipant pour le voyage, une main ferme vint saisir son épaule.
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Message par Morgenese » 02 juil. 2005 15:41

Résurrection

Gaebril se retourna lentement vers celui qui l'avait surpris. Lorsqu'il découvrit son visage, ses jambes cessèrent de le porter. C'était bel et bien son père qui se tenait en face de lui et s'il reconnût son fils à cet instant, il n'en laissa rien paraître. Chose étonnante, Alaric était vétu d'habits de palfrenier grossiers, qui ne convenaient pas à la noblesse de son rang. La main calleuse qu'il avait posé sur l'épaule de Gaebril était ferme et sa poigne témoignait du travail manuel de toute une vie. Le souvenir funeste imprimé par Térealz vint s'opposer à cette réalité, ce qui mit Gaebril dans l'impossibilité de prononcer un mot ni même d'esquisser un geste. Il se contentait de contempler bouche bée son père revenu à la vie, mais qui avait pourtant une toute autre allure, celle de quelqu'un du commun.

"- Qu'est-ce que tu fais dans mes écuries à une heure pareille, petit voyou ? , questionna Alaric en remarquant les guenilles que Gaebril n'avait plus quittées depuis son incarcération, essaies-tu de voler quelque chose ? "

Gaebril recouvra finalement ses esprits pour arriver à la conclusion que l'homme qu'il croyait être son père ne le connaissait apparemment pas. Boulversé, il ne manqua néanmoins pas d'astuce en feignant d'être une pauvre âme devant l'homme qui, à défaut d'être son père, était sûrement le maître des écuries de ce château :

"- Pardon, mon bon seigneur, je ne cherchais qu'un peu de chaleur pour passer la nuit" répondit Gaebril en toute humilité.

Alaric le toisa un instant, comme pour s'assurer de la véracité de ses propos, puis proposa :

"- Eh bien dans ce cas, je dois avoir un box vide où tu peux passer la nuit, sauf si dormir dans le foin ne te convient pas... Et puis je pense pouvoir te réserver une petite part de mon déjeuner demain."

Les deux hommes conclurent leur accord et Alaric l'aida à s'installer. Plus tard, allongé sur la paille de son lit de fortune, Gaebril songea à sa situation. C'était bien son père qu'il avait rencontré, il en était sûr, même si celui-ci était changé et qu'il ne l'avait pas reconnu, le même père qu'il était certain d'avoir assassiné. Que s'était-il donc passé dans le passage magique de Terealz ?
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Message par Morgenese » 09 juil. 2005 21:05

Une deuxième chance


Le spectre noir s'avançait lentement vers lui. Jamais de sa vie il n'avait contempler un être aussi malsain. Son corps n'était que brume, une brume noire qui semblait prendre l'aspect d'un être humain au fur et à mesure qu'il s'approchait d'un Gaebril tétanisé.
"Tu n'es qu'un faible, tu ne sauras me résister bien longtemps...", cette lithanie résonnait sans cesse dans sa tête, le mettant au supplice. Le Vent Noir tendit une main née des ténèbres de son corps vers le visage de Gaebril, décomposé par la peur.

Le fugitif se reveilla en sursaut et en nage. Les premières lueurs de l'aube venaient éclairer le box où il avait passé la nuit et cette vision le rassura et le détendit quelque peu. Alors qu'il émergeait peu à peu de l'état d'hébétude qui avait suivi son réveil brutal, les voix se firent plus discrètes et finirent même par abandonner les tréfonds de son âme. C'est alors qu'il entendit discuter non loin de son abri de fortune :

"- Voulez-vous sortir Malta de son enclos et la sceller, je vous prie. Le jour commence à poindre et j'ai hâte de chevaucher à l'air frais sans personne pour me casser les pieds.
- Si tel est votre bon plaisir, ma Dame."

Cette voix féminine... Il la connaissait... Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il comprit. Il se précipita alors hors de son box, et se retrouva face à un homme au nez cassé, qui présumait d'un passé de bagarreur, et surtout face à Alicia. C'était la même que dans ses souvenirs, sa longue chevelure dorée, ses magnifiques yeux bleus et ses traits délicats, il retrouvait la femme qu'il aimait. Elle avait néanmoins dans ses gestes et sa façon de parler la distinction des femmes de haut rang qu'il ne lui connaissait pas. Elle portait une tenue de cheval de qualité qui soulignait ses formes et témoignait de l'importance de sa condition. Son père d'abord, Alicia ensuite, plus rien ne tournait rond depuis qu'il avait franchi le passage magique.

