Parmynion

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Parmynion

Message par magicbaleine » 07 août 2008 13:32

La route vers la montagne, pèlerinage courant, serpente. Les tumulus de pierre laissés par les prédécesseurs indiquent le chemin. La végétation est paisible, fraîche et vigoureuse.
A l’un des carrefours, un étroit sentier descend, virant rapidement derrière un bloc rocheux. Une silhouette encapuchonnée, postée dans ce virage, fait signe de la suivre. Mais ce n’est pas le chemin indiqué par les pierres, et il s’éloigne de la montagne. Semblant même à l’abandon. Cette personne doit se tromper. Mieux vaut continuer de monter puisque c’est là-haut qu’est le but.



L’envol

Le Désert des Mille Morts, en contrebas, était désert. Pas d’âmes en vue. Une brume fraîche sentant encore les sanglants combats de la nuit, affleurait le sol. Le paysage entier semblait avoir été éveillé par le vacarme nocturne, et tout juste apaisé par la température matinale.
En amont, la lande s’étendait à perte de vue, mais de vaporeux rideaux blanchâtres signalaient déjà la frontière. L’ombre d’un cavalier se détacha, lance à la main.

Un dernier coup d’œil en arrière pour s’assurer d’éventuels poursuivants, et la descente du sentier commença tranquillement, engouffrant peu à peu les deux êtres dans ce calme opaque. L’humidité se fit sentir brutalement. Un frisson et le fier destrier secoua l’encolure. Sa maîtresse ralentit l’allure.
Pas trop vite, pour écouter.
Elle marqua une pause, scrutant l’horizon, et caressa distraitement la crinière noire. Un mot chuchoté et ils se remirent en marche sur la pente sinueuse.

Seules les oreilles pouvaient maintenant détecter le danger. Du moins tant que les lavandières n’auraient pas décroché leurs étoffes de brume. Dans ce pays, limite du désert et du Marais des Souffrances, la légende raconte que tout homme passant la nuit dans le Shougar, doit éviter de trop s’approcher des régions de brouillard, sous peine de laver leurs tissus pourpres de sang jusqu’au matin, en échange de sa vie. Tordre et retordre les tissus, frotter et rincer pour que disparaissent les taches. Si anciennes. Au matin, s’il en reste une seule, les lavandières se jettent alors sur lui et s’emparent de son âme.


Cela fait maintenant plusieurs saisons que Shalane parcourt les landes et les forêts, longeant les contrées de ce paysage sec et désolé, qu’on nomme Le Désert aux Mille Morts. Tous les villages sur sa route avaient raconté les mêmes histoires d’êtres cruels, errant dans ces étendues sauvages. La jeune fille repensa à ces mois de voyage en solitaire : elle avait beaucoup appris des rencontres lors de ses étapes successives.
Une partie du temps alloué à l’errance des jeunes s’était ainsi écoulée. Nul ne rentrait au pays avant d’avoir découvert sa voie. Ce périple, préparé tout au long de l’année précédant le départ, stimulait les échanges, la tolérance et enrichissait ainsi les connaissances de chaque peuple.

Un rêve lui revint en mémoire : elle arpentait la route vers la montagne Arguyl. A l’un des carrefours, après cette brève hésitation, Shalane avait repris sa route, comme prévu.
Aujourd’hui, elle se demanda si finalement, le rêve n’avait pas eu un sens réel, puisqu’elle s’apprêtait justement à quitter les contrées répertoriées, pour s’aventurer là où personne n’était revenu.

Et si ce n’était pas une brève incursion qu’elle allait effectuer ? Si ces brigands auxquels elle venait d’échapper cette nuit, n’étaient qu’un coup de semonce, l’exhortant à partir bien au-delà ? Comme un voile que l’on déchire, le souvenir du rêve prit soudainement un tout autre sens. Son instinct en fut alors intimement persuadé, comme si quelqu’un avait à l’instant murmuré à son oreille.

Saisie d’un doux rayon de soleil, elle ferma les yeux un instant, grisée par la sensation incohérente de sécurité qui s’emparait d’elle. Pas pressée, la jeune fille mena sa monture à travers la végétation rachitique, comme sachant ne courir aucun danger.
Garder les yeux droits devant, et avancer, c’est si facile d’avoir confiance. En quoi, elle ne le savait pas encore.
Mais l’heure n’était pas au questionnement. Savourer l’instant magique de ce subtil décalage de trajectoire, pour mieux mesurer les futurs bouleversements qu’il allait induire.
Se rappeler toutes ces impressions, toujours, car cela ne lui était encore jamais arrivé. Déjà une partie de la mémoire s’effrite et disparaît, comme emportée par le vent : trop de sensations nouvelles. Mais quel délice !

Un sourire aux lèvres, elle franchit donc une bonne distance à cheval, sur un sol de plus en plus caillouteux. Shalane avait encore quelques rations fumées dans sa besace et une outre bien remplie lors de la dernière halte, près d’une rivière. De quoi abreuver monture et cavalier une journée de plus.
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Pas seule

Message par magicbaleine » 08 août 2008 10:49

Pas seule

Avant de partir sur les routes, tout jeune apprenait à trouver comment survivre en conditions difficiles, en plus d’un minimum d’éducation au combat.
Certains approfondissaient un talent particulier, qui leur serait utile en voyage. Shalane, ayant choisi l’interprétation des paysages et du ciel, était capable de s’orienter, d'où qu’elle se situe et de trouver entre autres les signes indiquant une piste vers un point d’eau. C’était tellement mieux de sentir la liberté s’insinuer dans les moindres déplacements : pas besoin de s’inquiéter des vivres, la nature avait toujours de quoi offrir au voyageur attentif, parfois même sous des aspects inattendus : cela éduquait le regard.
Apprendre à gérer l’inconnu ? Non. En faire partie intégrante. Se confondre avec les différents acheminements d’eau, devenir ce précieux liquide pour le ressentir où qu’il soit. Et cela valait aussi pour les dangers.

La première leçon avait été d’apprendre à oublier tout ce qu’on lui avait appris pour se nourrir. Etre capable de voir avec un œil neuf, tout ce qui est invisible à ceux qui savent. Déroutant paradoxe : oublie ce que tu sais, fais comme si le monde avait changé, et vois alors apparaître ce qui était sous tes yeux depuis si longtemps.
L’expression « avoir un regard neuf » prend alors tout son sens. Shalane avait pu ainsi découvrir des choses insignifiantes pour son ancien mode de vie, mais tellement belles et pleines de vigueur. C’était là, sous ses pieds : des fleurs en bouton, tout simplement. Ou suspendu négligemment dans les arbres, telles les larges feuilles aux dessous empreints de rosée, voire dans le ciel avec les passereaux et leurs couloirs de passage.
Pourtant, tout le monde l’a déjà vue cette rosée, mais qu’elle est belle, une fois ôté le voile gris des yeux anciens.

En écoutant mieux la nature et les ressources de son propre corps, aucun « œil ouvert » ne pouvait perdre chemin ou espoir dans une contrée. « Œil ouvert », c’était le nom par lequel la tribu de la jeune fille désignait ceux qui désormais, sauraient toujours les guider lors des voyages et migrations diverses.

Ici, au milieu de ce désert venteux, Shalane repéra rapidement un secteur plus hospitalier, vers l’Est. Une fois sur place, des traces infimes indiquaient un passage humain, plutôt ancien. Curieuse, elle suivit la piste. Elle descendit de cheval et le laissa en compagnie de quelques herbes qui couraient de ci, de là.
Un peu plus loin, elle fut surprise de trouver des traces plus récentes, mais d’origines différentes. Toujours humaines, du moins semblait-il. Un ancien regard ne saurait déceler ces repères, à moins d’être un excellent pisteur.
Intriguée, elle explora encore le coin, mais toutes les autres traces qui auraient dû s’y trouver avaient disparu. Seules restaient celles qu’elle avait trouvées au premier abord. On les aurait donc effacées sciemment. Et laissé les autres exprès ? Dans quel but ?
Aucune piste récente, seule l’ancienne était encore lisible, mais vite évaporée. Pas de signe de vie dans les environs. Inutile alors de s’attarder ici, pensa-t-elle. Mais elle garda néanmoins ce souvenir au creux de sa mémoire. Peut-être lui trouverait-elle une meilleure place en découvrant le reste de la contrée.

- Bien, plongeons-nous dans ce Désert des Mille Morts, oui ou non ? demanda-t-elle malicieusement à son cheval. Qu’est-ce que c’est que cette maîtresse qui traîne après chaque signe humain, alors que nous venons de prendre une voie qui nous en éloigne ?
Un regard chaleureux lui répondit. Aujourd’hui, Rageur était de bonne disposition. Son enfance turbulente l’avait conduit à quelques excentricités, mais Shalane s’était toujours bien entendue avec lui : le cheval lui avait maintes fois montré sa patience à son égard, bien qu’elle-même soit souvent farfelue.

