A la recherche du Troll perdu...

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Orfirius Barzan
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A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 23 oct. 2012 00:02

Dans les égouts. Quelque part.

D'aucuns auraient pu dire que la situation était comique. D'autres auraient juré qu'elle était dramatique. Au fin fond des égouts, un homme courait pour sa survie, accompagné d'un nain, portant une armure qui le rapetissait encore plus. Dans la saleté infâme de cet antre plein d'ordures, d'immondices et de puanteur, un certain dénommé Orfirius Barzan courait pour sa vie, évitant ainsi les envies trop pressantes d'un vampire, prêt à embrasser sa cause et son cou.

Le gaillard était un célèbre inconnu. Débarquant de nulle part, il avait osé briguer le titre de meilleur barde; et l'avait obtenu après une lutte acharnée. Ce qu'il ne disait pas, c'est qu'il avait dû partager son titre avec une autre personne. Barzan n'était pas vantard mais gardait quand même assez de fierté pour affabuler. Grâce à ce concours qui réunissait les meilleurs bardes, ce faux-jeton de Barzan, troubadour par période, couard selon le temps, menteur à toute heure, avait eu l'immense privilège de gagner le droit de garder une bête aussi puissante que cruelle; un Troll.

L'homme avait eu le bon sens de lui donner un nom que d'aucuns auraient considéré comme un sobriquet. Il l'avait baptisé Nounours. Piètre patronyme pour une bête sanguinaire. Mais ainsi allait la vie, et le Troll et l'homme s'étaient bien entendus, poursuivant chacun leurs rêves. L'un désirait atteindre la puissance, la richesse et le pouvoir. L'autre ne souhaitait que festoyer, tuer et dormir. Tout allait bien dans le meilleur du monde avant le drame.

Ce drame infâme, qu'aucun nain, elfe ou humain ne souhaite à son prochain - du moins quand on l'apprécie - était tout simplement la mort. Barzan avait succombé aux assauts de vampires, d’araignées, d'élémentaires et de toutes autres bêtes à cornes, à poil ou à griffes. Le barde s'était retrouvé sans son compagnon de combat et s'était empressé de pleurer sans une larme l'abandon que lui procurait son compagnon. Barzan n'était pas un grand émotif mais la perte d'un si fidèle ami lui était toutefois insupportable. Il s'était mis alors en quête d'une réponse. Il avait quémandé l'aide d'un lutin, qui, de bonne grâce, lui avait rendu le sourire.

Un moyen existait bien. Lequel? Il ne savait pas. Eh oui les lutins, il ne faut pas trop leur en demander. Ils ont d'autres chats, kobolds ou basilics à fouetter. Barzan n'avait eu qu'une seule réponse qui valait la peine d'être entendue. Il avait eu des nouvelles de son ancien familier et s'était donc dirigé là où il se trouvait. L'espoir renaissait et le couple macabre du troubadour et du troupier sanguinaire pouvait peut être se reformer à nouveau.

Et le vampire dans tout cela ? Que faisait il dans cette galère ? Rien de spécial. Un simple curieux qui s'était mis en tête de dépecer Barzan et un de ses compagnons d'infortune nommé Deltherame, nain de son état, teigneux de sa caboche et simple de son esprit. Les deux compères avaient alors décidé d'une chose au sujet de ce spectateur nocturne croisé par hasard au détour d'un chemin; prendre les jambres à leurs cous. Et ainsi fut décidée de la stratégie à mettre en place. La tactique s'avéra payante, puisque les deux compagnons eurent même la bonne idée de lancer le vampire aux trousses d'autres malheureux. A défaut d'être puissant et courageux, il fallait bien être couard et rusé.

Les deux compagnons soufflèrent. Caine Deltherame pansait ses blessures, marques de l'amour que lui portait l'infant. Orfirius mit ses mains en porte-voix et commença à s'écrier:

- Nounours, Nounours, c'est moi ! Orfirius ! Viens donc me voir mon bel ami !

Et le barde, affublé de son chapeau et de ses guenilles, accompagné de son petit compagnon, à la gueuserie tout aussi égale, commença ses pérégrinations. Pour l'amour d'une elfe ou d'une humaine, beaucoup aurait bravé la mort. Pour Barzan, c'était pour l'amour d'un Troll.
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par L'Inconscience » 24 oct. 2012 21:13

Nounours était un peu perdu, quelques coups plus tard il avait vu le corps de son maître gisant à terre, puis vu la petite lumière de son âme s'envoler loin de lui

Il était si triste, qu'il en avait frappé de toutes ses forces sur l'infortuné compagnon de son maître....


NOUNOURS TRISTE... HIHIHIHI

Les trolls sont d'humeur joyeuse, en fait, c'est toujours étrange de voir une de ces grosses brutes vous frapper de toutes ses forces en rigolant, la situation étant la même quand ils se retrouvent de l'autre côté de la troll maul... pour autant que quelqu'un puisse la soulever

HAHAHA .. NOUNOURS ENTENDRE VOIX DE SON MAITRE... ORFIRIUS !!! NOUNOURS ICI... PRES DE BATIMENT BROUZOUFS, ICI TRES NOIR ET VOIR TERRE QUI BOUGE !!

Nounours entendait la voix de son maître, se retournant sans cesse mais ne pouvant le voir, il finit par se mettre une carotte dans chaque oreille mais rien n'y faisait.... de dépits il mangea les carottes
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 24 oct. 2012 23:28

Il n'y a pas à dire, les rats, c'est visqueux. Et ça pue.

Dans sa pérégrination quasi messianique, Barzan avait fait la rencontre d'un de ces rongeurs auxquels on prête beaucoup de maladies, et qui causent tout autant de frayeurs aux donzelles en détresse qu'aux gamins pleurnichards. En quête de son Nounours, comme il s'aimait l'entendre dire, le barde était tombé nez à nez avec un magnifique spécimen du genre. Le poil lisse et puant, la queue revêche et parsemée de morsures, probables souvenirs de rixes avec des congénères, et les dents longues et acérées, prêtes à dévorer tout ce qui était plus petit, plus faible ou moins affamé.