"- Mais qu'est-ce que c'est que ce rustre, demanda Alicia en regardant Gaebril avec une mine à la fois dégoûtée et fascinée, est-ce une tenue pour se présenter devant moi ? "

Gaebril se rendit alors compte qu'il était torse-nu, couvert de paille et de sueur. Il portait seulement un pantalon troué, tenue qu'il avait adopté pour la nuit. Alicia le dévisageait d'un regard mi-furieux, mi-amusé, détaillant chaque partie de son anatomie.

" -Voulez-vous que je m'occupe de lui ? proposa la brute qui l'accompagnait.
- Allez-y. Je ne voudrais pas qu'il perturbe ma séance de galop. Mais à main nue, il n'est pas armé et nous sommes des gens civilisés " répondit-elle en souriant à Gaebril.

Le balourd s'avança avec détermination. Si la discipline de prédilection de Gaebril était l'escrime, il n'en avait pas moins reçu une solide formation au combat aux poings. Croyant faire face à un paysan sans défense, Nez Cassé déchanta vite et fut au tapis en deux temps trois mouvements. Alicia, apeurée, tenta de fuir, mais Gaebril la rattrapa bien vite et la plaqua contre un mur. D'abord saccadée, la respiration d'Alicia devint peu à peu plus calme, si bien que sa poitrine se soulevait à un rythme régulier contre le corps de Gaebril quelques secondes plus tard. Ils se regardaient droit dans les yeux quand Gaebril rompit le silence :

"- Vous auriez pu appeler à l'aide quand vous vouliez... Pourquoi ne pas l'avoir fait ? demanda-t-il.
- Parce que j'ai l'impression de vous connaître... Et votre façon de combattre n'a rien de celle d'un paysan. Qui êtes vous donc ?
- Je me nomme Gaebril" répondit-il en déserrant son emprise sur elle.

Il comprit aussitôt son erreur. Libre de ses mouvements, Alicia en profita pour lui décocher un magistral coup de pied entre les deux jambes. Il tomba à genoux, les larmes aux yeux et elle put partir librement, non sans un dernier mot pour Gaebril :

"- Ce soir, mon père donne une fête au château. J'espère vous y rencontrer, vous pourrez alors me conter votre histoire."
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Message par Morgenese » 31 juil. 2005 21:43

Préparatifs

Alaric pénétra peu de temps après la sortie d'Alicia, l'air épouvanté. Il se précipita au devant d'un Gaebril à genoux, qui tentait désespérement de reprendre son souffle. Son regard inquiet, d'abord attiré par la masse inerte du garde du corps, revint se poser sur Gaebril.

"- Mais que s'est-il passé ici ? Je vous faisais confiance. Je viens de croiser la princesse Alicia. Elle était furieuse que sa promenade à cheval soit perturbée...

- Princesse ? Et bien elle a un sacré coup de pied votre princesse, répondit Gaebril en se tenant encore l'entre jambe. Et des manières de petite fille gâtée.

- Mais qui êtes vous pour parler ainsi d'elle ? Vous n'êtes qu'un vagabond...

- Un vagabond qu'elle a convié aux festivités de ce soir" lui lança-t-il avec un petit sourir satisfait.

Alaric en resta médusé. Il ne comprenait pas tout dans les agissements de sa princesse, mais ce n'était pas la première fois qu'elle agissait avec autant de désinvolture. Elle voulait le voir présent à la fête, soit. Mais il n'allait pas le laisser se présenter dans une tenue de paysan. Ainsi, ils passèrent presque le reste de la journée dans les appartements d'Alaric à chercher une tenue convenable.