Descendre de cheval ! Rieuse, la jeune fille entama quelques sauts de côté, narguant Rageur, et l’invitant à une course dont il était friand. Après un bref renâclement, il la rattrapa en trottinant, s’ébroua puis accéléra l’allure. A ce moment, il savait qu’elle allait attraper sa crinière pour se hisser sur une brève impulsion du pied. Ils avaient appris ce jeu chez les Archers du vent, pittoresque village croisé pendant l’errance de Shalane. Rageur put alors se lancer au galop sur les landes désertes, bravant le souffle frais du matin et emportant au loin le rire cristallin.

Quelques brigands entendirent des bribes de rire en contrebas de la plaine : ils avaient retrouvé leurs camarades jetés à terre, dont certains blessés de curieuse façon. La nuit les avait induit en erreur quant à leur proie, moins facile que prévue. Le chef observa le Désert des Mille Morts, repérant une silhouette filant vers l'Est.
Mieux valait laisser courir : soit une folle chanceuse au combat qui serait bientôt engloutie par les sables, soit une créature de la nuit rejoignant son antre. Dans ce dernier cas, heureux ses hommes d’être encore en vie ! Il les rabroua de leur maladresse, pour éviter qu’ils ne se laissent gagner par la superstition et la peur.

Un autre homme suivait du regard la cavalière. Il était vieux et vêtu pauvrement. Mais celui-ci observait depuis le désert même, et non de la plaine, pas très loin d’ailleurs de la piste explorée par Shalane. Souriant à demi de n’avoir pas été découvert, il se leva sans se presser, reprit son bâton de marche, et prit la même direction, d’un pas détaché.
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Message par magicbaleine » 11 août 2008 11:24

Nouvel espoir


De retour au Camp de la Nuit, Digar fit déballer à ses hommes le butin de la soirée, afin de commencer le partage. Il observa avec satisfaction que les femmes avaient eu plus de chance qu’eux lors de leur dernière chasse. Les peaux étaient déjà dépecées, encore suspendues à sécher. Tailleurs d’os et musiciens semblaient à l’ouvrage, sous l’œil exercé de quelques bambins en apprentissage.

- Alors, Tigre Noir, et cette razzia ?
La voix claire et chantante, une jeune femme s’avançait vers Digar. Il appréciait sa caresse musicale, même s’il ne tolérait que peu de personnes le nomment ainsi. Il avait acquis ce « titre » en partageant justement les nuits de Guidora, aux cheveux couleur de sable, qui se dirigeait vers lui.
- Pas si terrible, à la tête de tes hommes. Vous avez pourtant rapporté quelques trouvailles ?
- Juste ce à quoi nous nous attendions, rien de plus.
- Mais cela permettra de remplacer un peu d’équipement pour nos bêtes. Et avec l’habileté de nos sculpteurs, nous aurons de quoi échanger des armes. Les filles du clan de la chasse ont vraiment progressé : depuis la disparition de Buina, je craignais qu’elles n’osent plus se frotter à un troupeau de Cornues. Mais finalement, elles ont tenté une approche plus filoute que jamais et les diablesses ont bien réussi leur coup.
- C’était une excellente enseigneuse de la chasse. Et la dernière, puisqu’elle n’est plus là.
- Oui, nos filles vont vraiment devoir apprendre seules beaucoup de choses. Mais nous pourrions aussi enlever une chasseresse d’un autre village. Cela nous ferait rattraper les connaissances perdues depuis que les anciennes ont péri.

L’an dernier, trois enseigneuses avaient en effet trouvé la mort lors d’une épidémie, qui avait emporté une quinzaine de jeunes et d’anciens. Bizarrement, la génération intermédiaire avait été épargnée. Le clan des sculpteurs était parti négocier chez les Archers du Vent, et revenu bien après les décès : aucune perte à déplorer.
Quant au clan des pilleurs, dont faisait partie Digar, ils étaient à proximité, mais en initiation de deux jeunes dans les environs du Désert des Mille Morts. Ils avaient donc réussi à se mettre à l’écart dès les premières fièvres. Les pertes avaient donc été concentrées dans les clans des chasseuses et des marchands. Seule Buina était restée pour apprendre aux jeunes l’art de la chasse, affaire divine qui nécessitait patience et instinct, deux vertus très développées chez les femmes du Camp de la Nuit.

- On pensait en tenir une au petit matin, grommela Digar. D’après la famille qui vit près de la rivière, une pisteuse avait passé quelques jours auprès d’eux.
- Seule ? Une ancienne qui cherchait la solitude ?
- Non, une jeune, mais effectivement solitaire. Malgré son peu d’expérience, elle a déniché pas mal de pistes qui leur avaient échappé.
- Ils vivaient pourtant là depuis un moment. Ils étaient déjà là-bas quand nous avons subi la maladie l’an dernier. Et ils n’en ont pas bougé, bien que nous leur ayons proposé de se joindre à nous pour quitter ce lieu, le temps que les mauvais esprits cherchent d’autres victimes. Depuis notre retour ici, heureusement, nous avons pu retrouver nos points d’eau, qu’ils ont entretenu tout ce temps. Nous leur sommes redevables.
- En tout cas, nous avons perdu sa trace au cours de la nuit. Mes hommes étaient fatigués par les veilles et le combat pour récupérer le butin en amont de la rivière.
- Elle vous a filé entre les doigts alors que vous aviez trop bu, oh oui je comprends ! s’exclama la jeune femme en croisant les bras.
L’homme se retourna alors vers Guidora, le regard noir et elle se souvint de sa toute première dispute avec lui.
- Oh, Tigre Noir, ne me dis pas que c’est faux ! Tout le camp sait bien comment vous finissez vos pillages !
- Ce que je fais avec mes hommes ne te regarde plus ! Et cela n’a jamais été le cas d’ailleurs. Tu étais sous mes ordres que je sache, avant de te marier avec ton sacré commerçant !
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Message par magicbaleine » 19 août 2008 19:49

- Es-tu bien sûr que cela ne me regarde plus ? Tu fais affaire avec mon mari, « que je sache »… Et tu oublies notre dernier pacte ? De veiller l’un sur l’autre comme si nous étions frère et sœur ?
Digar, alias Tigre Noir, la regardait toujours silencieusement. Après avoir partagé une année à vivre auprès de Guidora, il avait été convenu que ce n’était pas possible de continuer ainsi : ils s’appréciaient beaucoup, mais leurs disputes devenaient de plus en plus terribles sur bien des points.
Les Anciens du village avaient – presque avec soulagement pour le reste de la communauté – accepté de rompre leurs liens. Mais sous condition de prêter serment d’entraide, mais fraternelle cette fois-ci. Depuis, l’homme et la femme avaient respecté leurs nouveaux vœux, et trouvé enfin la paix dans leurs nouvelles relations. Tout le village s’en réjouissait, car de leur coopération, étaient nés des liens commerciaux avec les environs. C’est ainsi que Guidora avait d’ailleurs rencontré son nouveau mari, qui devrait maintenant le rester pour de bon, avaient spécifié les Anciens.

La jeune femme attendait que son « frère » esquisse un geste, pour savoir si elle pouvait se permettre une dernière pique ou non… Digar finit par sourire : « retourne vite voir ton homme, avant que … »
L’homme ne put finir sa phrase, une ombre noire venait de le survoler, traversant le village à une vitesse foudroyante ! Une deuxième, et une troisième arrivèrent encore plus vite, avant qu’il n’ait eu le temps de tourner la tête pour les suivre, et espérer voir de quoi il s’agissait. Aucun animal volant à sa connaissance ne pouvait correspondre, hormis … Pivotant sur lui-même pour suivre une nouvelle ombre, son visage se crispa : de jeunes dragons ! Cela faisait trop longtemps que personne n’en avait vu, tous croyaient en être débarrassés dans la région !

Les cris commencèrent à s’élever dans le village, pendant que les petits dragons fonçaient sur leurs proies, favorisant les plus faibles et les désarmés. Digar et ses hommes saisissaient déjà leurs arcs pour blesser les ailes membraneuses, plus faciles à atteindre que le reste du corps. Un Ancien était tapi sur le sol, scrutant les bêtes pour repérer laquelle menait le groupe : il cria vite ses instructions aux archers, qui visèrent le dragon pourpre. Le résultat ne se fit pas longtemps attendre, et à la première blessure, un couinement sourd s’échappa de sa gorge, suivi d’un son plus rauque : il appelait ses congénères à rompre l’attaque pour se mettre à l’abri, emportant leurs victimes entre leurs serres ou la gueule, au milieu de cris stridents.
Digar ne savait plus s’il entendait hurler les bêtes ou ses amis : atterré par ce désastre, il ne pouvait que scruter son village et ses habitants pour tenter de comprendre. A travers le silence qui suivit, il leva les yeux vers le ciel : une créature immense s’éloignait lentement des maisons, avec dans son sillage plusieurs jeunes.