Orfirius n'était cependant pas un de ces hommes, qui savaient manier l'épée, la hache ou tout autre objet contondant, perforant ou tranchant. D'aucuns auraient susurré que Barzan était un inutile au monde; ces gens-là n'auraient sûrement pas eu tort de l'affirmer mais il fallait bien avouer que l'homme s'était tourné vers les arts magiques et avait donc délaissé les métiers aussi prometteurs que sanglants que sont les activités de spadassin, troupier ou mercenaire. Mais en bon esprit avisé, Barzan s'était entiché de deux compères qui savaient reconnaître un coutelas d'une dague, un marteau d'une masse, ou une lance d'une hallebarde. L'un des deux, le toujours aussi bien nommé Deltherame était d'ailleurs à ses côtés.

Orfirius psalmodia quelques incantations et son compère fondit alors sur la proie qu'était ce rat, certes géante mais à la petitesse apparente. Les coups fusèrent et la hache du nain, après quelques instants, s'abattit au niveau du crâne, qui fut fendu en deux. Un râle monstrueux s'échappa de la gueule de la bête, qui s'effondra. Gisante à ses pieds, Caine nettoya avec le pelage du rongeur, sa hache. Les deux compères, l'homme et le nain, se saluèrent sans un mot de leur bravoure et de leur exploit réciproques et se mirent de nouveau en marche.

Un cri se fit alors entendre. Orfirius s'arrêta, croyant reconnaître la voix de son ancien familier, qui semblait l'avoir entendu. L'homme esquissa un sourire, se félicitant de sa sagacité et sa dextérité à découvrir où était terré son ancien compagnon de route. Deltherame, plus inquiet, restait sur ses gardes, la main sur la cognée de la hache, prêt à en découdre avec qui de droit. Plus optimiste que son compère, Barzan redoubla d'effort, afin d'attirer l'attention du Troll.

J'arrive Nounours ! Nous sommes en chemin ! Moi être bientôt près de Bâtiment à Brouzoufs !

Cependant, les alentours ne semblaient pas enclins à ces retrouvailles amicales. D'autres rats, se trouvaient non loin des deux compères. Pire encore, une bête que Barzan semblait reconnaître était là. Un élémentaire de terre; ce même élémentaire de terre qui l'avait fait passer de vie à trépas, en lui broyant les os à coup de poings. Mais rien ne ressemblait à un bloc de pierre mobile qu'une autre sculpture rocailleuse mal dégrossie. Quoi qu'il en soit, toutes ces joyeusetés, animales ou élémentaires étaient en travers du chemin des deux compères. Ces derniers se regardèrent; avec Nounours, la difficulté aurait été moindre. Mais pour l'instant, il fallait malheureusement ne pas compter sur lui. Il n'y avait donc qu'une seule solution; il allait falloir dégrossir sec. Caine soupira. Ça allait être encore pour lui les morsures, les coups et autres baffes. En ce bas monde, il n'y avait pas de justice...
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par L'Inconscience » 26 oct. 2012 10:36

Errant comme une âme en peine, cherchant à localiser la voix de son maître, Nounous continuait son chemin dans les méandres de cet étage, il y faisait sombre mais un Troll voit clair
HOHOHOHO NOUNOURS CONTENT, NOUNOURS PAS BESOIN LUMIERE

MAIS AVOIR FAIM, TRES FAIM

Voyant un aventurier empetré sous une marée de créatures, Nounours se demanda s'il fallait participer pour avoir son bout de viande ou alors disperser les créatures pour manger l'aventurier après... les coups ca attendrit la viande, celui-ci avait l'air costaud....

Mais bon, comme disait sa maman, machouiller permet aussi de se passer de se laver les dents...
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 28 oct. 2012 01:40

Barzan trépignait d'impatience. Pas de Troll en vue. L'humain et son compère nain avait su se jouer de l'élémentaire de terre, via une ruse simple mais efficace. Courir dans le sens opposé de la bête. Alors que l'amas de terre s'était approché d'eux, les deux compagnons s'était dirigé vers l'endroit depuis lequel il venait. L'élémentaire, certes puissant, avait été trop lent à réagir et les deux aventuriers avaient pu s'en tirer sans dommages. Ils avaient alors continué leur chemin, vers la banque, qu'Orfirius connaissait. C'était un établissement, non loin d'un magasin, d'un passage secret et d'un escalier, qui permettait de quitter les égouts pour un étage inconnu. C'était dans cette zone là, que monstres et bêtes s'étaient donnés la main, ou plutôt la patte, pour lui ôter l'once de vie qu'il avait pourtant su protéger des différents assaillants qui le harcelaient.

Cependant cette zone n'était pas des plus tranquilles. Infants vampires, rats, mygales et autres joyeusetés monstrueuses se tapissaient dans les coins et les recoins obscurs. Heureusement pour les deux compères, Orfirius était doté d'une vue respectable, qui lui avait permis au cours de ses années de pérégrinations à la surface, dans les différents royaumes, de ne pas finir à la potence ou la tête tranchée. Les deux aventuriers avaient donc su manoeuvrer habilement, attirant telle et telle créature à un endroit, puis telle et telle bête à un autre. Malheureusement, arrivés près de l'établissement bancaire, une surprise pétrifia sur place les deux acolytes. Nounours n'était pas là; ni près de la banque ni aux alentours.

Barzan ne comprenait plus rien. Vociférant en silence, ne comprenant pas où pouvait être son familier, le barde n'avait pas remarqué que les bêtes que Caine et lui avaient auparavant semé étaient revenus, poussés par la faim et le combat. Le nain commença à tapoter l'épaule du ménestrel, encore perdu dans ses préoccupations et ses rêveries de Troll.

- Pssttt. Orfirius...

- Quoi ?

- On a un problème Orfirius !

- Ah bon lequel ?

- J'dirai plutôt lesquels mon gars...