Gaebril savait à présent que, par un moyen ou un autre, le portail de Terealz l'avait conduit dans une autre réalité. Une autre réalité, où son père défunt était maître d'écurie, où sa femme assassinée était une princesse et où lui même n'avait pas encore sa place. Vétû de ses nouveaux atours, il se contemplait dans un miroir d'un air réjoui. Il était maintenant prêt à affronter sa nouvelle vie.
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Message par Morgenese » 13 août 2005 18:20

Mondanités

Alors que la porte s'ouvrait sur la salle de réception, Gaebril resta perplexe. Cette salle, il l'avait mainte et mainte fois fréquentée dans son ancienne vie et il pensait la connaître par coeur. Toutes ses certitudes s'envolèrent lorsque ses yeux se posèrent sur les décorations subtiles qui ornaient chaque mur de pierre, sur cette magnifique table dressée devant lui et sur le gigantesque lustre central, qui illuminait sans problème la totalité de la pièce. Dans son monde, on se contentait de festoyer à la lumière de quelques torches et on ne savait que faire de quelques décorations tant qu'on pouvait baffrer jusque la fin de la nuit...

Les nobles conviés à la soirée s'étaient regroupés par petits comités. A la droite de Gaebril, un groupe de bruyantes damoiselles entourait un jeune homme pimpant dont les traits fins n'avaient d'égal que l'éclat de sa toilette. Tout ce petit monde riait aux éclats d'une pique lancée par le Dom Juan en herbe aux dépends d'une de ses favorites, dont les joues avaient rapidement viré au cramoisi. Un peu plus loin, des femmes et des hommes faits discutaient de choses sûrement moins futiles en agitant leurs coupes pour mieux souligner leurs propos. Cà et là, on admirait les tapisseries, montrant du doigt quelque détail de la scène représentée, on sirotait un verre de vin ou on goûtait ces succulents gâteaux qu'un domestique s'évertuait à proposer à chaque invité. Au milieu du gratin de ce monde, Gaebril semblait un peu perdu.

Un page vint annoncer l'arrivée du roi à haute et intelligible voix. Toute l'assistance se tut et se tourna vers l'entrée principale de la salle.
"- Monseigneur Ymbre, duc d'Okhrim et suzerain de Drakkan.
Sa femme, la reine Barbara. Sa fille, la princesse Alicia" clama le page. Si Gaebril trouvait déjà les vêtements des invités somptueux, il n'aurait su trouver un adjectif pour décrire ceux de le famille royale. La robe que portait Alicia retint particulièrement son attention. D'un noir sombre, elle venait souligner la blondeur de ses cheveux. La soie dont elle était faite brillait de mille éclats à la lumière du grand lustre et s'ajustait parfaitement à ses formes généreuses. Elle vit Gaebril planté au milieu des invités, et ses magnifiques yeux bleus ne le quittèrent plus. Tandis que ses parents se mêlaient aux différentes conversations, Alicia avança vers Gaebril et lui prit le bras.

"- Vous vous êtes remis ? demanda-t-elle alors que ses yeux descendaient vers son entre jambe avec une expression d'amusement.
- Ca va très bien, je vous remercie, ma dame, répondit-il en serrant le bras qu'elle lui avait offert un peu plus fort.
- A la bonne heure ", conclut-elle en feignant de ne rien sentir de son étreinte.

Elle l'entraîna alors dans une série de présentations interminables avec les divers notables de Drakkan. Gaebril en connaissait certains qui occupaient les mêmes fonctions dans son monde, mais ne pouvait se contenir de sourire lorsqu'il reconnaissait un noble, qui était garçon de ferme ou laquet dans sa réalité. Il fut conscient des différents regards qu'on lui portait, envieux, furieux ou étonné. Il était la cible de toutes les attentions, un parfait inconnu qui s'affichait au bras de la princesse elle-même. C'était même du désir qu'il lut dans les yeux d'une jeune femme, membre de la petite cour qu'il avait observé auparavant.

On annonça alors le début du dîner. Ne sachant pas vraiment où se placer à table, Gaebril se laissa entrainer par la princesse. Elle l'invita, au vu de tous, à partager la table du roi, à ses côtés.
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Message par Morgenese » 23 août 2005 16:12

La colère d'Ymbre

Les plats se succédèrent, plus succulents les uns que les autres. Cela faisait des lustres que Gaebril n'avait plus mangé si copieusement, et son estomac grondait avec reconnaissance. Le vin et la bonne chaire aidant, Gaebril se sentait flotter comme dans un rêve, contemplant avec ravissement la femme qu'il aimait. Tous deux se rendaient sourires sur sourires, échangeaient des paroles futiles concernant la pluie et le beau temps et éclataient de rire en pensant aux bêtises qu'ils venaient de se raconter.

