Un vieux parchemin poussiéreux...

[Kakita Ryojin]

Sans relâche, Aenarion suivait Soreclis en courrant depuis une semaine. Ils s'étaient enfoncés dans les profondeurs du troisième sous-sol à la recherche de l'escalier Ouest. Il n'y avait pas âme qui vive dans cette partie des souterrains, les pas du jeune elfe résonnaient lugubrement dans l'ombre ambiante. Suivre Soreclis n'était pas une mince affaire, ce dernier semblait visiblement très pressé de retourner à l'étage inférieur et avait adopté un rythme des plus soutenus. Néanmoins, l'idée d'être intégré à un groupe de chasse avait fait naître chez Aenarion un sentiment d'impatience tenace. Aussi, se contenta t'il de suivre le De Profundis qui marquait épisodiquement quelques arrêts afin de permettre au cadet de ne pas perdre sa trace. Au cours d'une de ces pauses, Soreclis confia à Aenarion qu'ils étaient sur le point d'arriver. Il précisa également qu'un groupe les attendait déjà à proximité des escaliers. Lorsqu'il en su un peu plus, Aenarion sentit son impatience croître et son excitation décupler. Il lui tardait d'explorer le quatrième sous-sol, encore plus au sein d'une telle compagnie.

Une grimace de dégoût déforma les traits délicats de Nenya aussi tôt qu'elle pénétra à l'étage récemment ouvert. Les couloirs étaient bas de plafond, et l'atmosphère oppressante. En ces lieux, il faisait plus sombre que partout ailleurs dans les souterrains. Une odeur rance planait partout, et, on entendait sans cesse les horribles bruits de succion qu'émettaient les affreuses créatures qui pullulaient à cet étage. La jeune femme fut horrifiée de constater que les souterrains ne lui avait pas encore livré toutes leurs abominations, et, contempla avec circonspection les séides de Malkiar qu'elle n'avait encore jamais vu. Amai Ethen passait le plus clair de son temps à organiser les troupes Renards de l'étage, mais, il semblait également avoir eu à régler un certain nombre de choses avec Eléria dont la mine froide ne rassurait pas vraiment la jeune écuyère. Heureusement, Herdek Dendur s'était montré charmant avec Nenya, et, à ses côtés, elle se sentait rassurée. Un engouement frénétique semblait s'être emparé des aventuriers qui se trouvaient à proximité, les grandes guildes avaient envoyé de fortes délégations à cet étage, et, on ne comptait plus les aventuriers du Clan Warloque, les Transfuges de Nordock, les Chevaliers de Justice ou les Renards Mercenaires. Tous découvraient un nouveau fragment des terres de Malkiar et entendaient bien en tirer un profit substantiel. Certains comportements regrettables attristèrent Nenya, mais, faisant fi de la tension ambiante, et, avec l'autorisation de son Seigneur, la jeune femme se rendit à l'Hôpital en toute hâte afin d'adresser quelques prières aux puissances chtoniennes. Au sein, de ce dernier, alors qu'elle prenait un modeste repas avant de reprendre la route, Nenya songea à Aenarion. Elle espérait que le jeune elfe ne risquait pas sa vie inutilement, et, qu'ils se retrouveraient bientôt.