Barzan lâcha un juron. Les deux compères étaient encerclés par leurs compagnons d'antan; mygales, rats, infants, et autres monstruosités joyeuses avaient fait de nouveau leur apparition; et cette fois, ils souhaitaient certainement rester jusqu'au dessert. Le nain, voyant que les bêtes se rapprochaient de plus belle, entendant les mandibules d'une mygale claquer, sentant l'odeur puante et nauséabonde d'un rat affamé, fixa de nouveau son compère d'un oeil interrogatif.

- On fait quoi Barzan.

- Plus qu'une seule issue mon gars... On court !

Aussitôt dit, aussitôt prescrit. Les deux compères prirent leurs jambes à leur cou et détalèrent comme des lapins. Adieu veaux, vaches, cochons et autres belles créatures de la nuit ou du jour, affamées ou simplement gourmandes. Et étrangement, les deux compagnons s'en tirèrent sans une goutte de sang versée. Il devait y avoir un Dieu pour les couards et les scélérats. Mais pas pour les téméraires et les chercheurs de Troll...
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 31 oct. 2012 15:19

Les deux troubadours avaient continué leur balade qui n'était certes pas champêtre mais nauséabonde. Un vampire avait continué de poursuivre Caine et Orfirius mais les deux compères avaient pu le semer. Les deux hommes, l'un petit, l'autre non, s'était frayé un chemin dans le dédales, faisant parfois quelques haltes pour reprendre leur souffle. Deltherame soutenait qu'il fallait abandonner, que cette quête était inutile, Nounours avait sûrement pris la poudre d'escampette; au contraire Orfirius soutenais mordicus que le Troll était encore là et qu'il avait une obligation morale à le retrouver, l'aider et le protéger. Eh oui les crapules avaient parfois du coeur mais ce n'était pas le plus souvent pour leurs semblables.

Barzan s'impatientait mais demeurait plein d'espoir. Nounours avait répondu à ses questions, même si le Troll était très confus. Le barde s'était d'ailleurs juré que s'il retrouvait son compère et qu'il survivait à la rencontre il lui apprendrait deux choses: se repérer dans l'espace en lui faisant comprendre les bases de la science de la cartographie et lui apprendre à s'expliquer plus clairement en entraînant son esprit à se développer. Les Trolls n'étaient en effet pas connus pour leur intelligence. Toutefois Orfirius fondait beaucoup d'espoir sur cet apprentissage. Mais pour cela le ménestrel avait besoin de deux choses: trouver son compère et survivre à leur rencontre.

Et c'est là que Dame Fortune fit son entrée. Elle offrit à l'aède deux choses. D'une part, elle lança Orfirius sur la bonne piste en lui donnant l'intuition et surtout le chemin justes. D'autre part cette Déesse bien capricieuse qui faisait et défaisait les gloires lui permit de rencontre un groupe dans lequel se trouvait une elfe fort gracieuse et fort généreuse. En effet, la demoiselle avait répondu aux questions d'Orfirius, alors que Caine la fixait d'un oeil étrange et un peu inquiétant. L'elfe avait su faire abstraction du comportement étrange du nain, qui essayait cependant de se faire discret pour éviter tout problème, et lui avait donné des informations précieuses. Le Troll n'était pas loin.

Et en effet, le Troll n'était pas loin. Nounours se trouvait là, les yeux légèrement hagards, cherchant sûrement à manger ou à grignoter quelque chose, vivant ou mort, mobile ou immobile, végétal ou animal. Orfirius s'approcha et esquissa un sourire. Sa quête allait peut être prendre fin. Le barde se remémora tout le vocable Troll qu'il avait mémorisé et se lança.

- Nounours, moi être là. Moi avoir amené à manger pour toi mon petit Nounours

Le mage posa par terre quelques denrées alimentaires afin d'attirer son familier. On pouvait en effet amadouer les gens par la peur, l'argent, le pouvoir, la séduction, la crainte ou par bien d'autres moyens. Mais rien ne valait la faim. La faim avalait tout. Désirs comme peurs. Désormais pour Orfirius, l'objectif était de ne pas se transformer en désir ou en peur. Il était certes charmant mais pas au point d'être croqué.
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 04 nov. 2012 20:09

Il ne faut pas tergiverser la vie de Caine Deltherame, en tant que nain, était compliqué.

Les humains le détestait car il était un brin ronchon ou bagarreur parfois un peu avare, et de temps en temps on considérait que son caractère était parsemé d'un soupçon d'esprit revanchard. Les elfes ne l'appréciaient guère plus, car ils le trouvaient petit, laid, barbu et en plus il rotait. Dès qu'ils le voyaient, ils essayaient de l'empaler ou le transpercer d'une flèche. Les moins belliqueux le toléraient, en se pinçant le nez pour éviter toute crise d'hystérie. Ses compères nains n'étaient pas plus amicaux avec lui, considérant qu'il était d'une nature assez exécrable même pour les normes naines.

Mais Deltherame avait continué à être ce qu'il était avec un comportement égal, pestant, ronchonnant, puant comme à son habitude. La majorité des humains ne l'aimait pas et la plupart des elfes était du même avis. Les nains qu'il croisait se méfiaient de lui. Il avait presque fallu un miracle au nain pour se trouver deux compagnons qui acceptent de lui accorder une once de confiance. Mais, c'était chose faite, puisque Caine voyageait en compagnie de deux bougres répondants aux doux noms d'Orfirius et de Dargolak.

Toutefois, à cet instant précis, quelque part dans les égouts, la situation avait changé. Dargolak vagabondait quelque part, sans donner de ses nouvelles, vivant peut être sa vie de nain avec de nouveaux compagnons plus agréables à vivre. Orfirius avait retrouvé son familier, et essayait de l'amadouer pour que le Troll revienne avec lui, afin qu'ils reprennent la route. Sauf qu'il y avait un problème de taille. Nounours avait faim. Et Nounours n'était ni un Ka-go, ni un morbelin des plaines, ni un lièvre. Nounours ne mangeait pas d'herbe et n'avait pas un appétit de moineau.