Cet état second de béatitude les empechèrent de prendre conscience du regard d'Ymbre posé sur eux. N'importe quel convive sobre aurait pu lire dans ce regard l'agacement, la colère et la haine qu'il éprouvait pour le nouvel ami de sa fille. Ce jeune coq allait-il la lui enlever, ruinant définitivement les espoirs de mariage qu'il avait pour elle ? Certainement pas, il ferait tout pour l'éloigner, pensait-il alors qu'il serrait sa coupe de vin suffisament fort pour faire blanchir ses articulations.

A la fin du repas, Gaebril et Alicia pensèrent s'esquiver sans attirer l'attention des convives, déjà bien altérée par l'abus de vin.

"- Je crois que tu as une histoire à me raconter" , lui dit-elle en l'entrainant à travers le château.

Ymbre fit alors un petit signe au chef de sa garde, qui quitta lui aussi discrètement la salle.
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Message par Morgenese » 31 août 2005 18:35

Pris au piège

Ils ne mirent pas longtemps pour atteindre les appartements d'Alicia. Elle s'était évertuée à être la plus discrète possible, passant par des chemins connus d'elle seule et espérant ainsi semer les éventuels curieux. C'est donc par une porte dérobée que Gaebril pénétra chez sa bien aimée.

"- Ce petit détour par les passages secrets va sûrement nous laisser notre liberté quelque temps, dit-elle d'un air satisfait. Ce n'est pas que les fêtes de mon père m'ennuient, mais vous avez certainement des choses beaucoup plus intéressantes à me raconter... Comment se fait-il qu'un paysan, sans toit de surcroit, puisse étaler l'un de mes meilleurs gardes du corps rien qu'avec ses poings ?"

En posant cette question, elle s'était installée sur son lit et avait invité Gaebril à s'assoir auprès d'elle. Embarassé d'une part par la question, et d'autre part par l'invitation d'Alicia, Gaebril resta planté là à bredouiller :

"- Je .... enfin je ne sais pas, quoi .... c'est naturel " répondit-il en rougissant.

Alicia le scruta un instant. Du regard, elle l'invita à nouveau à la rejoindre, ce qu'il fit cette fois-ci sans se faire prier.

"- Vous mentez très mal, vous bégaillez et vous rougissez...dites moi la vérité" rétorqua-t-elle avec aplomb.

Une nouvelle fois décontenancé, Gaebril la regarda fixement, comme pour juger si Alicia pouvait accepter la vérité brute. Il décida finalement que oui et déballa tout, son passé de noble, son initiation à l'art du combat, son mariage refusé, son amour pour elle mais dans un autre monde, sa fin tragique et même le Vent Noir. Au début, Alicia buvait ses paroles, les yeux pétillant d'intérêt. Mais au fur et à mesure de l'avancée du récit, elle se troubla, visiblement émue par toute cette aventure. Lorsqu'il eût fini, elle était en larmes.

"- Mon dieu, comment est-ce possible ? " sanglota-t-elle. Elle caressa le visage de Gaebril et se serra contre lui. Il l'accueillit dans ses bras, soulagé du poids qu'il portait seul depuis trop longtemps. Alicia passa le bras autour de son cou et l'embrassa tendrement, un baiser salé au parfum de larme. Ils se caressaient et se dévétissaient lentement quand la garde d' Ymbre enfonça la porte des appartements d'Alicia.

"- Emparer vous de lui ! Il a tenté d'abuser de la princesse ! cria le chef de la garde. Les pleurs d'Alicia, sa poitrine dénudée, tout étayait cette thèse si bien que personne ne doutait de la culpabilité de Gaebril. Il fut emmené prestement et violement, sous les yeux d'Alicia, qui ne réagit même pas, encore sous le choc de cette intervention musclée chez elle.