Quand les cris reprirent, c'était cette fois pour pleurer les amis perdus, le fils qui ne jouerait plus devant la maison, la sœur qui ne chanterait plus le soir devant la cheminée. Digar reconnut la voix étouffée de Guidora : elle était agenouillée auprès d’une silhouette ensanglantée, qui paraissait sans vie.
Dernière modification par magicbaleine le 27 nov. 2008 20:38, modifié 1 fois.
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Message par magicbaleine » 22 août 2008 02:12

D’autres personnes s’étaient également regroupées en divers coins, les uns aidant les blessés à se relever, d’autres sortant craintivement de leur cachette, ou même s’époussetant comme si de rien n’était, après s’être jetés à terre aussi vite qu’ils l’avaient pu.

Une femme traversa la place du village pour rejoindre Guidora, lentement.
Elle se pencha et posa une main sur l’épaule de son amie, qui ne parvenait pas à réveiller l’homme qu’elle secouait avec désespoir. Taline - c’est ainsi que se nommait l’Ancienne - se concentra, et tenta de saisir l’esprit du commerçant qui gisait à ses pieds. Elle y parvint avec difficulté, mais c’était déjà un petit espoir de pouvoir le sauver.
Guidora pleurait toujours quand Digar l’eut rejointe. Son mari, Norlan, avait été gravement blessé au dos et aux jambes. Il commençait à reprendre ses esprits, mais la douleur qu’il endurait crispait son visage. Il perdit à nouveau connaissance. Taline préféra alors s’interrompre et se tourna vers Digar: « apporte de quoi le protéger, et le couvrir, nous ne pouvons pas le bouger. Même un simple contact d’esprit risque d’aggraver son état. Guidora, reste auprès de lui, qu’il puisse voir sa femme, si jamais il se réveillait plus vite que je ne le pense. Je dois passer vérifier qu’il n’y ait pas d’autres blessés, et chercher de quoi le panser.»

Pendant que Taline se levait pour rejoindre d’autres groupes, Digar ne put s’empêcher de noter son regard soucieux. La guérisseuse du Camp de la Nuit avait ses limites. Néanmoins, il se mit rapidement à l’ouvrage et rapporta de chez lui le nécessaire pour monter un abri de fortune : des planches qu’il avait mises de côté pour agrandir ses étagères, quelques outils, des couvertures. Il récupéra également les meilleures peaux de sa réserve pour tendre au-dessus des planches.
Tout en travaillant, il entendit sa « soeur » tempêter envers l’homme étendu au sol : qu’il n’aurait pas dû la pousser, qu’elle n’avait pas compris les grands gestes qu’il lui avait adressés lors de l’attaque, et enfin qu’elle lui demandait pardon.
En se penchant pour creuser les trous des planches, il observait le jeune couple : son ami commerçant, oui c’était bien ça, son ami se dit-il, avait des blessures bien sérieuses. Mais ce n’était pas le sang perdu qui l’inquiétait, ni même les profondes griffures qui sillonnaient ses jambes. La cambrure du dos ne semblait pas … correcte. Et Guidora avait trop besoin de son époux : depuis qu’elle vivait avec Norlan, elle s’était métamorphosée, en bien des points. Elle ne pouvait le perdre maintenant.

L’Ancienne revint avant que Digar n’ait eu le temps d’étendre les peaux au-dessus de Norlan et expliqua : « Norlan est le seul blessé… Nous avons quatre habitants emportés, dont deux enfants. Ils sont encore en vie, je sens leurs esprits, mais …
- Tu n’es pas assez forte, seule, pour faire fléchir l’esprit des jeunes dragons, devina Digar, et … Il y a ici quelqu’un qui va requérir toute ton énergie, observa-t-il en désignant l’homme à terre.
- J’ai bien dû apprendre à gérer seule, le rabroua-t-elle, sans l’aide de mes consoeurs guérisseuses, depuis l’épidémie qui les a emportées; à ce moment-là, oui, je n’étais pas assez forte pour faire quoi que ce soit, et elles non plus d’ailleurs. Dans le cas présent, je pense être capable d’en toucher deux ou trois, mais pour lui ce sera alors… »
Les regards des deux femmes se croisèrent.
Ce fut Guidora qui ferma les yeux, après avoir acquiescé de la tête. Les larmes ne coulaient plus sur son visage mouillé. Elle commença à chanter une douce mélopée, pendant que Taline déposait à côté d’elle les tissus propres qu’elle avait apportés, ainsi que deux grands récipients. Un signe auprès d’un garçonnet qui passait voir qui était au sol, et bientôt ils furent tous deux remplis d’eau fraîche.
- Un pour nettoyer les plaies, en imbibant les tissus avec ceci, dit-elle en tendant une petite outre, et l’autre pour apaiser la fièvre qui va venir. Ne le bougez pas et attendez mon retour.
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Message par magicbaleine » 23 août 2008 22:09

L’Ancienne fit signe à quelques familles de la suivre, probablement celles qui ont perdu l’un des leurs, pensa Digar, et bientôt elle disparut de la place. Après avoir fini de fixer les peaux sur les planches, et s’étant assuré que Guidora et Norlan ne manquaient de rien, Tigre Noir alla aux nouvelles de ses hommes.
Il avait aperçut l’un d’eux dans le groupe suivant les pas de Taline, et ses amis lui apprirent qu’il avait perdu sa fille de douze ans, dans le raid des dragonnets. Tous les autres étaient à nouveaux regroupés auprès de leurs chevaux, qu’ils n’avaient pas eu le temps de désharnacher. Ils étaient soulagés d’avoir chacun retrouvé tous les siens, et éprouvaient maintenant le besoin de se regrouper entre guerriers.
Cergar, l’un des plus âgés de son groupe, vint à lui.
- C’est pour elle.
- Que veux-tu dire ?
- C’est pour l’emp’cher d’être emportée qu’il a été ... Cergar n’osa pas finir sa phrase.
- Guidora ? Elle était à côté de moi quand l’attaque a commencé, les dragonnets n’osent pas attaquer directement un groupe armé.
- Ben, en arrivant, mes enfants sont venus et tu m’connais. Je leur confie toujours des babioles en attendant de les rejoindre : au plus grand, j’ai donné l’arc ce coup-ci ! Alors quand ces sales bêtes sont arrivées, j’ai cherché autour de moi de quoi leur faire peur. Et j’ai vu ta « sœur de lien » courir dans la direction de son mari, qui lui faisait signe.
- Elle a couru ? répéta Digar, abasourdi.
- Filé à travers la place, serait plus juste. Donc forcément, une proie facile, vu son gabarit, même pour un p’tit dragon. Et quand son homme a vu l’un d’entre eux fondre sur elle, il a foncé, pour la plaquer au sol. Mais l’a pas pu éviter les serres de la bête, qui l’a saisi aux jambes: de travers, et pas comme il faut, alors l’a j’té un peu plus loin.

Cela expliquait dans quel état avait été retrouvé Norlan, et pourquoi les bêtes s’en étaient prises à lui. En agissant ainsi, il avait sauvé sa femme : nul doute qu’elle aurait été emportée comme les autres victimes, et alors Norlan serait en ce moment avec la vieille Taline pour espérer la revoir vivante.

Les familles, qui avaient suivi l’Ancienne, revenaient justement, laissant la guérisseuse se concentrer pour atteindre les dragonnets avant qu’ils ne soient trop loin pour elle.
Un grand feu fut préparé au centre de la place, à la fois pour permettre à tous d’être présents, et aussi pour éclairer ceux qui veillaient le pauvre commerçant, sous l’abri de fortune construit par Digar.

Un peu plus tard, à la tombée de la nuit, Taline réapparut, avançant lentement pour rejoindre ceux qui attendaient là ; elle semblait comme émergeante d’un profond sommeil. Elle commença par acquiescer de la tête, et un profond cri de joie s’éleva du village. Les guerriers levèrent leurs armes en signe de ralliement, mais celui qui criait le plus fort était le compagnon de Digar, qui avait enfin un espoir de retrouver sa fille. Après la mystérieuse épidémie, perdre encore des jeunes dans le Camp de la Nuit aurait été plus que dramatique. Elle annonça ensuite qu’au moins quatre des dragonnets avaient relâché leur proie, mais qu’elle n’était pas encore certaine pour le dernier.
Instantanément, tous les hommes se regroupèrent, ainsi que les chasseuses, et rassemblèrent leurs montures déjà scellées ; c’était Cergar qui menait cette fois le clan de Digar. Ce dernier préférait rester auprès de Norlan et Guidora.