Nounours voulait de la bonne viande saignante, crue et en grande quantité. Et Deltherame remplissait tous les critères de choix. Le nain fixait le Troll qui voulait faire du compère d'Orfirius son nouveau casse-croûte. Le barde avait bien proposé à son familier de croquer du vampire, mais le Troll avait un palais bien affirmé et n'avait que moyennement apprécié la chair glacée du mort-vivant. Nounours voulait déguster du nain. Il voulait un bon petit Deltherame roti. Mais Caine s'aimait encore un peu trop pour se donner pleinement au familier de son compère. Et ce dernier ne laissait d'ailleurs rien transparaître, ne disant rien sur ses intentions. Deltherame fixa alors le barde et murmura quelques mots pour essayer d'éclaircir la situation

- Orfirius... Pssttt... Orfirius... T'ne vas pas m'laisser avec c'monstre.

- Nounours n'est pas un monstre mon bon Deltherame.

- P't être mais veut m'croquer l'bougriaud.

- Un simple détail technique mon bon Deltherame

- Technique ?! J'suis pas un casse dalle moi !

La voix du nain s'était légèrement trop envolé, Nounours ayant entendu discerné les paroles du nain, ne les prenant cependant que pour des baragouinages incompréhensibles. Nounours avait d'ailleurs dévoré les quelques denrées que son maître lui avait donné et était resté assez patient, attendant les paroles réconfortantes d'Orfirius. Mais dans son esprit de Troll, il n'y avait qu'une seule solution, qu'un seul objectif à atteindre: croquer Deltherame. Il s'en léchait même les babines. Heureusement pour le nain, la chance sourit aux audacieux mais aussi aux fripouilles. Les deux compères et le Troll étaient près d'un portail démoniaque qui crachait sans cesse des monstres aux intentions plus ou moins belliqueuses et à la chair plus ou moins tendre.

Et le dernier émigré des antres de Malkiar était un superbe rat géant, tout frais, au pelage luisant et à la chair tendre. Et ce magnifique spécimen eut la malheureuse idée de s'en prendre à Orfirius, qui fut blessé légèrement à la main. Le barde eut alors l'idée de détourner l'attention et surtout l'appétit de son Troll en prenant le rat comme nouvelle proie potentielle. Aussitôt dit, aussitôt fait, Orfirius ordonna à son familier de s'attaquer au rat, qui n'eut guère le temps d'exprimer quelques comportements belliqueux, tant le Troll était un instrument de guerre, qui donnait la mort aussi rapidement qu'efficacement. Après l'avoir tué Nounours regarda son maître. Il lui expliqua qu'il adorait splatcher du rat. Le splatch de rat était la nouvelle passion du Troll et ce dernier voulait le faire en compagnie de son maître.

Mais il sentait que leur lien était différent. C'est pourquoi il demanda à Orfirius de résoudre le problème. Mais le barde n'avait pas encore la solution. Il avait bien une idée qu'il souhaitait mettre en pratique. Au pire, Barzan pouvait toujours troquer Nounours contre Deltherame. Ce n'était qu'un nain au fond. Cela se trouvait assez souvent à la différence des trolls. Orfirius fixa son compère et esquissa un sourire mystérieux. Caine surprit le sourire de son compagnon et eut soudain un léger doute sur la fidélité du ménestrel. S'il avait su, le pauvre nain aurait déjà décampé; et pourtant il faisait encore confiance, peut être à tort, au barde. Oui il fallait reconnaître que la vie de Deltherame était assez compliqué. Finir possiblement en goûter pour Troll apprivoisé n'était pas une situation aisée.
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 08 nov. 2012 09:20

Il était désormais temps pour le barde d'essayer de renouer le lien brisé. Un moyen existait. Orfirius se souvenait à présent des propos du lutin. Un sage pouvait peut-être savoir. Mais dans ces lieux infâmes où la vie était éphémère pour ne pas dire inexistante, trouver un sage relevait de la gageure. Le barde était bien conscient que ses pouvoirs étaient limités, qu’il n’était pas un sorcier assez talentueux pour éclipser la génération de mages qui l’avait précédée. Il avait seulement vécu de subsides, comprenant les quelques bases de la magie, apprenant par lui-même, fouinant dans les grimoires, en essayant de démêler charlatanisme et vrai savoir.

Comprendre et étudier étaient une chose. Appliquer et réussir en étaient une autre. Et c’était à cette partie de l’apprentissage qu’Orfirius allait s’attaquer. Peut-être que tout cela n’allait mener à rien. Peut-être même que la situation allait empirer. Barzan n’en savait rien ; Deltherame non plus. D’ailleurs le nain regardait d’un œil plus que circonspect les mouvements et les murmures de son compère. Quant à Nounours, fidèle à lui-même, il semblait regarder la scène qui se déroulait devant lui d’un œil assez naïf.

Barzan fixa son ancien familier, qui s’était échappé de sa tutelle après son décès. Il regrettait sa trop grande prise de risque et son manque d’expérience qui l’avaient mené à sa perte. A leur perte. Il fallait aussi penser à Nounours. Ce n’était peut-être qu’un Troll, qui semblait assez bête pour la plupart des gens, mais cela n’en demeurait pas un être vivant, qui n’était pas dépourvu de sentiments, d’appréhensions et d’espoir.

C’était d’ailleurs pour Nounours qu’Orfirius allait miser tout ce qu’il avait. Son savoir, sa puissance, sa vie même s’il le fallait. Le barde sortit de sa besace une dague, qui ressemblait plus à un couteau de cérémonie qu’à un coutelas de combat, puis quelques runes dont il avait besoin pour son rituel. L’homme demanda à son familier de s’asseoir et il déposa en carré quatre runes devant le Troll. Une rune de chaque élément. Terre, Air, Feu, Air.

Lorsque cela fut fait, Orfirius commença à expliquer simplement ce qu’il allait faire à son ancien familier. Il allait essayer de retrouver la connexion qu’il y avait entre les deux individus en insufflant de nouveau de la magie dans le corps du Troll. Et le vecteur entre les deux êtres allaient être le sang que chacun allait verser. Une sorte de nouveau pacte, béni par le sang du Troll et de l’humain. Orfirius essayait d’être le plus clair et le simple possible afin de la bête comprenne au mieux et n’aie pas peur.