Elle retrouva ses esprits alors que Gaebril était parti et s'adressa au garde :
"- C'est un malentendu. Il ne m'a pas violée ! rugit-elle.
- C'est ça... Vous expliquerez cela à votre père. Il vous veux présente à sa table. "
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Message par Morgenese » 09 sept. 2005 18:09

Retour de flammes

Le chef de la garde, tenant fermement Alicia par le bras, l'escorta jusqu'à la tablée royale. On avait depuis longtemps fini de dîner, mais chacun restait là à parler avec ses voisins, à siroter un dernier verre de liqueur, à apprécier le spectacle de ménestrels ou à danser au son des flûtes et mandolines. Ymbre accueillit sa fille avec un large sourire :

"- Ah Alicia, te voilà enfin. Ce Gaebril, quel odieux personnage ! Se jeter sur toi comme un monstre ! Ne t'en fais pas... Il recevra le châtiment qu'il mérite, dit-il d'un ton faussement outré.
- Il ne m'a rien fait, père, et vous le savez très bien. Encore une fois vous m'empêchez de vivre ma vie. Je vous hais ! lui jeta-t-elle au visage.
- Cesse de réagir comme une petite sotte ! Je fais cela pour ton bien et celui de notre famille, conclut-il en se tournant vers le spectacle. "

Alicia était déchirée entre le respect des convenances qu'on lui avait inculqué dès son plus jeune âge et son irrésistible envie de tous les envoyer se faire voir, tous nobles qu'ils étaient. Malheureusement, comme toujours, elle ne trouva pas le courage de rajouter quoi que ce soit et s'avoua à nouveau vaincue. La tête dans ses mains, elle observait avec tristesse ces gens qui avaient l'air de s'amuser joyeusement, ces mêmes gens qui étaient responsables de sa vie minable, enchaînée qu'elle était aux ambitions de son père et de la cour.

Alors qu'elle se lamentait encore sur son pauvre sort, elle vit la petite porte des domestiques s'ouvrir, chose étonnante, puique le service s'était achevé quelques heures auparavent. Les invités étant trop absorbés dans leurs activités festives, elle fut la seule à remarquer l'entrée de l'homme à la mante noire qui cachait la quasi totalité de ses traits. Il s'avança lentement vers Ymbre, sans que personne ne lui prête la moindre attention. On dansait autour de lui, on le bousculait sans même lui demander pardon, il continuait néanmoins sa lente marche vers le roi. Alicia suivait sa progression, un malaise croissant s'insinuant au plus profond d'elle-même. On se rendit seulement compte de sa présence au moment où, face à Ymbre, il releva la capuche de sa mante, qui laissa découvrir un visage fin, aux yeux rouges vifs. Pour Alicia, le temps sembla s'arrêter quand elle reconnut l'homme que Gaebril lui avait décrit.

"- Mon cher Ymbre, il me semble que vous accueillez dans votre château quelqu'un qui m'est cher. Il se nomme Gaebril et je voudrais m'entretenir avec lui, annonça Terealz.
- Je vois que vous ne connaissez pas le respect du à un roi... Et vous êtes l'ami d'un criminel par dessus le marché... Gardes, saisissez vous de lui ! rétorqua Ymbre."

La mante noire vola, laissant Terealz libre de ses mouvements. Dans sa main droite apparut une épée flamboyante dont les flammes punirent bientôt les premiers assaillants. Dans sa main gauche, une boule de feu jaillit, rotissant littéralement ceux qui s'étaient plût à danser quelques instants plus tôt. Alicia retrouva aussitôt ses esprits et se mit à courir. A courir pour sauver sa vie.
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Message par Morgenese » 22 sept. 2005 17:50

Retour dans le monde réel

Alicia fut rapidement devant la porte de sortie principale de la salle des fêtes. Lorsqu'elle voulut franchir le seuil, elle se sentit décoller, poussée par le souffle chaud d'une nouvelle boule de feu. Elle fut jetée violemment à l'extérieur, les extrémités de sa robe en feu, et reçut sur elle les débris de ce qui avait été naguère une jolie porte de bois sculpté.