Quand le petit bataillon ainsi formé fut parti retrouver les disparus, abandonnés de nuit en pleine nature, Taline marcha vers l’abri. Elle demanda à la jeune femme de sortir, et entama un chant grave. Malheureusement, le corps et l’esprit du commerçant étaient trop touchés pour réagir, et au petit matin, il avait rendu son dernier soupir auprès de sa femme, autorisée à le rejoindre après les purifications d’usage.
Guidora, qui s’était contenue jusqu’au bout, se mit alors à hurler de rage, en frappant le sol de ses poings. Quelques femmes la ramenèrent chez elle, pendant que Digar préparait son cheval avec un brancard. Le corps devait être déposé sur le rocher surplombant la rivière, en attendant d’être enterré en présence de tout le village. Il faudrait donc patienter jusqu’au retour de tous. Le petit temple le protègerait des agressions extérieures, et l’eau vive apaiserait son âme en attente.
Il fallut deux jours pour que la troupe revint, avec tous les disparus. Ce fut une grande joie dans le village, excepté dans la maison de Norlan et Guidora : celle-ci ne sortait plus de son lit, restait sans manger. Taline n’avait plus de force non plus, après tous ces évènements qui avaient puisé dans son énergie pour se connecter aux dragonnets et les obliger à remettre leurs victimes au sol, puis à Norlan pour tenter de le sauver.
C’étaient donc les autres Anciens qui s’étaient relayés auprès de la jeune femme en deuil. Voyant qu’ils n’arrivaient pas à soulager sa douleur, ils demandèrent à Digar de passer la voir : ses yeux étaient secs d’avoir tant pleuré, plus aucune larme ne pouvait jaillir. Elle ne bougeait pas, regardait dans le vide, hagarde. Les cris avaient cessé, mais aucune parole ne sortait plus de sa bouche. Tous avaient peur de ce qu’elle pourrait faire dès qu’elle quitterait cet état.

Digar s’approcha et lui parla doucement : il lui raconta comment elle avait rencontré Norlan en faisant affaire avec d’autres commerçants, ce qu’elle avait apprécié chez cet homme, leur union ensuite et enfin comment il l’avait sauvée.
Le regard de Guidora devenait de moins en moins éloigné au fur et à mesure qu’il lui parlait, alors il continua. Au bout d’un moment, elle commença à fermer les yeux, apaisée.
Cela faisait trois jours qu’elle ne dormait plus, depuis l’attaque.
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Un nouveau fil

Message par magicbaleine » 26 août 2008 16:52

Un nouveau fil

Le soleil était déjà haut dans le ciel. La pièce, illuminée par sa chaude lumière, semblait calme et l’on entendait au loin les bruits étouffés de la rue. Guidora ouvrit les yeux, puis les referma pour lézarder un peu plus longtemps dans le lit. Elle se sentait terriblement fatiguée, mais en même temps reposée… Quelle étrange sensation. « Quelque chose ne va pas », se dit-elle.

Elle rouvrit les yeux et observa la pièce, qu’elle n’arrivait pas à reconnaître ! « Où suis-je ? » Puis, une immense vague de tristesse la submergea : elle se rappela avoir voulu pleurer, sans y arriver tellement son corps avait versé de larmes, tout sec. Mais elle avait beau fouiller dans son esprit, sa mémoire ne lui donnait que des réponses parcellaires. Des gens s’étaient occupés d’elle, mais c’était trop difficile de se rappeler qui…
Et ces angoisses qui enflaient en elle, sans savoir pourquoi. « Mais qu’est-il donc arrivé ? » A plusieurs reprises, elle fut engloutie par ses propres sentiments de panique. Cela devenait si intense qu’elle eut peur de perdre connaissance, jusqu’à ce qu’elle eut enfin la sensation d’avoir perdu quelqu’un de proche.

- Enfin, tu t’es réveillée ! On a bien cru que tu dormirais pendant encore toute la journée !
Deux jeunes femmes venaient d’entrer, s’adressant gentiment à elle. C’étaient ses voisines, et amies. Mais Guidora ne les reconnut point. Devant sa mine effarée, elles se regardèrent un instant, puis lui demandèrent comment elle allait.
- Je ne comprends pas : quel est cet endroit ? Pourquoi ai-je l’impression d’être restée au lit pendant plusieurs jours ? Et qui êtes-vous donc ? Je me souviens avoir été veillée, je vous en remercie, mais que s’est-il donc passé, que…
- Nous sommes désolées, Guido, mais nous l’avons mis en terre, ce n’était plus possible d’attendre et quand on te parlait, tu ne restais consciente que quelques minutes, et encore lorsque l’on comprenait ce que tu disais. Tu as beaucoup divagué.
- Mais de quoi parlez-vous donc ? Qui est enterr… Soudain, les ténèbres qui berçaient son cœur s’écartèrent, pour laisser la place à une présence, chaude et rassurante, mais hors de portée dès qu’elle tentait de la saisir.
- Qui est mort ? Mon … mari ? C’est ça, hein ? Mon homme est mort ? cria-t-elle violemment.

L’histoire fit le tour du village : Guidora ne reconnaissait plus rien, ni lieux, ni personne, arrivait tout juste à se souvenir de quelques bribes concernant Norlan, son mari décédé. Elle se souvenait encore moins de l’attaque des petits dragons.
Par contre, lorsqu’on lui raconta ce qui s’était passé, elle s’agita encore plus : « alors c’est de ma faute ? C’est pour me sauver la vie que mon mari est mort ? Si j’avais su me battre, peut-être que rien ne serait arrivé !
- De toute façon, toi ou Norlan, quelqu’un aurait été emporté ou blessé par ce dragonnet, avant qu’il ne s’échappe, rétorqua Taline qui tentait de calmer la veuve en larmes.
- Je ne peux rester ici une minute de plus, j’ai besoin d’être seule pour réfléchir, je vous remercie tous pour votre aide, mais comment voulez-vous que je comprenne quelque chose : j’ignore tout de vous, de ce village, je n’arrivais même pas à me rappeler toute seule le prénom de mon mari, bien que je me souvienne l’avoir tant aimé.
Ce fut vers la forêt que se dirigea Guidora, puis elle fit un détour par la rivière et son petit temple, sur les indications données par Digar. Elle n’avait rien compris à ce que Taline lui avait expliqué sur lui : mariés, puis « frère et sœur de lien » ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire ?

Quand elle revint, sa calme détermination était une nouveauté pour beaucoup : tous l’avaient connue bouillonnante comme un volcan, et là, elle semblait détachée de tout. Elle partit vers sa maison, en répondant d’un léger signe de tête à ceux qui la saluaient en la croisant. Que faire d’autre ? Elle ne savait ni leur nom ni leur lien avec elle…

Les souvenirs d’enfance revenaient bien peu à peu, mais aucun n’excédait le jour où les chasseresses du village avaient fait passer les épreuves pour choisir les nouvelles apprenties de l’année parmi les jeunes fillettes du village. Ce jour-là, Guidora n’avait pas voulu s’inscrire, mais elle était maintenant persuadée que cela aurait pu tout changer ! Elle se devait de rétablir les choses pour venger la mort de son bien-aimé et espérer se le rappeler un peu plus.
Trouver un maître d’armes serait désormais sa priorité : elle apprendrait à se battre, même si elle avait déjà du retard vu son âge.

Au petit matin, elle avait scellé un cheval et pris la route en toute discrétion, pour espérer retrouver ce pan de vie qui lui manquait. Tout laisser… Pour tout retrouver…
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Message par magicbaleine » 29 août 2008 09:37

Pause


Toute la ville était en émoi : un grand malheur était annoncé. Partout, les gens se préparaient à vivre cachés, voire à fuir le plus loin possible. IL était de retour, si longtemps disparu des mémoires, mais maintenant en chemin pour reconquérir son territoire.
Enfin, il apparut au loin, ses ailes déployées, c’était un dragon, LE dragon. Il allait tout détruire, saccager les habitations, tuer. Celui que craignaient tant les hommes, était revenu. Il replie brusquement les ailes et se laisse tomber les serres en avant sur l’un des toits, enserre les pierres de ses griffes et hume l’air, inspectant la ville de ses yeux perçants, et soudain… Son regard se pose, calme. Une voix prononce alors ces mots : « tu n’as pas à avoir peur, n’aie crainte…
- Mais, cette créature va tout détruire ! Elle est le mal vivant !
- Oui, elle peut causer des ravages. Et elle le fera. Elle a déjà commencé. Mais quand tu la rencontreras, ce sera différent. »
Et tandis que le dragon tournait sa tête aux reliefs vallonnés d’écailles, ses yeux parurent sourire et un étrange sentiment inconnu plana : c’était … agréable. La bête reprit brusquement son envol, au milieu des cris humains.



Le vieil homme arpentait le Désert des Mille Morts depuis si longtemps, qu’il ne comptait plus les années. Il était oublié des siens, et seuls quelques prêtres ou magiciens avaient connaissance de son existence. Les uns pour effectuer une retraite au Désert, les autres pour espérer apprendre de lui quelque mélange secret, à l’issue d’épreuves qu’il leur imposait.
Cela faisait quelques jours qu’il observait la demoiselle à cheval : il avait ainsi appris qu’elle ne craignait ni la soif, ni les créatures de la nuit. Aucune de ces bêtes ne l’avait agressée, et elle évitait soigneusement leurs repaires. Mais il ne pouvait rien savoir concernant son cœur et son âme, qui lui restaient fermés.

Il décida donc de se montrer, pour lui proposer de partager le feu et un peu de nourriture. Quelqu’un avec qui discuter, cela ne lui ferait pas de mal… Pour cela, il choisit de prendre de l’avance sur la piste suivie par la cavalière, lors de sa prochaine halte. Il coupa ensuite en biais, jusqu’à atteindre une petite source naturelle, et attendit tranquillement en préparant une réserve de bondaks, plante aux tiges savoureuses.