Orfirius utiliser magie sur Nounours pour que Nounours et Orfirius à nouveau ensemble. Orfirius et Nounours se tenir les mains. Et Orfirius faire chose magique pour regagner confiance de Nounours. Nounours se détendre. Nounours penser qu’à une chose : penser à vouloir être avec Orfirius comme avant. Important que Nounours penser fort. Nounours avoir confiance dans Orfirius. Et toujours tenir main de Orfirius.

Le barde reprit sa respiration, essaya de se calmer, esquissa un sourire en direction du Troll, afin de lui montrer qu’il contrôlait la situation. Il s’assit alors comme son ami et entailla très légèrement la paume de ses mains, puis fit de même très lentement avec les deux pattes velues du Troll. L’homme attrapa les deux grosses pattes du Troll et engouffra ses mains dans celles de son compagnon. Orfirius prit une dernière inspiration et fixa son ami.

Nounours ne jamais oublier quelque chose. Quelque chose essentiel pour Orfirius. Orfirius toujours penser à Nounours. Orfirius ami de Nounours. Orfirius tout faire pour Nounours et Orfirius être ensemble. Maintenant Nounours fermer les yeux, Nounours se détendre et penser à amitié avec Orfirius. Penser aux bons souvenirs que Nounours avoir eu avec Orfirius.

Le ménestrel esquissa un nouveau sourire, ferma les yeux et se concentra sur son objectif. Son idée était d’une simplicité enfantine et d’une complexité peut être démesurée pour le barde. Il avait compris ou pensait avoir compris que l’important entre un familier et son invocateur était le lien psychique qui réunissait les deux protagonistes. Ce que voulait faire Orfirius était donc de raviver ce lien, en canalisant la puissance endormie des runes, pour lui permettre d’augmenter momentanément son pouvoir. En effet, le barde savait qu’il n’avait sûrement pas la puissance requise à lui tout seul. Ou du moins que cette puissance était seulement latente.
C’est pourquoi, il s’était servi de deux choses. Le sang et les runes. Les runes étaient le catalyseur et même l’amplificateur du pouvoir tandis que le sang permettait la connexion, entre les runes, le Troll et l’humain. C’était d’ailleurs pour cela, qu’Orfirius avait posé les runes entre Nounours et lui afin qu’elles réagissent au sang versé, qui devait être le déclencheur du processus qui ne pouvait marcher que parce Nounours était un Troll bien particulier.

En effet, Orfirius avait l’intime conviction qu’en tant que Troll, Nounours était une créature magique par essence. La magie coulait dans ses veines. Ce n’était peut-être la même forme que celle des runes mais la magie était bien présente. Par ailleurs, Nounours avait été octroyé de nombreux enchantements afin de le rendre le plus docile possible lors du Concours de Barde. De nombreux mages, plus puissants qu’Orfirius avaient donc dû imprégner le Troll de leur magie. Nounours était donc le réceptacle le plus efficace pour ce rituel à cet instant. La bête était faite pleinement de magie, même si elle n’en avait sûrement pas du tout conscience. Et c’est ce point qu’Orfirius voulait exploiter.

Le barde souhaitait rentrer dans l’esprit du Troll et raviver la mémoire de la bête par le biais des souvenirs que les deux compères avaient eu. Peut-être qu’ainsi, l’homme pouvait espérer réactiver les enchantements qui avaient été brisés lors du décès d’Orfirius. C’était le fol espoir d’un homme, qui espérait voir renaître une amitié presque brisée par le destin.

On disait qu’il était presque impossible de renouer le lien avec un familier lorsque ce lien était détruit par la mort de l’invocateur. On disait que peu d’hommes avaient réussi un tel exploit. On disait même que cette prouesse n’était qu’un mythe qui avait été bâti sur les rumeurs et les espoirs de sorciers et de mages qui avaient souhaité réussir en vain ce tour de passe-passe. Mais là pour Orfirius, il n’était pas question de passe-passe. Il mettait en jeu, tout ce qu’il avait, en essayant de déverser un flux magique bien particulier dans l’esprit du Troll. Barzan ne voulait sûrement pas rentrer dans la légende. Il voulait juste retrouver son Troll. Une modeste et folle requête. Tout simplement.
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 19 nov. 2012 12:29

La magie d'Orfirius n'avait malheureusement pas été assez puissante. Pour tout résultat, Orfirius avait apparaître un double de Nounours, qui semblait aussi puissant que lui. L'unique différence entre les deux Trolls était la peau sombre de la copie que le barde avait créé. Le Troll à la peau sombre s'était d'ailleurs jeté sur Nounours, qui avait répliqué, ne souhaitant pas se faire dévorer par une vulgaire copie. L'instinct de conservation avait primé et Nounours rendait coup pour coup. L'expérience de ce dernier semblait d'ailleurs joué en sa faveur, puisque Orfirius, désormais spectateur d'un combat entre deux forces de la nature, avait pu noter que le Troll sombre semblait plus pataud et moins habile que l'illustre et bestial original dont il était la copie.

Le ménestrel voyait devant ses yeux un combat sanguinaire, dans lequel Nounours prenait petit à petit l'avantage. Le sang coulait mais ce n'était pas celui de son familier. C'était le Troll sombre, qui semblait de plus en plus mal en point et qui ne pouvait s'empêcher de rire cependant. Son rire étrange, guttural, résonnait dans les dédales des égouts, tandis qu'il lançait ses dernières forces dans un combat enragé. Le dénouement de la bataille semblait inéluctable. Elle le fut. Nounours mordant, griffant, lacérant le pauvre Troll sombre, mettait un point d'honneur à rendre gorge à son ennemi. Dans un dernier râle hystérique et joyeux, le Troll sombre succomba à ses blessures.