Assomée par le choc, elle recouvra tant bien que mal ses esprits, et eut le temps de contempler le gigantesque brasier qu'était devenue la salle de réception. C'était une vision d'horreur qu'elle était sûre de ne jamais oublier. Les malheureux, qui n'avaient pas pu fuir aussi vite qu'elle, courraient maintenant à travers la pièce en hurlant. Les flammes les dévoraient inexorablement et ils finissaient tous par s'écrouler en gémissant. Une odeur de viande grillée flottait dans l'air, mais elle ne venait pas des cuisines cette fois.

Terealz, l'épée de feu à la main, finissait de combattre le peu de gardes qui n'avaient pas encore succombé lorsqu'elle vit son père à terre. Sa peau semblait bouillir et couler de son visage. Ses yeux vides regardaient vers la sortie, vers sa fille. Ce fut trop. Elle vida son estomac dans le couloir et prit ses jambes à son cou, en larmes.

Elle entama alors une course désespérée pour rejoindre Gaebril. Sur le chemin de la prison, elle entendit sonner l'appel aux armes et croisa de nombreux hommes qui se précipitaient dans la gueule du loup. Elle arriva finalement dans des cachots désertés, où il ne lui fut pas difficile de libérer Gaebril. Il l'accueillit aussitôt dans ses bras, lui demandant ce que signifiait ce tumulte.

Gaebril informé, ils tentèrent de fuir à travers les dédales du château. Mais au détour d'un couloir, ils se retrouvèrent face à face avec Terealz. Les jambes d'Alicia cessèrent de la porter et elle s'écroula lourdement au sol.

"- Bon ok... J'avoue tout ceci est ma faute... J'ai du mal m'y prendre quand j'ai invoqué le passage... J'ai vraiment eu du mal à te retrouver, Gaebril ! dit-il alors que son épée disparaissait. Tiens, et voila une de tes vieilles connaissance ! Alicia... la princesse ? la fermière ? j'avoue que je m'y perd avec tous ces mondes, ajouta-t-il en faisant un nouveau passage. Voila qui devrait te renvoyer là où tu dois être, dans ton monde.

-Je ne retournerai pas là bas. Ma place est ici, auprès d'Alicia, dit-il d'un ton résolu.

-Mouuuuaaarf ! Tu me feras toujours rire. Alicia ? Je l'ai déjà tuée dans ton monde, tu veux quand même pas que je la tue dans celui-ci ? Oh ! Mais regardez moi ce pauvre petit Gaebril, il est tout blanc ! Tu croyais que c'était ton père qui l'avait fait tuer, c'est ça ? Perdu ! s'exclama-t-il avant d'éclater de rire. Allez, traverse le passage si tu veux qu'elle vive."

Désemparé, Gaebril ne trouva pas d'autre solution que d'obtempérer. Il ne pouvait lutter seul contre ce mage, ni protéger la vie d'Alicia alors que tant déjà avait péri. Après qu'il eut franchi le passage, Terealz s'approcha d'Alicia, la releva et l'embrassa goulûment sur la bouche, qui resta hermétiquement close. Soudain, l'épée de feu réapparut et les yeux d'Alicia s'aggrandirent d'horreur et de douleur lorsque la lame transperça son ventre.
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Message par Morgenese » 13 oct. 2005 18:36

Fuite au nord

Gaebril supporta mieux le voyage dans le passage magique que la première fois. Il tremblait toutefois comme une feuille à son arrivée dans une petite ruelle de la ville d'Okhrim, totalement endormie. La lueur bleutée de l'aurore qui teintait l'atmosphère contribua à alourdir le poids qui pesait sur son coeur, à renforcer son vague à l'âme. Il s'assit contre le mur d'une maison et, renversant la tête, contempla un instant les étoiles qui laisseraient bientôt leur place à un ciel bleu azur.

Laisser Alicia seule aux mains de cet ignoble magicien l'avait boulversé. Il essayait de se persuader qu'il n'avait pas eu d'autres choix, qu'il avait fait ce qu'il fallait faire pour préserver la vie de son amie, mais sans résultat. Dieu seul savait ce que Terealz avait fait d'elle une fois le portail franchi. Il se remémorait cet instant où il l'avait abandonnée, sans même resister, sans même combattre, la laissant à son triste sort. Sa couardise le dégoûtait.

