La génèse de Maël d'Adélaïde (Enfin !)

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Maël d'Adélaïde
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La génèse de Maël d'Adélaïde (Enfin !)

Message par Maël d'Adélaïde » 17 nov. 2010 15:29

La nuit est tombée, ça et là les épingles lumineuses naissantes jouent avec les rondeurs laineuses des nuages. Un croissant de lune se moque de ma course effrénée dans cette forêt d’épineux.

Le sol, encore humide de cet orage du début de soirée, se joue de moi à chacun de mes appuis tentant de se dérober traîtreusement. Mes bottes s’enfoncent dans l’humus aux fragrances de pins. Au loin, les lueurs inquiétantes des torches de mes poursuivants entêtés. Je saute une butte et atterrit directe dans un ruisseau à l’eau glacée.
Ploufff !!!

Satanés culs terreux ! Et susceptibles en plus ! Certes, je leurs avait promis que je les débarrasserais de la tribu de gobelins qui hante les forêts au nord. Le tout en échange d’une belle bourse bien pleine d’or et de quelques sacrifices bien consentis de la fille du bourgmestre en vidant les miennes au passage.
Ces ignares pensaient que je possédais les terribles pouvoirs d’un sorcier de renom. Faut dire que si je m’étais donné un peu plus de mal j’aurais pu passer pour le seigneur de ces terres.
Tout semblait se dérouler selon le plan, j’avais déjà pris un acompte. J’étais nourri, logé et… assouvi.
Ah, c’était bon de leur faire avaler toutes ces couleuvres ! Mais il a fallu que ces maudites bestioles attaquent, du coup les idiots voulaient que je me charge d’elles.
Piquant joyeusement dans la caisse et prenant la poudre d’escampette, il ne leur a pas valu longtemps avant de comprendre qu’ils s’étaient faits avoir. Me voilà traqué comme une bête sauvage, par ces crétins armés de fourche…



Je patauge, me débats tant bien que mal, lourdement lesté par la vénale bourse de laquelle je ne souhaite me séparer. Il faut bien vivre et autant essayer d’améliorer le quotidien plutôt que poursuivre cette vie de miséreux.

L’obscurité joue pour moi, je saisi un roseau que je sectionne de ma dague et me traîne dans un coin de cette vase à l’odeur de fange.
Le calme revient sur les eaux saumâtres et nauséabondes, les ronds disparaissent ça et là et les grenouilles reprennent leur concerto de croassements.
J’immerge ma tête laissant dépasser la fine paille qui me relie à la surface.

J’attends, seul avec le bruit de ma respiration haletante, à la sonorité tubulaire. Mon thorax se soulève, pousse, se bat contre la pression supplémentaire que m’inflige ce cours d’eau salvateur qui pourtant semble lui aussi me repousser. J’entends le martèlement galopant de mon cœur, prêt à exploser d’angoisse, de fatigue.

J’attends, les aboiements puis le silence… J’attends les bruits de nuits, que j’implore, épuisé de courir toujours et encore… Je sors par moment la tête de l’eau pour écouter, pour me savoir en sécurité ainsi cacher.

J’attends… La nuit se passe, et bientôt un jour nouveau va se lever. Il me faut à mon tour me remettre en marche. Les articulations hurlantes d’ankylose, les mâchoires claquantes, les mains bleues, les vêtements alourdis.

Maintenant il me faut avancer. Bientôt, il fera jour et il me faut m’éloigner, pour découvrir une autre vie.

Je reprends ma marche, je ne sais trop comment. J’avance bon gré, mal gré, sans même m’en rendre compte, seule reste cette emprunte onirique, cette vision flouée de la réalité à laquelle je m’accroche, transi de froid.
La plaine à la végétation blanchie, revêt son manteau brumeux. Le jour se lève lentement, sans chaleur.


Je chemine au travers de ces paysages éthérés, soudainement ragaillardi le vague fumé d’un feu de camp.
Suis-je la proie de mirage ?

Je m’approche précautionneusement… Un bruit… Je plonge dans le premier fourré à ma portée.

--- Grand cri silencieux ---
Aieuuux, des épines !
Ch’uis sûr qu’on l’a foutu là exprès ! Y a pas une ronce à des lieux et le seul endroit où il faut que je plonge, je vous le donne en mille !

Bon, pas bouger, opération camouflage.
Tien ! C’est quoi ce guerrier ? On dirait un ranger. Bon je vais le laisser passer avec un peu de chance, il ne me verra pas.

On dirait que ça bouge… c’est quoi ? Les gobelins ! Et ils attaquent ce mec !

Tremblant de tout son être...
Pourvu qu’ils ne me voient pas, pourvu qu’ils ne me voient pas.
Beurk, c’est plein de sang vert ! Peut être qu’il en viendra à bout tout seul. Derrière toi abruti ! Non trop tard, il vient de se le prendre le coup de masse cloutée.
Pourvu qu’ils ne me voient pas, pourvu qu’ils ne me voient pas…

Un hurlement terrifiant rugit de derrière moi.
Une boule d’angoisse me monte à la gorge. Les sueurs froides, les oreilles qui bourdonnent, le picotement sous la peau.
Ah non, pas maintenant ! Tu vas pas tomber dans les pommes !.. Et m**** !
Voile noir…

J’ouvre les yeux, une main devant pour me protéger de la lumière filtrant au travers des sous-bois.
Aie, saleté d’épines.
Relevant prudemment la tête de l’inconfortable dortoir végétal.
Personne à droite, personne à gauche. Tiens un cadavre, tiens un autre, beurk un gob’. Partis sans laisser d’adresse, je me demande ce qui a pu les interrompre dans leur tuerie.

Haussant les épaules.
Bien, bien, bien. Face à pareille chose, il ne me reste plus qu’à leur faire les poches dès fois qu’il y ait des trucs de récupérables, c'est pas tous les jours une manne pareille.
Alors qu’avons-nous là ? Une longue épée, une autre épée courte, un peu d’or, une armure de cuir, quelques vêtements, un parchemin…
Blabla, invitation, blablabla… Bon en chemin, un autre village, d’autres culs terreux à arnaquer !


Nouvellement harnaché, m’imprégnant de l’identité de la malheureuse victime que les corbeaux sont en train de becter, je me dirige par delà les montagnes jusqu’au dit village. La route est encore longue mais je me vois déjà aborder ces habitants, affichant un air dégagé… des pigeons potentiels !

Heum…
Salutations Mesdames, Messieurs
Je me présente Maël D’Adélaïde, humble guerrier en recherche d’aventure et de quelques fortunes. J'ai une invitation, voici.

Ou plutôt devrais le dire ainsi…
, poursuivant ma route d’un pas léger tout en m’appropriant ma nouvelle identité.
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