En Troll consciencieux, Nounours commença à dévorer le corps de son compère pour se remettre de ses émotions. Pendant ce temps, Orfirius avait réfléchi à la question et aux raisons de son échec. Cette copie qui était apparue était certes une erreur mais lui avait permis de se rappeler de quelques évènements qu'il avait entendu ou vécu. Pour en être sûr, il avait écrit à la seule personne qu'il connaissait véritablement: Momo l'aubergiste. Ce dernier lui avait conseillé d'aller voir une personne qui, à première vue, ne méritait aucune confiance et ne payait pas de mine. Le tavernier avait proposé à Orfirius d'aller voir le sorcier morbelin qui avait pris ses quartiers dans le village pirate. Les sorciers semblaient connaître les secrets liés au familier et à la connexion psychique entre un maître et son familier. Le sorcier morbelin était donc peut être le seul moyen pour régler ce problème. Momo, en personne bienveillante, avait d'ailleurs conseillé au ménestrel de prendre avec lui une bonne bouteille de rhum. Sûrement pour amadouer le sorcier.

Après avoir remercié le tavernier, Orfirius commença à discuter avec Caine et Nounours, leur expliquant rapidement la situation. En train de terminer la dernière cuisse qui restait, Nounours acquiesça, tout comme Caine, qui semblait moins réticent à aller dans les étages inférieurs, depuis que Nounours semblait être moins enclin à le dévorer. Orfirius expliqua à ses deux compères qu'il fallait sortir des égouts, par n'importe quel moyen. Un escalier était d'ailleurs situé pas très loin de leur situation. Comme ils ne savaient pas où celui-ci allait les mener, Barzan avait proposé au nain d'y aller en éclaireur. Le guerrier avait commencé par râler, arguant que c'était toujours lui qui faisait la sale besogne. Après s'être épanché sur sa triste condition de nain, Deltherame avait pris les escaliers, espérant qu'il n'allait pas tomber sur une horde morbelins. Ou pire. Des Trolls affamés. Heureusement pour lui, en prenant ce passage, il était arrivé à l'extérieur. Humant un air frais qui lui manquait, il prévint ses deux compères, qui en peu de temps l'avaient rejoint.

Le Troll et les deux aventuriers prirent le temps de scruter les horizons et de profiter de la vue. Cela changeait des égouts. Nounours s'était d'ailleurs mis en quête d'un petit goûter. Sa faim semblait insatiable. Orfirius l'avait prévenu de ne pas dévorer d'autres aventurier et le Troll semblait respecter cette règle. Le ménestrel envoya alors son compère nain en reconnaissance dans une auberge afin d'acheter du rhum. Ce dernier s'acquitta avec beaucoup de soin de cette tâche. Lorsqu'il revint, Orfirius comprit qu'il s'était peut-être même un peu trop bien acquitté de la tâche. Le nain n'avait pu s'empêcher de céder aux sirènes de la gnôle. Mais Deltherame avait quand même pu glaner quelques informations. Non loin de là où ils se trouvaient, un escalier pouvait les mener directement à l'étage inférieur, celui-là même où avait été bâti le village morbelin. Les compères se mirent alors en route.
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 04 déc. 2012 11:56

Les trois compères n'étaient pas restés bien longtemps à l'air libre. Dès qu'ils avaient atteints l'escalier, le Troll, le guerrier et le barde s'étaient engouffrés dans les souterrains. Et étrangement, cette descente était la première. Certes, ils avaient exploré la partie des souterrains que les aventuriers nommaient les égouts. Mais nombre d'entre eux considéraient que cet antre n'était pas une partie du labyrinthe qui emprisonnait Malkiar au fonds des abysses. En somme, pour certains aventuriers tatillons, c’était la première arrivée dans les souterrains du démon rouge pour les aventuriers accompagnés du Troll.

Les trois compères cherchaient le village pirate et s’étaient donc dirigés vers la zone de non-droit où on disait que meurtriers et héros se réunissaient en un seul lieu pour pourfendre les engeances de Malkiar et pour égorger les plus faibles. Nounours marchait d’un bon pas, même si la magie d’Orfirius n’avait aucun effet, dans la zone dans laquelle il venait d’arriver. En effet, une magie inconnue du barde l’empêchait d’aider son familier. Et pourtant, sans cette aide, les trois compères arrivèrent rapidement dans la zone des égorgeurs, des tire-laines et des criminels.

Fort heureusement, les aventuriers, que Caine, Orfirius et Nounours croisaient, étaient assez sympathiques sans aucun désir de meurtre à leur égard. Un humain, portant une arbalète avait voulu occire Nounours mais Barzan lui avait envoyé une simple missive, pleine de tact et de douceur pour le rappeler à la raison. Les quelques mots inscrits dans la lettre cachetée, les voici :

Attaquez encore une fois mon familier et vous finirez déchiqueter. Ceci est mon unique avertissement.

Votre dévoué,

O. Barzan


Et étrangement, l’audacieux aventurier qui avait souhaité mettre à mort le Troll avait arrêté ses invectives assassines contre Nounours, qui ne s’était d’ailleurs pas préoccupé des quelques carreaux qui avaient écorché sa peau durcie par le combat et la rudesse de la vie.

Pour Nounours, cet endroit était d’ailleurs le paradis sur terre. Les rats et les morbelins foisonnaient et Nounours les croquaient à la pelle. De temps en temps, Orfirius avait demandé son Troll de ne pas dévorer la tête de certains morbelins, notamment ceux qui faisaient de la magie. En effet, le but d’Orfirius était de rencontrer le sorcier morbelin qui vivait au village pirate. Or si le rhum ne marchait pas, la peur peut être l’inciterait à aider le barde et son Troll.

Ce dernier avait même fait preuve d’une étrange compassion, se libérant de tout instinct bestial. Alors qu’un aventurier était à l’agonie, acculé face à une nuée de chauve-souris, qui s’acharnait sur son corps ensanglanté, Nounours était passé, sans un grognement, devant les belligérants. Pourtant la chair des aventuriers était un met que le Troll appréciait tout particulièrement. Seulement, il était tellement repu, que la faim ne le poussait à satisfaire ses instincts bestiaux.

Toutefois, lorsqu’un peu plus tard, un morbelin osa frapper Caine, le Troll devint fou de rage et commença à écorcher littéralement le pauvre morbelin, qui ne suivait que les ordres que Malkiar lui donnait. Seulement, il n’était pas au courant d’une chose. Caine n’était pas un aventurier comme les autres pour Nounours. C’était son en-cas. Et le Troll avait horreur qu’on essaie de lui voler son goûter. Oui Deltherame était son goûter ! Non mais oh !
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Re: A la recherche du Troll perdu...