C’est ainsi que Shalane retrouva les traces de l’ermite :
- Mais que voilà donc ? Regarde, Rageur, cela ressemble étrangement à la vieille piste trouvée le premier jour de notre entrée au désert… Comment, tu ne te rappelles pas ? Celle qui s’évaporait et que je ne pouvais suivre !
Le cheval renâcla, plus intéressé par le petit lézard qui se faufilait sous son ombre au sol.
- Allons Rageur, remue un peu ta cervelle, sinon elle va frire au soleil. Cette fois-ci, c’est tout frais, nous allons peut-être savoir de qui il s’agit.

Elle dirigea donc sa monture le long des traces découvertes… Le sable glissait de sous les sabots ; Shalane observait distraitement les grains qui glissaient à intervalles réguliers. Enfin elle aperçut, près d’un campement de fortune, une silhouette assise à même le sol, qui s’affairait avec un couteau.
- Viens donc abreuver ton ami, et m’aider à nettoyer ces tiges ! Je t’ai préparé un couteau, là, sur cette pierre.
Shalane se demanda qui était ce drôle de bonhomme qui l’attendait et stoppa net son destrier.
- Allez, ne fais pas ta timide, après la raclée que tu as mise aux brigands, tu ne va pas craindre de manger un bout avec le vieillard que je suis !
- Vieillard, dis-tu ? Quel titre peu honorable pour quelqu’un qui semble déambuler depuis un moment dans cette contrée désertique… J’ai retrouvé des traces bien peu récentes, dont tu es le propriétaire.
- Ohhh, tu parles des balises que je laisse aux entrées stratégiques ? C’est pour concentrer les nouveaux arrivants en des points précis, d’où je peux facilement les observer avant leur entrée chez moi…
L’homme aux doigts noueux, tendit une branche qu’il venait de couper : « tu as déjà épuisé tes stocks de nourriture, ne craignais-tu pas d’avoir faim ?
- Non, répondit Shalane, attrapant tout en souriant la petite plante. Puisque tu es là pour me montrer où en trouver…
- Hum. Et si je retournais me cacher de toi encore quelques jours ?
- Eh bien, ma foi… J’ai toujours vu sur mon chemin de quoi remplir mon estomac, d’une façon ou d’une autre, et étancher ma soif. Si je commençais à m’en inquiéter, c’est là que je ne trouverai plus rien.
- Qu’es-tu donc venue chercher en ces lieux ? demanda négligemment le vieillard qui rassembla les tiges débarrassées de leurs feuilles.
- Je ne saurai répondre, je ne devrais pas être ici. J’ai suivi… un songe.
Le vieil homme hocha de la tête, puis commença à grignoter son frugal repas. Rageur avait fini de boire à la source, et reniflait le tas préparé par sa maîtresse. Elle lui en donna quelques brindilles, après avoir senti leur odeur, et mâcha le reste.
- Quels autres rêves as-tu faits ? demanda-t-il.
- C’est difficile de s’en souvenir, au bout de quelques jours, ils disparaissent, mais je me souviens de ce que j’en ai appris.
Un nouveau silence s’installa, pendant que la jeune femme et le vieillard s’observaient mutuellement.
- Veux-tu rester quelques temps avec moi, pour que nous partagions nos histoires ?
- Pourquoi pas ? accepta Shalane, qui lui renditson couteau. Mais je doute que tu puisses beaucoup m’aider à me rappeler.
- Nous verrons bien, sourit l’ermite, on me nomme Ashtar, dans la langue des brigands cela signifie « Crée les portes ».
- Je suis Shalane, arpentant les contrées pour apprendre et connaître, ayant le don « Œil ouvert » chez les miens. Je te remercie pour ton invitation, et je l’accepte avec… une grande curiosité.

Le campement fut levé, et tous deux rejoignirent la tanière d’Ashtar, accompagnés de Rageur étrangement calme envers un inconnu. C’était une excavation dans la roche, préservée du soleil par son orientation, et donc très agréable en pleine journée. Le mobilier était très sommaire, et des signes variés couraient sur les murs de la caverne.
Shalane s’installa dans le grand creux à l’arrière de la grotte qu’Ashtar réservait à ses invités de passage; il y avait même de la place pour son ami cheval. Une fissure étroite et sombre prolongeait ce creux, et s’enfonçait dans l’obscurité. Tous deux s’endormirent, partageant un peu de chaleur sous leur couverture épaisse, pendant que l’ermite se contentait d’un assemblage de bondaks séchées. Il ne craignait pas les nuits fraîches.

Les rêves du petit matin furent à nouveau visités par cette étrange force qui enveloppait tout. Shalane vit en songe une grande forteresse, désertique depuis apparemment bien longtemps, mais encore imposante. En songe, elle se dirigea vers elle, mais ne put ouvrir la lourde porte d'entrée.
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Message par magicbaleine » 06 sept. 2008 17:23

Le réveil fut douloureux et difficile : dormir à même le sol d’une caverne, n’était pas dans les habitudes de Shalane. Le sable du désert était nettement plus agréable. Ses côtes lui faisaient mal, comme si elle avait été écrasée et jetée au sol.
« Mais comment notre hôte peut-il dormir ainsi ? Je crois que je vais camper dehors, ou bien tresser à mon tour des tiges de bondak », soupira-t-elle.
Même ainsi, cela semblait encore trop dur pour ses os. Un peu d’eau fraîche sur les coins de peaux irrités par la pierre… Rageur piaffait déjà, observant la fissure dans le mur du fond. Quelque chose avait dû l’intéresser, un lézard des sables ou un gros insecte.

Shalane arrangea un peu ses longs cheveux : le sable et la poussière les rendait ternes, il lui faudrait donc trouver de quoi leur rendre un peu de vitalité… Quelques mèches d’argent couraient : Shalane sentait leur texture légèrement plus douce sous ses doigts. Quoiqu’avec le sable, la différence était minime… Elles s’étaleraient de plus en plus au fur et à mesure qu’elle apprendrait à « ouvrir » les yeux. C’était le signe de reconnaissance dans sa région natale. Contrairement aux cheveux blancs ou gris-poivre, ils gagnaient en souplesse en changeant de couleur. Les Archers du vents, ses derniers hôtes, l’avaient surnommé « Fille de Lune ». Dans leur folklore, les Filles de Lune, créatures célestes et immortelles, descendaient parfois sur leurs terres, pour éprouver la rigueur d’une vie humaine. Certaines, avec le temps, devenaient folles et peu fréquentables, hantant certains lieux. D’autres accordaient leurs faveurs et exauçaient les vœux, guérissaient ou créaient de nouvelles cités. Plusieurs de leurs noms étaient restés en mémoire des hommes. Mais tous ignoraient jusqu’à quelle part de vérité se fier… Pourquoi seule la tribu de Shalane avait-elle ce privilège d’arborer une couleur ressemblant à ces légendes voisines? Aucun conteur ne faisait en tout cas référence à un lien quelconque, mais les langues et l’imagination s’enflammaient vite, pour tenter de voir un héritage ancien.

Finalement, Shalane releva un peu les cheveux, en entortillant autour un ensemble de crins de son cheval, détaché de son poignet. Elle se dirigea ensuite vers la pièce voisine, et chercha de quoi préparer un modeste repas matinal. Mais rien ne semblait être prévu pour cela, ni même de quoi s’asseoir…
Le vieil homme semblait parti au Désert, probablement pour chercher de quoi remplir les estomacs. Shalane, ne sachant que faire, resta donc là, assise sur le sol à l’entrée de la caverne, guettant patiemment son retour.
Mais la journée passa, sans aucun signe de vie de sa part. Volatilisé ! Ayant trouvé quelques petites plantes à mâcher pour son cheval, Shalane se fit cuire quelques lézards à quelques pas de l’entrée et ils se désaltérèrent tous deux à la source proche, dont était partie la piste de l’ermite. Le soir tombait, quand elle se demanda si elle devait partir à sa recherche… Elle ignorait où il avait pu se rendre, et de nuit le Désert était vraiment dangereux, surtout si l’on se déplaçait. Mieux valait savoir dans quelle direction se rendre, et s’y tenir.
Des guérisseuses étaient capables de retrouver la trace d’autres personnes, à distance, voire de les contacter. Elle avait pu en observer dans une tribu bordant le Désert. L’une d’elle était même en train de former une apprentie, et avait demandé à Shalane si elle voulait essayer aussi… Mais reprenant la route le lendemain, et sachant quel était déjà son « don », Shalane n’avait pas voulu lui faire perdre son temps ; mais la proposition l’avait honorée.
La jeune fille tenta donc de se souvenir comment cette dame avait expliqué à son apprentie la façon de se connecter aux autres… Cela l’aiderait peut-être à prendre une décision : attendre encore un peu, ou dans le cas contraire, quelle direction prendre ?