Darn sentit soudain une force nouvelle affluer en lui. Il se retourna et vit Nenya. La jeune femme lui fit un bref signe de la tête et s'éloigna en direction des murs du Temple qui s'élevaient au loin. Fort de cette puissance, le nain se rua sur une des masses gélatineuses qui rampaient en chuintant dans le secteur. Le combat ne fut pas très éprouvant, en effet, nombreux étaient les aventuriers qui combattaient à proximité de Darn. Soudain, alors qu'il scrutait les environs à la recherche de Gellok, une déflagration de puissance pure fit se retourner tous les aventuriers. Une silhouette malfaisante se dessina sous les yeux ébahis des combattants, au centre d'un cercle de flammes bleutées, une créature de plus impressionnante venait d'apparaître. Le corps de cette dernière était couverte d'écailles luisantes, ses membres inférieurs musculeux se terminaient par des sabots d'airain dont d'énormes étincelles se dégageaient à chaque mouvement de la bête. Le torse de cette dernière, rougeâtre et parcouru de veines pulsatiles, confirmait par sa seule masse la puissance du démon. Ses bras vigoureux maniaient avec dextérité un énorme trident d'obsidienne. En un abominable hurlement, la bête chargea les aventuriers les plus proches, à quelques pas de Darn. Sa gueule s'ouvraient sur une double mâchoire bardée de dents acérées, une langue bifide claquait à chacun de ses cris, et, il n'était pas rare de voir des flammes jaillir de sa bouche. Les coups que porta la créature ébranlèrent ses opposants, mais, ces derniers, parmi les plus braves guerriers du Clan Warloque et des Renards résistèrent vaillamment et attaquèrent le démon sans relâche. Leurs armes crissèrent sur la peau de la bête, mais, leur persévérance finit par payer, et , de nombreuses blessures couvrirent bientôt le corps impie du nouveau serviteur de Malkiar. Acculé, le démon fit quelques pas en arrière, Darn, sentant monter en lui une frénésie guerrière irrépressible chargea en hurlant. Il abattit son arme à deux reprises dans le dos du monstre, juste au dessus du bassin. Il y eu un craquement sinistre, puis, un cri assourdissant. Terrassé, le démon fut agité de quelques soubresauts, puis, explosa en une gerbe de flammes et d'énergie, projetant à terre les combattants qui l'entouraient. Tous se regardèrent bouche bée, ils en étaient venus à bout ensemble, ensemble ils en tireraient les bénéfices, car, nul ne ressort le même d'un tel combat. Commerce oblige, Darn ramassa l'arme du monstre, mais, très vite, il déchanta : l'arme était monstrueusement lourde. Il arrivait à peine à la soulever du sol, qu'allait il donc pouvoir faire d'une telle chose ?

[Kakita Ryojin]

A peine était il arrivé au quatrième sous-sol, qu'Aenarion rencontra Merrick, Bricogne et Nyctalope. Ces derniers combattaient nonchalement quelques gelées, et une harpie dont les cris stridents accueillirent l'entrée du jeune elfe au plus profond des souterrains. Aenarion les salua rapidement, les questionna sur la direction qu'avait empruntée Soreclis qui avait pris un peu d'avance, puis, reprit la route en courrant.

Très vite, il retrouva son compagnon de voyage. Il se tenait légèrement à l'écart d'une des créatures qui semblaient tant l'avoir prit en affection : un basilic géant. La bête était énorme, toute en écailles luisantes et solides comme l'acier, en griffes acérées et en crocs. Elle siffla avec hargne, alors que Blade et Pepe Genepy manoeuvraient pour encerceler le monstre ophidien.

Soudain, le regard froid du lézard-roi s'arrêta sur Aenarion. Le sang de l'elfe ne fit qu'un tour. En sifflant à tout rompre, le basilic chargea. Le cadet n'eut même pas le temps de bouger et du accuser la violence du coup. L'énorme griffe avait laissé une large plaie sur la poitrine d'Aenarion. Heureusement, Soreclis eut un temps de réaction époustouflant, il invoqua le pouvoir des énergies thaumaturgiques et referma la blessure du cadet. Remis sur pied, Aenarion s'écarta du basilic en un bond.

Le combat ne faisait que commencer !

!

[Kakita Ryojin]

Alors qu'elle achevait avec élégance une des masses gélatineuses informes qui s'avancaient en un horrible concert de chuintements et de bruits de succion, Nenya apercu, non loin de son Seigneur Amai Ethen, une silhouette qu'elle ne connaissait pas. Intriguée, elle s'avança dans sa direction. Qu'elle ne fut pas sa surprise d'entendre un des aventuriers murmurer le nom du traître en désignant le nouveau venu. La jeune écuyère sentit un sentiment indéfinissable s'emparer d'elle. Elle se porta auprès d'Akitene, et, les mains bien campées sur les hanches, elle riva son regard dans le sien.

Ses mots furent clairs et tranchants : elle ne tolérerait pas une seconde que l'individu s'approche d'avantage de son Seigneur. Elle comprenait parfaitement le courage qu'il avait fallu à cet homme pour accomplir sa destinée, néanmoins, elle ne lui accordait qu'une confiance toute relative. Le traître sembla légèrement estourbi par l'agressivité de Nenya, mais, avant qu'il eut le temps de répondre, Amai Ethen prit la parole. Il modéra les propos de sa bouillante écuyère et conversa quelque peu avec Akitene. Nenya, légèrement calmée, finit par s'excuser, et, tout en gardant un oeil sur les agissements de l'ancien membre de la Main du Mal, se posta aux côtés d'Amai Ethen, aux prises avec un pudding de combat.