Message par Orfirius Barzan » 16 mai 2013 22:26

Depuis qu’Orfirius et Nounours avaient retrouvés le même chemin – celui du maitre et du familier – tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Fidèle à ses origines barbares et cruelles, le Troll apprivoisé déchiquetait méticuleusement tous les ennemis auxquels le petit groupe d’Orfirius – composé de ses deux compères nains et du barde – était confronté. L’animal qui s’était familiarisé aux mœurs du groupe, apprenant peu à peu à mieux se comporter, refreinant tant bien que mal ses envies de croquer les deux nains, s’élevait peu à peu au rang d’un seigneur de guerre, se mouvant au cœur des batailles et des escarmouches avec une facilité et un plaisir déconcertants.

Orfirius avait arrêté déjà depuis quelques temps déjà de compter les victimes du Troll mais ne pouvait s’empêcher de regarder avec émerveillement les prouesses guerrières de cet animal, qui n’était plus tout à fait un simple familier mais bien un membre d’une compagnie hétéroclite aux idées et aux ambitions parfois divergentes. Barzan se plaisait à croire secrètement que cet animal, qu’il voyait désormais à la fois comme un ami et un allié, pouvait remplacer bien plus efficacement ses deux compagnons. A choisir, le ménestrel aurait choisi le Troll, à la fois fidèle, puissant et baignant dans cette innocence bestiale qui rendait les Trolls tantôt inoffensif tantôt meurtrier et avide de chair.

Les exploits de Nounours ne dépassaient certes pas le cadre de ses compagnons d’armes, mais Orfirius ne pouvait s’empêcher de conter et de se remémorer les exploits de son familier. Plus par passion de conter que par orgueil, le ménestrel embellissait les faits d’armes du Troll Gardien, rendant hommage à sa précédente fonction, celui de gardien du concours de barde. Lors de brefs passages dans les tavernes des souterrains, et lorsque l’assistance était à l’écoute, Orfirius mimait les exploits de son familier, qui fixait son maître, les yeux grands ouverts, comprenant à moitié qu’on parlait de lui.

Restant toujours humble, n’ayant pas vécu dans la masse grouillante des scrupules, des vices et des mensonges que généraient toutes civilisations établies, le troll gardait secrètement dans son cœur la joie que lui procurait la fierté qu’éprouvait son maître à son égard. Les veillées et les passages à l’auberge s’écoulaient et le Troll continuait à s’enfoncer plus âprement et plus durement dans des batailles plus sanglantes contre les engeances de Malkiar.

Au pays des pas perdus, Nounours n’eut aucun remords à écraser et déchiqueter des membres de sa race. Les trolls forestiers qui s’étaient mis sur la route du petit groupe avaient été balayés par les flèches de Dargolak, la hache de Caine, la magie d’Orfirius et les pattes velues et puissantes de Nounours.

Dans l’antre de l’araignée, après être tombé dans une chausse-trappe, le groupe perdit Caine, qui succomba aux coups d’araignées meurtrières. En dépit de cette perte, Nounours avait continué son œuvre macabre, écrasant tous les arachnides qui se dressaient face à son maître. Même la plus dangereuse de toutes, la légendaire veuve noire, qui veillait jalousement sur ses petits, qui les nourrissaient de la chair des aventuriers imprudents, des explorateurs trop curieux et des chasseurs de trésors trop surs de leur force et de leur adresse, avait succombé aux coups du Troll.

Le combat entre les deux monstres avait été sanglant, long et éprouvant. Chacun des protagonistes avaient rendu coup pour coup. La force et à la bestialité du Troll faisaient face à l’agilité et la célérité de la veuve noire. La brutalité et la malice s’étaient affrontés dans un combat à mort où l’enjeu du combat était simple et pourtant crucial ; vivre ou mourir.

Au final, Nounours, aidé par la magie de son maître, était sorti vainqueur de ce combat. Orfirius, Dargolak et le Troll avaient pu sortir, après quelques embûches, sain et sauf de l’antre des arachnides. L’horizon semblait clair, sans véritables problèmes. Cet optimisme était renforcé par les premiers combats au Masque de Mort contre les séides de la non-vie.
Squelettes, zombies, goules et autres momies, tous relevés par la magie démoniaque du Démon Rouge, déambulaient dans cet étage, qui contrastait très fortement avec l’étage précédent où il était aisé de se perdre, de se retrouver dans une impasse ou un cul-de-sac, voire de tourner à jamais sans trouver la moindre sortie.

Nounours, lors de sa première rencontre avec les séides de la non-vie, avaient même pu jouer avec d’autres aventuriers, qui, égrillards, faisaient face à la mort, en inventant des jeux et des activités, qui consistaient la plupart du temps à réduire en miettes le plus possible d’engeances de Malkiar.

La gaité contagieuse qui se propageait à l’ensemble du groupe, qu’un observateur aurait pu prendre pour une simple troupe déambulant sans véritable but et sans aucune intention belliqueuse, dut pourtant s’arrêter bien vite, lorsque les combats reprirent.

Cette fois-ci, point d’aventuriers égrillards pour accompagner le Troll, le nain et le barde. Les trois compères étaient face à une meute de séides de la non-vie, qu’ils eurent à cœur de repousser. Cependant, plus ils les repoussaient, plus ils en arrivaient. Véritable machine de mort, Nounours combattait la mort elle-même, ou plutôt l’absence de mort.

Nounours était la quatrième moire, qui parachevait l’œuvre des filles de la Nécessité. Le fil, tissé par Clotho, enroulé par Lachésis et coupé par Atropos, avait été malmené par les forfaitures magiques du Démon Rouge, qui narguait le Destin de tout être. Nounours se chargeait de remettre de l’ordre dans le chaos.