Après s’être assise à même le sol, et avoir inspiré profondément, elle ferma les yeux. Faire le lien entre la terre profonde, et le ciel infini… Laisser le souffle devenir vivant. Devenir pierre. Puis arbre, guidé par le vent…
Elle se sentie plusieurs fois tirée doucement en arrière, et finit par se laisser faire, pensant se retrouver les quatre fers en l’air ! Quelque chose alors se passa et disparut, comme une chandelle éteinte par un manque d’air. Se reconcentrant, Shalane put reproduire le phénomène, et rapidement cela prit de l’ampleur en elle. Repensant à son ermite perdu, elle comprit alors et ouvrit les yeux.
Tout était noir, puis ses yeux s’habituèrent à l’obscurité de la pleine nuit. Un peu de clarté lunaire s’infiltrait dans la grotte…
« Comment ai-je pu rester si longtemps assise alors que j’avais mal dès les premières minutes ? Et sans m’apercevoir du temps écoulé ? Je ne suis restée que quelques minutes pourtant… »
En sortant de la caverne, elle leva les yeux vers la lune : un très long moment était effectivement passé ! Ecarquillant les yeux, elle se souvenait bien avoir vu la lune loin de sa position actuelle, aucune erreur était possible.

Laissant ce mystère de côté, elle se prépara à rejoindre le vieil homme.
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En eaux profondes

Message par magicbaleine » 11 sept. 2008 23:05

En eaux profondes


Guidora marchait tranquillement au milieu de la foule. C’était sur un quai, probablement dans une ville. L’eau clapotait doucement sur les rochers, en-dessous des pontons. C’était la nuit, mais tout un jeu de lumières scintillait et éclairait le chemin.
Rapidement, Guidora observa des éclats de couleur, qui constellaient les pierres affleurant la surface de l’eau… S’arrêtant pour mieux les observer, elle s’aperçut qu’il y en avait une multitude, emprisonnés dans des sortes de gangues, qu’il suffisait de frotter pour dégager.
S’étant attelée à la tache, elle héla les passants pour qu’ils en fassent autant : un trésor était à leurs pieds ! Mais presque tous passaient, sans même l’entendre. Quelques uns s’arrêtaient, et regardaient un instant, avant de reprendre leur route.
Alors Guidora se détourna d’eux, et continua son labeur, de plus en plus pénible et difficile. Un moment, elle crut entrevoir des chaînes, qui liaient ses poignets à cette roche humide et glissante. Curieusement, cela ne lui fit pas peur, juste de l’étonnement car elle ne se rappelait pas comment cela aurait pu se produire…

Relevant la tête, elle entendit un petit groupe qui procédait enfin de même, quoique sur un rocher plus accessible. Eux au moins étaient au sec, alors qu’elle était maintenant dans l’eau jusqu’à la taille, toute essouflée.
S’apprêtant à les rejoindre, elle ne put sortir de l’eau ; une force l’y maintenait et semblait attendre qu’elle continue son travail. Mais sans outils adéquats, cela devenait impossible. Saisissant une pioche, qui n’était pas là quelques secondes auparavant, elle se mit à éclater la roche, révélant une structure imposante sous la surface de l’eau, qu’elle ne pourrait jamais dégager seule de la roche. Personne ne venait l’aider, malgré ses appels : le petit groupe restait fasciné devant sa propre trouvaille. C’est alors qu’elle eut le choix : sortir de l’eau, laisser tout et partir, ou rester et continuer…

Réfléchissant, et considérant l’ampleur du travail, la jeune fille commença à remonter lentement sur le quai, enfin libérée.
Puis elle soupira, et se jeta à l’eau, reprenant la pioche et attaquant de plus belle la pierre qui emprisonnait cette force qui l’appelait ! C’est alors que Guidora se réveilla.


Une sensation étrange habitait Guidora. Le songe de cette nuit n’était pas le premier à la questionner. Elle avait déjà connu cet état au réveil. Ces couleurs particulières, qu’elle ne retrouvait que dans certains rêves. Cette certitude absolue qu’elle devait se rappeler d’une chose extrêmement importante…

Se levant, elle cria dans l’obscurité matinale : « qui es-tu donc pour m’appeler la nuit, dans mon sommeil ? Donne-moi au moins un nom, que je sache comment te retrouver ? Je voudrais mieux te connaître, or tu ne te révèles que la nuit ? Dois-je dormir éternellement pour profiter de ta présence ? »
La douleur éprouvée le jour pour la perte de son mari, alors qu’elle avait tout oublié de lui, était enfin apaisée la nuit. Comme une âme en peine, elle appelait donc de tout son être à revivre cette quiétude.

« Au moins, maintenant, je sais que c’est à travers l’eau que je dois te chercher, énergie si puissante et si douce. »

Rassemblant son barda, elle se remit en selle et partit en quête d’une source d’eau.
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Message par magicbaleine » 20 sept. 2008 10:28

En quittant le village, Guidora n’avait emporté que le strict minimum : quelques gourdes d’eau, du pain et des galettes, un coutelas qu’elle espérait assez solide, et enfin des flèches pour l’arc trouvé dans sa demeure. Elle n’en était, semble-t-il, pas la propriétaire, ou alors elle avait également oublié comment viser juste… Peut-être avait-il appartenu à son époux Norlan, mais elle ne le saurait qu’en retrouvant sa mémoire.
« Quelle rage de ne savoir même pas utiliser la moindre arme ! Je n’étais qu’une inconsciente ! Comment ai-je pu vivre jusqu’ici sans savoir me battre ? Si j’avais été une guerrière, et non une commerçante, j’aurais su me placer lors du raid de ces sales bêtes ! »

Son but serait dorénavant de trouver l’homme ou la femme qui accepterait de lui apprendre le rudiment de quelques armes. Pas tant pour se venger, mais pour combler le vide en elle : celui de son incompétence, ou de sa mémoire ? Elle-même n’aurait su le dire. La réponse verrait le jour quand elle serait, enfin, capable de se sortir d’une situation délicate en combattant.
La jeune fille n’oubliait pas non plus le rêve de cette nuit : une force l’appelait à travers les songes du petit matin… Mais comme elle avait tout oublié de la région qui l’avait vu grandir, elle devrait se fier à la chance pour découvrir une source d’eau. Tenter de comprendre pourquoi le rêve lui disait d’aller vers l’eau… C’était comme si deux vies co-existaient dorénavant en elle : celle du jour, pour apprendre à se battre, et celle de la nuit, pour mieux connaître cette présence qui habitait ses rêves…

Quoi qu’il en soit, pour ce nouveau départ, elle préférait s’éloigner le plus possible de son ancienne vie, ainsi que de tous ceux qui pourraient la relier à ce qu’elle avait laissé derrière elle. Trop de souffrance attendait de rejaillir en elle. Pas question de revivre cette douleur qui éclate le cœur, sans même savoir pour qui… Cette mémoire défaillante, à la fois salut et fardeau !

Se dirigeant vers l’Est, la jeune fille aperçut un couple de lapins qui rêvassait, dans l’herbe sèche. Encochant une flèche, elle tenta une approche et s’arrêta à l’ombre d’un rocher. Alors qu’elle venait de choisir sa cible, une pensée sombre l’assaillit, suspendant le temps. Des cris surgirent brusquement de ses souvenirs. Elle baissa immédiatement son arc, détournant la tête. Même pour se nourrir, cela serait compliqué !
Rebroussant chemin, elle se rapprocha d’un bosquet, décida de s’entraîner au maniement de l’arc pour penser à autre chose. Visant une souche, toutes les flèches allèrent se planter à côté ! Décidément, il était dit que ces pauvres lapins devaient rester saufs. Du moins jusqu’à ce qu’ils croisent la route d’un rapace ou d’un renard affamé…

Continuant son chemin, Guidora finit par s’arrêter et dressa son camp à l’abri d’un gros arbre, droit, aux branches magnifiquement étalées. Ne voyant pas les yeux qui la fixaient dans la pénombre qui s’installait, elle s’allongea pour se détendre un peu. Son cheval broutait quelques grandes herbes qui poussaient à l’abri de l’arbre. La lumière changea, dernier cadeau du soleil avant la nuit…

Ce n’est que le lendemain qu’elle trouva les herbes hautes, aplaties à son côté. La surface n’était pas assez grande pour que ce soit sa monture. Quelqu’un ou un animal était donc venu s’asseoir auprès d’elle pendant la nuit, sans faire de bruit. Qui l’avait donc observée dans son sommeil ?
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Présence

Message par magicbaleine » 27 sept. 2008 19:03

Présence

Tout au long de la journée, Guidora se demanda qui avait pu venir rôder si près d’elle durant la nuit. Cela n’avait même pas inquiété sa monture, semblait-il… Chemin faisant, elle restait aux aguets, tentant de surprendre ce qui pouvait la suivre.