[Kakita Ryojin]

L'heure était grave, la horde malfaisante de la Main du Mal, appuyée par des mercenaires sans foi ni loi, avait fait une entrée fracassante au quatrième sous-sol. Très vite, la nouvelle avait rayonné au sein de l'étage. On apprit tout aussi vite que le Seigneur Matheleven s'était avancé vers l'ennemi sous le contrôle duquel il semblait être tombé.

Amai Ethen semblait soucieux, et, le basilic qu'il combattait n'éveillait chez lui qu'un intérêt très limité. Il attaquait machinalement, toujours appuyé par la magie de son écuyère. Nenya ne cessait de le regarder, elle avait été à ses côtés depuis le début de la guerre, et, elle ne l'avait que très épisodiquement senti si troublé. La capture de son ami Matheleven devait y être pour quelque chose, mais, la jeune femme se demandait parfois si son Seigneur n'était pas las. Accablé par les obligations d'un chef de guilde, sollicité sans cesse par les alliés des Renards, et, préoccupé par l'imminence d'un terrible conflit, le Seigneur elfe devait déployer une énergie considérable pour mener à bien la tâche qu'il s'était fixée.
Nenya se mit alors à songer à la raison qui poussait les doigts griffus de la Main à une telle incursion. Leur arrivée était trop fracassante que pour être innocente, une atmosphère d'hystérie semblait s'être emparée des rangs des affreux, mais, la jeune écuyère eu la certitude que cela n'était qu'un écran de fumée. La Main était là pour une raison précise, elle en eu l'intime conviction, ses doigts maléfiques se reserraient peu à peu en une mortelle étreinte. Secouant brièvement la tête, Nenya sortit de ses rêveries, elle croisa alors le regard de son Seigneur Amai Ethen. Ce dernier lui adressa un sourire radieux auquel elle s'efforca de répondre, mais, l'humeur n'y était pas. Une crainte sordide avait éclos en elle : Amai Ethen était il particulièrement concerné par les sombres manoeuvres de la Main du Mal ?

[Kakita Ryojin]

Une fois le basilic achevé par les soins d'un Pepe Genepy à la fougue débordante, Aenarion s'était légèrement éloigné du groupe afin de récolter les nombreuses runes qui jonchaient les salles que le groupe de chasse parcourait. Alors qu'il contemplait avec contentement les réceptacles énergétiques qu'il avait ramassé, le jeune elfe entendi un cri strident dans son dos. Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver nez à nez avec deux lutins piaillant et sautant en tout sens, les étranges créatures l'attaquèrent sans tergiverser. Très vite, Aenarion se rendit compte qu'ils ne constituaient pas une véritable menace, mais, il déchanta très vite quand une gelée verdâtre à l'odeur palustre et deux rennes écumant crurent bon de venir participer à la petite sauterie. Légèrement désemparé, l'elfe tenta de se défendre autant que possible, mais, les coups qui pleuvaient sur lui entamèrent assez vite sa résistance. Heureusement, alerté par les cris des monstres, Blade, avec une vitesse déconcertante, se porta au secours du cadet. Epaulé par la magie débutante d'Aenarion, le De Profundis commenca à faire le ménage, tout en offrant l'opportunité au jeune elfe d'en apprendre plus sur l'art du combat.

Très vite, deux nouveaux venus changèrent à nouveau la donne. Alors que le combat venait de commencer, une elfe au port altier s'avança depuis l'Ouest en direction de l'escarmouche impliquant Blade et Aenarion. Elle portait les couleurs des Suivants d'Astaroth, et, il émanait d'elle une incommensurable puissance. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que les fluxs magiques devaient lui obéir au doigt et à l'oeil. Dès son arrivée, elle attira le cadet un peu à l'écart du combat et lui parla en des termes qu'il n'allait jamais oublier : Noble ami,

J'ai ouïe dire que vous vous adonniez à l'usage de certaines substances, certes agréables, mais qui vous font perdre pied avec la réalité. Sieur Blade m'a fait part de son inquiétude, face à cette déchéance lente et inexorable qui vous attend, et je déplore cette attitude à négliger même sa propre vie. Notre peuple n'est guère suffisamment nombreux pour que la quête de ces nirvanas virtuels et mortels ne nous inquiète. Je ne puis adhérer à de telles pratiques, surtout lorsque d'autres expériences sont à notre portée. Je vous parle d'arts que peu de nos congénères sont capables d'attteindre ou même d'imaginer, des pratiques qui procurent puissance et pouvoir, qui satisfont les curiosités les plus vastes et la recherche de l'ultime. Imaginez des sensations que jamais vous n'avez ressenties, celles qui entrainent l'esprit dans un monde qu'aucune drogue ne pourra vous faire atteindre.
Je suis prête à vous montrer cette science et ce chemin, prête à vous guider dans les méandres et vous procurer ce que nulle part ailleurs vous ne pourrez trouver.
Etes vous prêt à explorer cette voie ? Etes vous pret à endurer les épreuves et les frustrations ?

