La jolie elfe se retourne une dernière fois vers la lumière, vers l'extérieur. Soupira. Puis fit face aux ténèbres, et descendit l'escalier. Elle avait entendu dire qu'ici, ce n'était pas très dangereux. Pas encore. Une simple antichambre de l'horreur.
De toute façon, elle n'avait pas le choix.
Elle avait visé trop gros, surtout pour un tel échec. Tout en se rapprochant marche après marche de ce qui serait pour elle le point de non-retour, elle repensa. A l'enchainement d'évènements qui l'avait mené là, et à ce qui avait mené à cet enchainement. A sa vie, en fait.
Ce marchand semblait pourtant une proie facile. Trop gros pour être agile. Pour être assez agile pour rivaliser avec une elfe, en tout cas. Et sa bourse aussi était trop grosse, trop grosse pour lui manquer. Tout en suivant discrètement l'humain, faisant mine de s'intéresser aux articles présentés sur les étals, AEtheriel avait estimé, à l'oeil, le poids de la bourse qu'elle visait. Sortit une escarcelle de cuir de sa poche. L'avait remplie de ferraille, petites pièces sans valeur.
Puis, lentement, tranquillement, elle s'était approchée de sa proie. Lorsqu'elle fut assez proche vint le moment critique. Effectuer l'échange des bourses. Avant qu'il ne s'en rende compte. Mais des années de pratique permirent à la voleuse d'y parvenir. En un tournemain, le marchand ne possédait plus qu'une bourse sans valeur, et elle avait gagné sa journée. De quoi manger chaud et dormir au sec, pour quelques jours au moins. Peut-être même prendre un bain chaud, et ne plus se contenter d'une toilette de chat à l'eau de pluie. Mais, prudente, elle entendit d'être dans une ruelle adjacente à la place du marché pour ouvrir l'aumônière.
Et là, un étrange objet s'offrit à son regard. Un objet que sa nature d'elfe reconnaissait comme magique. Mais d'une magie qui lui était inconnue. Toujours était-il qu'elle sentit soudain une large main se poser sur son épaule. Elle dut lever les yeux pour voir le visage de celui qui la tenait. Un homme, sans doute, caché sous les montagnes de muscles. Derrière lui, le marchand. Elle ne l'avait pas bien regardé sur la place, préférant qu'il reste une personne anonyme. Là, elle le dévisageait, tout autant que lui la reluquait. Des yeux étroits, perçants, un regard rusé derrière des prunelles presque dorées. La peau blafarde de qui évite le soleil. Des cheveux châtain doré. Une corpulence imposante.
Un homme qui comptait plus sur son argent que sa beauté pour toujours réchauffer son lit.
"Et bien et bien, qu'avons-nous là ? Finalement, ce truc valait le prix que je l'ai payé."
Pas si innocente...
Pas si innocente...
AEteriel, elfe moins innocente qu'on le croit.
S'approchant, le marchand lui tourna autour, comme si elle eut été quelque objet qu'il comptait acquérir. Bien qu'habituée à la vie des rues, l'elfe ne put s'empêcher de frémir de dégoût sous la lubricité de son regard. Frémissement qui n'échappa à l'homme qui la déshabillait des yeux.
"Tu trembles déjà ? Crois-moi, tu n'as pas fini de trembler, petite putain."
Il la gifla soudainement, brutalement.
"Emmène-la!"
L'ordre s'adressait visiblement au garde qui tenait AEtheriel, car il lui tordit un bras dans le dos et lui passa deux boucles de corde aux poignets. Il n'eut qu'à tirer sur l'un des bouts pour que le chanvre se resserre, entamant la peau fragile, faisant perler un peu de sang. Puis, sous le regard satisfait du marchand qui ramassait sa bourse, il la jeta sur son épaule et l'emporta dans les ruelles.
Quelques heures plus tard, AEtheriel hurlait toujours sa rage et sa frustration aux murs de la cellule dans laquelle on l'avait jeté. Pas dans les prisons de la ville. L'homme, "maître Domatius", s'était aménagé un gynécée, aux allures de prison dorée. Pas de chaines, pas de murs nus suintant d'humidités. Mais sous les tentures, de solides parois de pierres, et aussi ouvragées qu'elles soient, les portes et fenêtres se révélaient infranchissables.
Le garde l'avait jetée ici, avec un seul ordre: "Lave-toi."
Près du grand lit, sur une tablette, elle avait trouvé un broc d'eau tiède et parfumée, et un petit stylet, à peine plus gros qu'un poinçon, avec lequel elle avait tranché ses liens. Mais elle ne s'était pas lavée, préférant tenter de crocheter portes et fenêtres avec son poinçon. Lorsqu'elle avait sentie la lame sur le point de céder, elle avait préféré renoncer. Elle attendait, criant sa fureur aux murs épais, déchirant tentures de velours et draps de soie. Impuissante.
Un bruit la fit se retourner: le verrou glissait dans la clenche, la porte s'ouvrait. Domatius entra.
"Tu trembles déjà ? Crois-moi, tu n'as pas fini de trembler, petite putain."
Il la gifla soudainement, brutalement.
"Emmène-la!"
L'ordre s'adressait visiblement au garde qui tenait AEtheriel, car il lui tordit un bras dans le dos et lui passa deux boucles de corde aux poignets. Il n'eut qu'à tirer sur l'un des bouts pour que le chanvre se resserre, entamant la peau fragile, faisant perler un peu de sang. Puis, sous le regard satisfait du marchand qui ramassait sa bourse, il la jeta sur son épaule et l'emporta dans les ruelles.
Quelques heures plus tard, AEtheriel hurlait toujours sa rage et sa frustration aux murs de la cellule dans laquelle on l'avait jeté. Pas dans les prisons de la ville. L'homme, "maître Domatius", s'était aménagé un gynécée, aux allures de prison dorée. Pas de chaines, pas de murs nus suintant d'humidités. Mais sous les tentures, de solides parois de pierres, et aussi ouvragées qu'elles soient, les portes et fenêtres se révélaient infranchissables.
Le garde l'avait jetée ici, avec un seul ordre: "Lave-toi."
Près du grand lit, sur une tablette, elle avait trouvé un broc d'eau tiède et parfumée, et un petit stylet, à peine plus gros qu'un poinçon, avec lequel elle avait tranché ses liens. Mais elle ne s'était pas lavée, préférant tenter de crocheter portes et fenêtres avec son poinçon. Lorsqu'elle avait sentie la lame sur le point de céder, elle avait préféré renoncer. Elle attendait, criant sa fureur aux murs épais, déchirant tentures de velours et draps de soie. Impuissante.
Un bruit la fit se retourner: le verrou glissait dans la clenche, la porte s'ouvrait. Domatius entra.
AEteriel, elfe moins innocente qu'on le croit.