Alors que le soleil matinal, vaste boule de feu orangée, franchissait les cimes des collines alentour et dardait sur la ville ses premiers rayons de la journée, Gaebril fut tiré de ses reflexions par un marchand qui allait ouvrir boutique.

"-Eh bien l'ami, vous êtes bien matinal ! On a jamais fait la queue devant mon échoppe d'aussi bonne heure !" dit-il avec ce ton enjoué propre aux commerçants.

Se rappelant soudain qu'il était loin d'être en sécurité dans ces rues, il répondit par un vague grognement avant de prendre la fuite, sous le regard du commerçant troublé par son comportement. Il devait à tout prix éviter la garde de son oncle et fuir la ville, avant que le soleil ne s'élève davantage et que les rues se remplissent.

Les vêtements en loques, sans vivre, sans le sou, il décida de prendre la route du nord incognito, de suivre la Saquil jusque la ville de Zerkal. Il se mit alors en marche d'un pas résolu.
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Message par Morgenese » 23 oct. 2005 17:14

Marche ou crève

Bientôt deux heures qu'il marchait sur cette maudite route. Le soleil s'était doucement élevé dans le ciel, mais chauffait déjà l'atmosphère à l'extrême. Gaebril était en nage, et n'osait même pas imaginer ses conditions de voyage lorsque l'astre aurait atteint son zénith.

La route commerciale de Zerkal, bien que large, n'était pas dallée. L'absence prolongée de pluie l'avait rendue poussièreuse, poussière que Gaebril ne cessait d'avaler, qui le faisait tousser, et qui rendit rapidement son teint brunâtre de crasse. Il n'avait encore croisé que peu de monde, la voie traversant une campagne sans vie, et il en bénissait le ciel car le paysage dégagé n'offrait aucune cachette : qu'un convoi de marchand le reconnaisse et il était perdu. Ainsi, sous les rayons du soleil qui commençaient à cogner sur son crâne, il marchait, il marchait en priant pour son salut.

Midi. Le soleil à son plus haut. En observant la route au loin, il pouvait distinguer la chaleur qui se dégageait du sol, provoquant des turbulences qui l'empêchaient de distinguer nettement l'horizon. Malgré un mal de tête grandissant, Gaebril arrivait tant bien que mal à mettre un pied devant l'autre et à continuer à avancer. La nourriture ? Un gîte où faire étape ? Il n'osait pas y penser et se concentrait sur sa marche. Il fallait mettre le plus de lieues possible entre lui et Okhrim, entre lui et une mort certaine.

Plus tard dans l'après-midi, alors que son mal de tête était devenu épouvantable, et que sa vision commençait à lui jouer des tours, il aperçut une ferme, non loin de la route. Craignant avoir affaire à un mirage, il en prit toutefois la direction. Il acquit la certitude que l'habitation était bien réelle seulement lorsqu'il réussit à frapper à sa porte. Celle-ci s'ouvrit sur une femme mûre, qui vit Gaebril s'effondrer au sol.
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Message par Morgenese » 10 nov. 2005 17:40

Délirs fiévreux

Gaebril s'éveilla laborieusement, les battements de son coeur résonnant à l'intérieur du crâne. Cette douleur lancinante l'empêcha de quitter le lit dans lequel on l'avait placé, si bien qu'il resta allongé à contrecoeur et put contempler à loisir la décoration coquette de cette chambre d'ami dans laquelle il résidait maintenant.

La porte s'ouvrit enfin et un homme s'avança vers le malade. Gaebril resta glacé d'effroi, tétanisé. Alaric venait de pénétrer dans la pièce, essayant de maintenir sa tête pourrissante sur ses épaules du mieux qu'il pouvait.

"Tu m'as trahi, mon fils", réussit-il à dire malgré son état. Sans attendre de réponse, Alaric arracha sa tête verdâtre une fois pour toute et l'envoya à son fils. Celle-ci ne perdit pourtant pas sa loquacité, et enchaîna, entre les mains de Gaebril : " Ce ne sera jamais fini pour toi, jamais ! ".