J'apprécie fortement que vous me proposiez une telle chose, et, même si mes opinions en ce qui concerne la drogue divergent légèrement des vôtres, je suis tout disposé à reléguer mes travers afin de vous accompagner sur la voie particulière que vous désirez emprunter.
A vrai dire, l'excitation qu'a fait naître en moi la seule idée de partir à vos côtés en quête d'un savoir ésotérique pourra, c'est une certitude, me faire oublier sans peine les besoins les plus vils de mon triste quotidien

répondit Aenarion d'une voix peu assurée, étonné qu'il était par la franchise avec laquelle l'elfe lui avait adressé la parole.

Comme pour sceller un accord, la magicienne tendit alors au cadet un somptueux présent. Bouche bé, Aenarion déplia précautionneusement la pièce d'armure : elle était d'une légèreté déconcertante, mais, semblait également d'une résistance à toute épreuve. Après avoir sincèrement remercié sa nouvelle mentrice, Aenarion enfila l'armure et, en même temps que l'elfe, se jeta à nouveau au plus fort du combat. Là, grâce aux conseils précieux qu'il avait recu, le cadet fit appel pour la première fois à la magie des runes. Ce fut un succès, et, sous le regard approbateur de la magicienne, Blade vit ses aptitudes guerrières connaîtrent un sommet d'efficacité.

Alors que les monstres semblaient s'être donnés rendez-vous à l'escarmouche au sein de laquelle combattaient aprement nos trois elfes, Aenarion vit s'avancer depuis le Sud-Ouest une silhouette qui ne lui était pas inconnue, Skwi maugréant, en solitaire comme à l'accoutumée, pressait le pas dans leur direction. Le cadet sentit alors un sourire poindre sur son visage, les séïdes de Malkiar n'avaient qu'à bien se tenir...

[Kakita Ryojin]

Darn était ulcéré, les missives qu'il avait reçues ces derniers jours étaient de la pire augure. Ses caravaniers avaient été décimés. Bele, Bella et Gaaaork avaient eu à subir les assauts de meurtriers avides de richesse, Kahinir semblait avoir connu le même sort. Même Florian, dont les talents guerriers n'étaient plus à vanter, avait bénéficier d'un retour ves le cloître d'un temple du premier sous-sol.
Heureusement, les nouvelles de Fano, de Thrasymaque et d'Husquar-Vana Tarazak, son frère ainé, étaient plutôt bonnes. Ils faisaient route vers les profondeurs, enfin, la Caravane allait pouvoir se mettre sérieusement à renflouer ses stocks.
Alors qu'il s'élançait au contact d'un basilic géant autour duquel plusieurs aventuriers s'affairaient déjà, Darn remarqua la silhouette trapue de Gellok, un des caravaniers les plus pugnaces. Le nain déployait toute sa force et combattait comme un beau diable. Fier de compter un tel personnage dans les rangs de la guilde marchande, Darn lui fit un geste amical et se rua en hurlant en direction de la panse du monstre.

[Kakita Ryojin]

La partie de chasse qui se présentait sous un jour agréable, prit, peu après l'arrivée de Sigtal de la Légion Phénix, une tournure des plus interpellantes. Alors que Blade, Soreclis, Pepe Gennepy, Skwi et Sigtal combattaient comme de beaux diables, soutenus par la magie d'Aenarion et les pouvoirs incommensurables d'Eladämri, un déluge de créatures s'abattit sur eux.

Trois BouZeux qui s'étaient aventurés inconsciemment à la cueillette de matériel succombèrent très vite sous les assauts rageurs de démons mineurs, de basilics et d'objets animés d'une vie impie. Et, malheureusement, quand ils en eurent terminer avec ces malheureux, les servants de Malkiar détournèrent leurs regards torves vers le petit groupe de chasse.

