Le Havre des Bâtisseurs

[panchino]

« Aventurier, baladin, réfugié, bandit de grand chemin,
Te voici arrivé sur les terres du royaume de Delain,
Ou plutôt devrait-on dire… sous les terres… »



Sous les terres…

Depuis la Révolte de Mai, l'hiver succédant au printemps, charriant les alluvions de l'histoire, ponctuations égrenées de la mémoire des hommes, les ans lèvent toujours plus loin la marée qui envahit à les engloutir les souterrains redécouverts...


Des siècles plus tôt, l'Empire fracassé, écroulé sur lui même, avait fait place à des royaumes affaiblis et en mal de grandeur. Malkiar né d’une folie put s’élever tranquillement sur le terreau des rivalités des puissants. Aucun ne pouvant contenir la menace démoniaque sans offrir les flancs à ses ambitieux voisins, et la mépriser fut le consensus des nations en lutte.
On fit alors sceller les voies qui mènent à la demeure du démon réincarné, lui concédant de fait un domaine et non une prison… pour qui se prépare à la guerre une aubaine, du moins une occasion.

Les hommes oublièrent ou firent mine, consacrés à la reconstruction des souverainetés de la surface, pendant que des royaumes dans l’obscurité naissaient.


Vint le temps où les verrous ne purent plus contenir l’engeance devenue légion, suintant insidieusement sous la pression du nombre, et par geysers manifestant sa résurgence.
L'Année des Rats, par ses périodiques invasions et la Peste qui s’ensuivit, fit trembler sur ses fondations l’édifice de déni longtemps entretenu. Les premiers raids Morbelins poussèrent les puissants à enfin réagir face à la montée dès lors évidente de la Menace-Venue-d’En-Bas.

Un Conseil de guerre fut formé. Il décida l’intervention de l’armée aux frontières de la Source. Des hommes et des femmes, aventuriers de tous horizons s’enfoncèrent alors en son cœur avec pour mission de retrouver les anciennes voies perdues.
L’histoire retiendra l’épopée d’un petit groupe d’acharnés qui, premier de cordée, brisa la magie d’un sceau qui gardait une entrée et sans peur ni reproche s’élança vers un épique destin.


Cette période fut le siège de bouleversements sociaux et politiques. On vit naître et croître de multiples mouvements, parfois ressuscités d’un antique passé, d’autres s’amenuiser et disparaître. On supplia les Dieux avec une croissante ferveur, leurs congrégations gagnèrent en pouvoir, les églises prirent le chemin de la croisade. Les monarques se réconcilièrent et une paix méfiante s’imposa à tous comme nécessaire.

Les souterrains, comme nouveau centre d’opération militaire, accueillirent en leur sein chaque jour un peu plus les fous en quête de gloire, les droits insinuant l’ordre, les curieux avides de mystères, les ambitieux pour le pouvoir… Quels que soient ses objectifs, ses origines, ses opinions, ses obédiences, chacun y eut ou prit une place.


C’est dans un contexte de guerre permanente où la force du fer fait loi que la vie s’organise désormais. En guise de construction sociétale, des regroupements hasardeux, chahutés par la houle des événements, s’élaborent et se dissolvent. Le microcosme delanien, telle une foule bousculante, est parcouru irrépressiblement de soubresauts convulsifs.


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