« J’ai voulu partir loin de tout et me voilà déjà avec un truc à mes basques, bien ma veine ! » grommela-t-elle en sourdine. « Envie d’être tranquille et puis c’est tout ! Et si c’est animé de mauvaises intentions, alors les miennes le seront aussi. Pas question de se laisser faire sans réagir désormais ! »
Après avoir en douceur amorcé un virage derrière une colline, elle dirigea sa monture vers un arbuste assez gros pour les dissimuler tous deux. Elle attendit un moment.
Le silence, troublé de quelques chants aériens, tranquillisait le secteur. Rien à craindre en apparence.
« Si cela s’est donné tout ce mal pour s’approcher sans être vu, et laisser tout de même une trace de son passage, c’est que tout n’est pas encore fini. » pensa-t-elle.
Ses longs cheveux bruns lui tombaient sur les épaules, caressés par le vent joueur.
« A moins que ce ne soit en lien avec les rêves ? Non, je le saurai. Il va me falloir débusquer ce trouble-fête avant d’être surprise moi-même. »

Elle renouvela donc plusieurs fois dans la journée son stratagème, mais qui ne donna rien du tout. Dépitée, elle s’apprêtait à renoncer. Une nouvelle idée lui vint alors : revenir sur ses pas, pour vérifier si elle ne trouvait pas une piste différente de celle de son cheval ! « De toute façons, un peu plus de temps perdu ne changera rien. »

Décrivant un large arc de cercle sur sa droite, Guidora fit revenir sa monture vers le milieu de la route parcourue depuis le matin. Elle chercha alors attentivement la moindre trace suivant sa piste, tout en remontant le chemin. Ne trouvant rien, elle descendit de cheval pour mieux voir d’autres empreintes qui pouvaient lui échapper d’en haut. Mais les seules qu’elle trouvait étaient les mêmes que celles laissées par sa propre monture. Le soir tombait, et il devenait évident qu’elle ne trouverait plus rien.

Un délicat fumet grillé chatouilla alors son nez : du lapin… Et aux herbes, qui plus est. Son plat favori. « Voilà une chose dont je me souviens, je raffole de la viande de lapin. Si je m’en étais rappelée plus tôt, j’aurai été plus motivée pour chasser tout-à-l’heure ! Voyons qui voyage en ces lieux. »

S’approchant du campement d’où provenait la délicieuse odeur, elle chantonna pour signaler son arrivée. Un seul occupant était présent, tout vêtu de noir, capuche relevée. La silhouette était familière… Scrutant le visage masqué, Guidora sentit trembler tout son corps, alors que l’homme dévoilait sa tête.
« Sois la bienvenue, Guidora, du Camp de la Nuit. »

L’homme avait une expression sombre et taciturne. Son calme et ses gestes étaient lents, et tellement différents du grondement de sa voix.
« Approche, et installe ton cheval près du mien. Nous avons beaucoup à discuter. »
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Message par magicbaleine » 05 oct. 2008 09:04

Devant l’air décidé du voyageur, Guidora ne put s’empêcher d’hésiter. Son visage semblait annonciateur de reproches, et cela malgré les paroles d’accueil.
La crainte naissante qu’elle ressentait devant lui était bien réelle. Si elle n’avait pas reconnu l’homme assis, cela serait certainement devenu de la panique. Comment un seul être pouvait-il dégager tout cela, sans faire le moindre geste ? Son énergie et sa force irradiaient avec une telle intensité, qu'elle se sentait comme une pauvre souris devant un carnassier !

L’homme lui désigna la place en face de lui. S’asseyant, Guidora se sentit presque rassurée d’avoir le feu pour les séparer tous deux. Bien que cela n’était qu’une protection dérisoire. Rassemblant son courage, elle lui répondit:
« - Homme, pourquoi m’avoir suivie ? Je me souviens t’avoir rencontré au Camp de la Nuit : nous étions proches, assez pour nous unir, bien que je n’ai pas tout compris. Mais je ne suis plus ta femme, même si celui que je pleure dans mon cœur est mort.
- Tu devais demander conseil aux Anciens, avant de partir, répondit-il sèchement. Personne ne souhaite qu’il t’arrive quelque chose durant ton voyage. »
Les éclairs de ses yeux annonçaient un moment difficile.
- Si je n’avais pas tout perdu dans cette attaque, oui. Mais ce n’est pas qu’une vie qui s’en est allée ce jour-là : la mienne aussi a été disloquée, et je n’en ai rien gardé, pas même les coutumes de « notre » clan. Je ne suis plus chez moi, là-bas.
- Cela n’efface pas notre serment de fraternité ! Tant que je marcherai sur cette terre, je serai tenu de le respecter. En partant comme tu l’as fait, tu me mets dans de sales draps !
- Alors, je te délie du serment ; d’ailleurs, tu peux considérer que celle que tu as connue est morte dans le raid des dragons. Retourne le dire aux Anciens, tu n’as pas d’autre choix, dit-elle d’une voix basse, en se relevant.
« Dommage pour le lapin, pensa-t-elle, mais je ne peux plus rester là avec lui… »

- Reprends place, Sœur, gronda Digar d’une voix menaçante. Tu n’as rien compris ! Je me dois de veiller sur toi, quoi que tu en dises. J’ai bien compris que tu ne rentrerais pas au village. Mais avant de te laisser errer dans la nature, je dois m’assurer que tu seras en sécurité.
- Et puis quoi encore, je n’ai pas besoin d’un chaperon, Frère ! Et c’est justement ce que je veux, apprendre à ne dépendre plus de personne, hurla-t-elle, oubliant sa peur.

Un déclic se produisit, entendant ce qu’elle venait de dire, Guidora comprit qu’elle ne cherchait pas qu’à apprendre à se battre, mais aussi à fuir tout lien humain. Ce fut comme un poids invisible, accroché à ses épaules, qui se décrochait. Des mots jaillirent dans sa tête : « écoute-le ». Ce n’était pas une voix, car ces mots étaient apparus comme un souvenir de quelque chose, déjà entendu…

Pendant ce temps, Digar, qui n’avait évidemment rien entendu, tempêtait de plus en plus fort, et si ses souvenirs épars ne lui avaient soufflé de ne rien craindre, la jeune fille aurait eu la frousse de sa vie… Se rasseyant alors le plus calmement possible, elle écouta son frère de lien, lui expliquer le serment qu’ils avaient prêté.
Pas de doute, s’ils passaient ainsi tous deux si rapidement à la colère, leur histoire n’avait pu durer longtemps. Il lui faisait l’effet d’un prédateur, qui pouvait fondre sur sa proie et l’anéantir s’il le désirait. Et ses yeux devenaient si noirs quand l’orage se déchaînait dans son regard.
- Je me souviens ! Tigre Noir ! C’est ainsi que je t’ai appelé, non ? s’écria-t-elle.
- Oui, Guidora, répondit-il, après un soupir.
La tension était retombée.
- Mangeons donc ce repas avant de profiter de quelques heures de sommeil, ajouta-t-il. Demain, je t’emmène voir quelqu’un, qui m’a appris dans le temps comment me battre. Je le préviendrai demain de notre arrivée, par les signaux de fumée. Après, je pourrai te laisser.
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libération

Message par magicbaleine » 12 oct. 2008 15:18

Libération

Guidora se promenait dans un paysage de landes, assez étrange. Tantôt perdu dans les brumes argentées, tantôt dégagé et désert à perte de vue. Les changements étaient parfois abrupts. Quand les rideaux gris étaient présents,plus rien n’était visible, pas même le sol.
Lors d’un de ces éclaircissement, Guidora vit même la terre disparaître par endroits : elle marchait entredles précipices, dont on n’apercevait pas le fond. Pourtant, visibles ou non, ses pieds se posaient toujours sur une partie ferme, sans qu’elle n’ait besoin de faire attention.
Au détour d’un chemin, elle vit une ombre, silhouette humaine encapuchonnée, immobile au milieu du sentier.
La jeune fille s’approcha, tout était silencieux autour d’eux. L’ombre se retourna, dévoilant un vieux visage : l’homme était plutôt petit, et le regard tellement malicieux ! Ses yeux se plantèrent pour fixer la rêveuse, et il sourit. C’est alors qu’il disparut subitement ! Encore ces changements inattendus…




Guidora se réveilla avec cette sensation de lourdeur, comme après tout rêve de ces derniers jours. Pendant quelques minutes, elle se sentirait encore « entre les mains » d’une grande force. Et toujours cette impression que quelque chose d’important s’était passé…
Démêlant sa crinière noire, elle se dirigea vers sa besace, pour y remettre un peu d’ordre, et en sortir quelques derniers biscuits secs.

Digar, quant à lui, s’était aussi réveillé, et activait le feu : ayant mis à chauffer un peu d’eau, il s’éloigna pour trouver assez de branches pour faire ses signaux de fumée. Ainsi, le maître d’armes saurait qu’une visite l’attend aujourd’hui, avec quelqu’un à former.
Quand il revint, il souleva le couvercle de la petite marmite chaude, et jeta dans l’eau quelques feuilles sèches, tirées d’un sachet accroché à sa ceinture. Une fois infusées, il posa le récipient à côté de lui, sur une pierre plate. Le feu, une fois bien activé, servit alors à envoyer le message, à l’aide d’un large tissu épais.
Quand il eut fini, Guidora avait coupé le gros pain emporté par son compagnon de voyage, et cherchait où il avait pu ranger sa gamelle et sa coupe. Les ayant trouvées, elle versa le liquide parfumé et chaud de la marmite, après avoir pris soin de retirer les feuilles.