Très vite, Aenarion et ses compagnons de voyage eurent à subir les attaques frénétiques d'une trentaine de monstres déchainés. Malgré le caractère désespéré du combat, Blade parvint à maintenir le moral des troupes. Ses ordres étaient clairs et donnés d'une voix forte qui n'invitait pas à la discussion. En vérité, seul Soreclis, un peu tête brûlée, se permettait de temps à autres une petite action à sa sauce, et, bien souvent, cela détendait l'atmosphère.

Dans les heurts et le fracas du combat, Sigtal offrit de nombreuses runes à Aenarion qui progressait de plus en plus dans l'apprentissage de son premier sort. Quand il n'essayait pas d'améliorer les performances guerrières de ses amis, il s'appliquait à les soigner aussi vite que possible. Légèrement à l'écart du groupe, aux prises avec un énorme troll et une épée animée, Eladämri déployait toute sa puissance. Une aura éclatante l'entourait, ses gestes gracieux étaient accompagnés d'arcs électriques bleutés, et, sa voix s'élevait avec une limpidité déconcertante quand elle appelait les pouvoirs qui sommellaient en son sein. Tantôt, elle paralysait un démon mineur écumant de rage, tantôt, elle enveloppait d'une vague curatrice un des guerriers qui avait eu à subir les attaques de plusieurs monstres, tantôt, elle concentrait son pouvoir en un trait meurtrier. Aenarion ne pouvait s'empêcher de la regarder avec admiration, quelle chance il avait d'être son disciple.
De leur côté, les guerriers investissaient toute leur énergie dans le combat. Leur étonnante coordination eut vite raison des trois démons qui s'étaient avancé, mais, les basilics, mimiques et autres gelées s'agitaient encore par dizaines autour des chasseurs. Le combat ne faisait que commencer...

[Kakita Ryojin]

Les nouvelles du front n'étaient pas bonnes, à la tête de ses chevaliers de Justice, Eomer s'était lancé vers l'arrière-garde de la délégation de la Main du Mal, à leurs côtés, des Bardes d'Anastasia menés par leur chef Blackrider harcelaient les forces ennemies. D'où il se tenait, Darn pouvait contempler les franges de la bataille, et, regrettait l'époque où les forces de l'Union combattaient avec organisation sous les ordres experts d'Olympus. Qu'allait il arriver ? La fougue de la première vague des justes allait elle suffire à entraver les noirs desseins de la Main ?

Un peu plus à l'Est, entouré d'un grand nombre de Renards et d'alliés, Amai Ethen rassemblait ses troupes. Ses ordres fusèrent, et appuyé par Olympus, il organisait les forces dont il disposait. Nenya se tenait à ses côtés, aux aguets, prête à intervenir au cas où quelqu'un ou quelque chose menacerait son Seigneur. Elle avait exprimé ses inquiétudes quant au déroulement de la guerre au chef des Renards, déplorant la légèreté de certains. Mais, il n'était plus temps de tergiverser : l'heure était à la guerre.

Vous pouvez lire ici les quelques conversations qui précédèrent le départ d'Amai Ethen à la guerre

[Kakita Ryojin]

Le groupe de chasse semblait avoir atteint sa vitesse de croisière, et, se dépêtrait peu à peu de l'ammoncellement de monstres qui se ruaient sur eux. L'arrivée d'Ambre Delune, cadet tout comme Aenarion, avait été accueillie par les gestes simples mais francs des combattants. Les deux cadets avaient traversé ensemble la guerre du deuxième sous-sol, et, y avaient développé une solide amitié. La jeune elfe se posta en marge de la mêlée et entama son ballet de mort en criblant ses adversaires de flèches. Très vite, elle fut agressée par quelques gelées, mais, parvint à s'en débarasser alors qu'Aenarion prenait soin de ses blessures.
Depuis le début du combat, le groupe d'aventuriers s'était un peu étoffé, et, des indépendants avaient rejoint les De Profundis, leurs cadets et les membres de la Légion Phénix. Combattaient ainsi vaillamment à leurs côtés : Azoun, Blackstaff, benny et Irina. L'issue du combat ne faisait dorénavant plus de mystères, les monstres allaient être terrassés, et, il serait bientôt l'heure de reprendre la route à la grande joie d'Aenarion dont l'impatience d'apprendre au côté de son maître grandissait de jour en jour.