Vint alors Alicia, à l'abdomen brûlé et béant. Le feu avait parfaitement cautérisé la plaie, si bien que sa robe n'était point tachée de sang.

"Tu m'as abandonnée, mon amour, vois ce à quoi je ressemble maintenant" dit-elle dans un soupir de profonde tristesse. " Pour moi, c'est maintenant fini, mais ce ne le sera jamais pour toi mon amour... "

Enfin, Terealz fit une entrée fracassante, enchaînant les pirouettes et autres cabrioles. Il finit par s'adresser à Gaebril : " eh oui, Vent Noir, tu les as bien entendus. Ta lutte n'auras jamais de fin... Tu finiras consummé, alors à quoi bon résister ? "
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Message par Morgenese » 10 févr. 2006 22:28

La fin d'un long calvaire

La petite Tessa contemplait son coffre à jouets d'un regard malheureux lorsqu'elle poussa un soupir à fendre l'âme. Une poupée dans une main et un gros nounours dans l'autre, elle essayait de choisir lequel l'amuserait le plus, mais elle finit par les balancer tous les deux avec ses autres jeux de gamines.

Quoiqu'en disent ses parents, elle savait qu'elle était une grande fille maintenant, du haut de ses dix ans. Et elle ne comprenait vraiment pas pourquoi on la cloîtrait à la maison avec sa mère pendant que son frère et sa soeur partaient avec leur père parcourir la campagne et faire des expéditions dont elle révait.

Sa mère avait eu beau lui expliquer qu'ils allaient travailler dur pour cultiver les champs et qu'elle avait de la chance de pouvoir rester à la maison à s'amuser, elle ne l'avait pas convaincue le moins du monde et maintenant, Tessa s'ennuyait à mourir.

La seule idée qui lui vint au bout de ses longues réfléxions fut d'aller piquer les affaires de sa grande soeur. Bien sûr, il faudrait pénétrer dans sa chambre, là où on avait installé le monsieur bizarre qui s'était écroulé sur le palier quelques jours auparavent. Mais après tout, pendant tout ce temps, il ne s'était jamais réveillé : ce ne serait sûrement pas aujourd'hui qu'il le ferait.

Ainsi, prête à tout pour sortir de sa mortitude, bravant les interdictions de ses parents de pénétrer dans la pièce, elle se glissa en silence à l'intérieur . Elle ne put alors s'empêcher de jeter un regard à l'homme étendu sur le lit. Elle allait poursuivre son pélérinage quand elle s'aperçut que les yeux de l'étranger étaient grands ouverts. Elle s'enfuit en criant un retentissant "Maaamaaaannnnn !".
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Message par Morgenese » 24 févr. 2006 19:35

" Vous voilà enfin réveillé ? " demanda-t-elle avec un sourire chaleureux, qui ne manqua pas de réchauffer le coeur de Gaebril. Elle avait réagi rapidement à l'appel de sa fille et Gaebril se demandait encore comment elle avait trouvé le temps de préparer le plateau repas qu'elle lui tendait. Tessa l'avait suivie et se cachait maintenant dans ses jupes, faisant de temps à autre un petit sourir espiègle.

En commençant à manger, il s'aperçut qu'il avait une faim de loup et que son corps avait bien besoin de ça pour se raffermir. Il lui fut difficile, entre deux bouchées, de prendre le temps de se présenter et de répondre aux nombreuses questions de son hôtesse. Elle aurait tout voulu savoir, mais la prudence lui dicta d'en dire le moins possible et de rester vague : pas question de risquer d'être découvert. Une fois son assiette vide, il annonça même son départ à la femme qui en resta bouche bée.

"- Mais vous ne pouvez pas partir si vite, vous tenez à peine sur vos jambes ! objecta-t-elle en se plantant devant l'encadrement de la porte.
- Je vous remercie de votre hospitalité, mais il me faut partir maintenant répondit-il en rassemblant ses affaires.
- Attendez au moins que mon mari rentre pour qu'il vous voie en bonne santé ! Il ne va plus tarder, c'est le moins que vous puissiez faire pour nous remercier..."

Il se plia finalement à sa volonté sans plus de lutte verbale, car il était encore épuisé malgré le repas qui lui tenait au ventre. Il allait le regretter amèrement.
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