Ils se restaurèrent rapidement, en silence, s’observant par moments, droit dans les yeux. Mais aucun n’aurait pu dire à quoi pensait l’autre…
« Les premières feuilles jaunes commencent à tomber, il ne faudra pas lambiner en chemin », songea l’homme.
Beaucoup de travail l’attendait au village, pour reconstruire avant les froids ce qui avait été brûlé par les dragonnets. Toutes les bonnes volontés seraient nécessaires. En confiant sa sœur de lien, Guidora, à son ancien maître d’armes, il pensait gérer au mieux la situation : jamais il ne la laisserait partir sans être prête, elle serait à l’abri, et apprendrait ce qu’elle a à découvrir.
« Je suis donc tranquille un bon moment, elle apprend très tard à combattre, cela prendra donc du temps… »

Guidora, perplexe, observa un fin sourire se dessiner sur les lèvres de Digar : « s’il peut me mener à une personne qui accepte de m’enseigner les armes, tant mieux. C’est ce que je voulais, et après il me fichera enfin la paix. Pas besoin d’un ex-mari dans les pattes, ou frère de lien peu importe ! »

Sitôt le camp levé, ils se mirent en route, les montures au pas. Guidora ne laissa pas Digar mener seul devant, même si elle ignorait le chemin à suivre. Le rôle qu’il tentait de s’attribuer, en voulant la protéger, ne lui plaisait pas du tout, et elle entendait bien l’empêcher de l’endosser. « Tu as beau ressembler à une bête féroce quand tu t’énerves, je ne vais pas me laisser faire pour autant, que diable ! », pensait-elle.

En pénétrant dans les landes désertiques, Guidora stoppa net son cheval. Elle chercha des yeux les rubans de brume qui manquaient pour compléter le rêve de cette nuit ! Chercha des yeux le petit bonhomme malicieux. Digar ne l’attendait pas et continuait, imperturbable : « vite, car de nuit le secteur est bien plus dangereux que de jour, et je ne tiens pas à m’éterniser auprès du maître. Je le reverrai plus longuement quand je viendrai prendre de tes nouvelles au printemps. »
Guidora eut cette terrible impression, qu’elle ne contrôlait rien, que la terre pourrait effectivement à l’instant s’ouvrir sous ses pieds, comme cette nuit. Un peu comme un animal tapi dans l’ombre, qui guette sa proie… Même en sentant sa présence, pas moyen de dire où il est vraiment et d’où il attaquera.
Elle fit avancer sa monture, comme hypnotisée par le paysage qui se déroulait sous ses yeux. Tout semblait tellement vivant, malgré le fait d’être dans un désert… Pierres, bois mort, ciel bas. Les choses, qui auraient dû être inanimées, irradiaient de vitalité ! Guidora eut même l’étrange sensation d’être elle-même un objet de curiosité pour ce lieu.

S’arrêtant au bas d’un grand amas rocheux, Tigre Noir descendit de monture, lui fit signe de faire de même, et lui désigna le sommet : levant la tête, Guidora vit une jeune fille aux cheveux parsemés d’argent, qui escaladait à main nues le monticule. Elle était presque arrivée au sommet : une petite silhouette en haillons l’y attendait, aux cheveux grisonnants et fit signe aux nouveaux arrivants.

Sur un geste du maître, Digar commença à remonter en selle :
- « tu ne seras donc pas seule à te former au combat, bien qu’elle soit déjà adulte semble-t-il… Au moins, vous aurez le même niveau, plaisanta-t-il, le vieil Ashtar commence tout juste avec celle-ci.
- Frère Tigre, veux-tu bien garder ma monture ? répondit-elle, comme déjà lointaine. Elle ne me sera plus d’aucune utilité : je suis là où je devais être. Et dans ce désert, elle sera bien malheureuse, » ajouta Guidora en lui tendant les rênes.
Décrochant son sac et ses armes, elle se dirigea ensuite vers la tanière d’Ashtar. A mi-chemin, elle ajouta doucement : « je te remercie. » Et après une courte pause : « ne reviens pas. Ni au printemps, ni plus tard. Ton lien avec moi s’est défait ici-même. »

Et Digar sentit son cœur oublié depuis bien longtemps : la jeune fille, qui s’éloignait, le lui avait rendu… A l’instant où ces derniers mots étaient sortis de sa bouche. Plus de poids sur la conscience. Que l’envie de repartir, heureux, vers son village, démarrer une nouvelle vie…
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Soeurs de lien

Message par magicbaleine » 25 oct. 2008 12:08

Sœurs de lien

Ayant escaladé le monticule rocheux, Shalane rejoignit son hôte, l’ermite Ashtar. Elle sentait que quelque chose de différent se mettait en place : comme une force immense qui s’éveille, et qui croît sans rencontrer de limites. Tout le désert autour d’eux semblait vivre et résonner, en réponse à un appel nouveau.
Et toutes ces choses inertes qui devenaient vibrantes de vie ! Comment tout cela pouvait –il « parler » en même temps ? Pourquoi tous s’éveillaient-ils maintenant ? Comment n’avait-elle jamais perçu cette présence de chacun ?
C’était comme si chaque plante, chaque brin d’herbe se joignait en chœur pour produire un chant d’une énergie si puissante, si douce aussi. Pourtant, ses oreilles n’entendaient que le souffle du vent qui se lève. C’était bien présent, mais dans sa propre tête ! Shalane fut également surprise de remarquer qu’à chaque fois qu’elle portait son attention sur l’une des choses qui se mettait en vie, celle-ci « chantait » plus fort, comme en réponse pour communiquer avec elle !
Décontenancée, Shalane pensa : « ce n’est pas possible, tout n’est que coïncidences ! ».

Tout cessa alors brusquement ! Le vent continuait de rugir, mais moins fort semblait-il… Perplexe, elle regarda le vieil Ashtar qui souriait, amusé.

« Déjà, je ne m’étais pas trompée sur ce point. J’avais bien senti sa présence tout en haut de la caverne, quand je le cherchais tout-à-l’heure. Ce pourrait-il que cela aussi soit vrai ? »

Elle tenta, lentement, de se reconnecter aux énergies qui avaient animé ce lieu. « Désert des Mille Morts », serait-il possible qu’il soit au contraire le « Désert des Mille vies » ? Une première vibration se fit sentir, encourageant Shalane à lâcher tous les verrous qu’elle pouvait pour s’unir spirituellement à cette énergie infinie.
Et tout reprit, comme si rien ne s’était interrompu, vibrant de manière harmonieuse et consciente, tout en acceptant le contact avec elle qui n’y connaissait rien. Toute cette puissance sur le monde, et jamais elle ne l’avait sentie ! Elle comprit qu’elle n’était pour rien dans ce phénomène, que tout existait déjà par soi-même, non pas caché des yeux mais que c’était elle qui avait eu les yeux bandés depuis si longtemps… Pourtant dans sa tribu, elle était de ceux qui avaient été surnommés « Oeil ouvert »… Mais ce n’était rien en comparaison avec ce qu’elle vivait à l’instant.

Se tournant vers l’ermite, elle le vit qui faisait signe à quelqu’un, en bas du monticule. A regret, elle « lâcha » la douce mélopée et se sentit retomber, comme si des bras l’avaient enveloppée un moment.
Regardant dans la même direction que lui, elle aperçut deux cavaliers, dont l’un se remettait en selle pour repartir, laissant derrière lui une femme aux longs cheveux foncés. Elle allait rester un moment ici, puisque l’homme repartait avec les deux chevaux.
Comme Shalane observait la nouvelle venue, celle-ci leva les yeux au même instant, rivés dans sa direction, comme si elle avait senti son regard.

Ashtar indiqua à Shalane un chemin caché derrière, pour redescendre tranquillement. Il accueillit celle qui venait à lui, une nouvelle élève pour apprendre le combat…
Décidément, ce vieil homme avait bien des surprises en réserve. Shalane savait qu’il commerçait avec les magiciens du coin pour leur fournir certains ingrédients spéciaux qu’il trouvait dans le désert. Elle avait vite compris que c’était également un pisteur hors pair, mais elle ignorait qu’il avait été maître d’armes !

« En y repensant, je comprends mieux comment il arrive à survivre dans ce lieu mortel, avec toutes ces créatures maléfiques qui rôdent à la tombée de la nuit… ».

Ce petit homme était décidément bien original. Shaman, mage, prêtre ou guerrier, impossible de lui coller une étiquette. Elle comprit subitement qu’elle allait rester auprès de lui bien plus longtemps qu’un court séjour, que son invitation à séjourner avec lui n’était pas que pure politesse envers une voyageuse. Tant de choses se passaient autour de lui.

« Je suis chez un Guide ! Un de ceux qui sont cherchés durant des lustres par ceux qui veulent devenir apprentis, alors que je ne cherchais qu’à voyager de village en village... »

Elle suivit donc Ashtar vers la femme brune, qui venait à leur rencontre.
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