Toutefois, la nuée de squelettes, de zombies, de goules et de momies était trop importante même pour une bête à l’instinct guerrier. Les coups pleuvaient ; pour chaque coup de pattes, Nounours en recevait deux. Et Orfirius et Dargolak devenaient même la cible d’autres séides de la non-vie, qui s’amassaient, comme attirés silencieusement par l’appel du sang et de la mort. La vraie, celle de ceux bien vivants, qui se battaient furieusement pour leur vie, qui psalmodiaient avec force leurs arcanes magiques, qui abattaient leurs fleches avec conviction, qui écrasaient de leur main les ennemis qui leur faisaient face.

Le combat était perdu, mais Orfirius ne l’avait pas remarqué. Une mauvaise appréciation des risques l’avait déjà fait tomber sans le savoir. Plusieurs jours passèrent et les compères, qui trônaient sur une pile d’os, de cadavres déjà morts, de bandelettes et de corps putréfiaient, repoussaient sans cesse les assauts des séides encore debout. Orfirius avait bien essayé de s’enfuir avec ses camarades, mais la masse grouillante était trop compacte, les espaces trop étroits pour envisager une quelconque retraite. Barzan avait même sacrifié son compère nain, Dargolak, qui avait accepté la mort sans mot dire.

A court de flèches, épuisé par les combats et le manque de sommeil, Dargolak avait été écarté du groupe, encerclé et attaqué. Rendant coup pour coup, utilisant son arc comme d’une massue dérisoire, l’archer n’avait pu qu’assister impuissant à sa propre déchéance. A bout de force, son armure déchiquetée suintant du sang, Dargolak fixa un court instant son compère et le Troll ; il n’eut le temps de rien dire. La hache d’un zombie s’était abattue d’un coup, lui pourfendant le crâne.

Le barde détourna les yeux, gardant sa tristesse et ses remords pour un hypothétique plus tard. Usé par les combats, le ménestrel s’était assoupi, tandis que Nounours gardait le sommeil de son maître, pourfendant sans cesse les morts-vivants qui approchaient. Ils étaient seulement deux. Combien étaient les séides de la non-vie. Dix ? Vingt ? Peut-être plus. Et face à cette horde, se dressaient le Troll, sur son trône de cadavres, où se mêlaient les armes et les cadavres de ses victimes, son sang et celui de ses camarades.

Les quelques instants de repos avaient permis à Orfirius de prendre du recul. Il fallait faire diversion pour se sauver. L’aède expliqua en mots très simples et très rapidement son plan. Il suffisait de laisser arriver plus près les morts vivants et de sauter depuis le promontoire macabre pour s’enfuir. Le plan fut mis à exécution mais ce fut un échec. Désormais les séides de la non-vie se marchaient presque dessus pour tenter de mordre, griffer, frapper les deux êtres encore en vie.

L’air puait la mort. Orfirius saignait abondamment. Nounours baignait dans son propre sang. Les deux compagnons se regardèrent. Ils avaient compris que le chemin s’arrêtait là. Le troubadour n’aurait plus d’exploits ni de combats à raconter. Le seigneur de guerre n’aurait plus de chants ni de sagas. Orfirius articula quelques mots.

Pardon Nounours. Moi être désolé de nous avoir amener là. Moi avoir vouloir toi sauver. Nous bientôt mourir. Mais moi être content de toi avoir connaître.

Le Troll, qui avait réussi à repousser momentanément les morts-vivants, esquissa un léger sourire, laissant entrevoir ses canines meurtrières, tendit sa patte à son maître comme pour lui indiquer que ce n’était pas grave. Le barde répondit au sourire de son familier et enfourna sa main dans la patte pleine de sang de son ami. Nounours répondit alors à son maître, alors que les premiers zombies se rapprochaient de nouveau, seulement ralenti par le monticule de cadavres, né des exploits du Troll Gardien.

Moi être content de connaître Orfirius. Bon Maître. Gentil Maître. Désormais ami de Nounours. Nounours pas en vouloir à Orfirius. Troll vivre pour combat et Troll mourir par combat. Et Nounours désolé pour tout ça.

Orfirius n’eut pas eu le temps d’exprimer un regard interrogateur, pour demander que voulait dire cette dernière phrase, car Nounours attrapa le bras d’Orfirius avec sa patte libre, banda ses muscles et le projeta au dessus des séides de la non-vie, restant seul sur le promontoire. Orfirius s’écrasa contre le sol, se déboitant une épaule et ouvrant plusieurs plaies fraichement refermées. Avant même de pouvoir dire quelque chose, Nounours était déjà de nouveau aux prises des morts-vivants qui concentraient désormais leurs assauts sur le familier très diminué.

Pour laisser du temps à son maître, Nounours continuait à se battre frappant à l’aveugle, écrasant quelques squelettes plus fragiles ; le combat était déjà perdu d’avance. Le barde, à quelques coudées du champ de bataille, se releva difficilement, rageant intérieurement d’avoir été sauvé par son familier.

Au cœur du combat, Nounours était désormais plus mort que vif. Il ne lui restait plus une seule once de vie. Dans son esprit simple, le Troll se remémorait les quelques instants qui lui étaient chers. Désormais recroquevillé, Nounours subissait les assauts des zombies et autres morts-vivants qui lui arrachaient des pans de sa peau dure comme l’acier à coup de hache. Dans un dernier élan, le Troll se releva, repoussant ses ennemis.

Il attrapa alors un zombie, esquissa un sourire carnassier et lui arracha la tête. La tenant dans sa main, comme un trophée, le Troll émit alors un rugissement. Ce grognement bestial était la dernière preuve de vie de l’animal, qui s’effondra, sans vie, alors que les morts-vivants, corps sans âme et purement mécaniques, continuaient de déchiqueter son corps. Nounours avait vécu pour le combat. Il était mort par le combat. Même le complice des Moires n’avait pu contourner la mort. Atropos avait sectionné le fil de sa vie, lui reprenant la portion de destin qui lui avait été assignée.

Quant à Orfirius, blessé tant dans son âme que dans son corps, il essayait de s’enfuir comme il pouvait, poursuivi par les quelques morts vivants qui ne participaient pas au festin du Troll. Ces séides de la non-vie souhaitaient terminer le travail correctement et goûter eux aussi à de la chair exquise au doux fumet de la vitalité.
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