[Kakita Ryojin]

Nenya était un peu nerveuse. Un messager venait d'apporter un plis à l'allure éloquente à Olympus. Le parchemin portait la marque sanglante de la Main et était griffoné à la hâte. Le lieutenant d'Amai Ethen tint alors au courant le Seigneur des Renards et son écuyère de le teneur du message. Grosbill, Lord de la guilde onie, y proposait de régler les différents des deux camps par un duel équitable de plusieurs guerriers de force équivalente. Il appuyait son idée par le rappel de la situation de Matheleven dont il garantissait la mort en cas de refus du duel.

Olympus, le Seigneur Amai et Nenya se concertèrent quelque peu. Nenya resta discrète, mais, elle n'hésita pas à donner son avis malgré tout. Très vite, tout trois tombèrent d'accord : il n'était pas question de céder à la proposition. Non seulement, la Main du Mal n'inspirait pas confiance, et, une traitrise de leur part n'aurait rien eu d'étonnant, mais, de plus, ils surent également que Matheleven aurait préféré l'alternative qu'ils projetaient d'adopter. Le Seigneur Amai Ethen accompagné de Renards fidèles et courageux s'avança vers l'ennemi non sans avoir longuement conversé avec Nenya qui pour l'instant était un peu en retrait. Olympus, fidèle à lui-même, coordonnait de main de maître les forces alliées, se préparant à agir au plus vite.

Une larme perla au coin des yeux de la jeune écuyère lorsqu'elle vit s'éloigner son Seigneur, elle espérait de tout coeur qu'il n'irait pas se mettre en danger de manière déraisonnée. Puis, serrant les poings, elle s'avança à sa suite, perdue dans ses pensées et priant pour ne pas devoir porter atteinte à ses intimes convictions. Savait elle seulement comment elle réagirait si elle était confrontée à une situation périlleuse ou mortelle pour son Seigneur ?

[Kakita Ryojin]

La décision de Darn était prise : il n'allait pas prendre part à la guerre contre la Main du Mal. En discutant avec Gellok et son frère Husquar-Vana, ils décidèrent qu'il était temps pour eux de mener à bien la mission qu'ils s'étaient toujours fixée : renflouer les stocks de la Caravane et récolter des monceaux de brouzoufs. Aussi, après avoir expliqué les raisons de son départ à Amai Ethen et Olympus, Darn Tarazak décida d'obliquer vers le Nord-Est. Il devait y rejoindre une certaine Elwona à laquelle Gellok avait confié son matériel avant d'entrer, comme le fou qu'il était, seul dans l'antre du serpent. Husquar-Vana et Darn projetait d'explorer un peu le quatrième sous-sol, puis, en compagnie d'Elwona et d'un Gellok fort probablement tout droit sorti du temple, de remonter vers les étages supérieurs afin d'épauler les membres de la guilde moins expérimentés et de pourvoir en matériel ces derniers et les aventuriers aux poches emplies de monnaie sonnante et trébuchante.

[Kakita Ryojin]

A peine avait elle eu le temps d'auréoler son Seigneur de la puissance magique dont elle disposait, que Nenya vit Amai Ethen s'avancer dangereusement en direction de Grosbill et de Kaali. La manoeuvre du chef des Renards semblait destinée à lui permettre de soigner Matheleven, son ami de toujours. Le voyant progresser de la sorte en direction de leurs ennemis, la jeune écuyère ne put réprimer un léger cri.

Ce dernier se mua en hurlement de douleur quand les rouages du destin broyèrent en un instant ses aspirations les plus intimes : Amai Ethen tomba sous les coups experts du mercenaire et du Lord de la Main. Horrifiée et accablée par l'incompétence à protéger son Seigneur dont elle avait fait preuve, Nenya tomba à genoux en sanglottant. Son corps tout entier était agité de convulsions, entre deux sanglots, elle répètait machinalement le nom de son Seigneur.

Des larmes salées coulèrent sur ses joues, tombèrent sur le sol poussiéreux. Sa vision s'obscurcit peu à peu, elle se sentait partir. Elle était loin, l'écuyère décidée, prête à tout pour la cause des Renards. Sous les yeux de ses compagnons, Nenya se changea en un instant en la jeune fille frêle et timide qu'elle était en pénétrant dans les souterrains.

Cette horreur aurait elle seulement une fin ?

[Virginie]

Olympus se sentait triste aussi, tout comme Nenya il n'avait rien pu faire quand Amai Ethen fût parti seul au devant de ses troupes, il se sentait accablé par la douleur d'avoir été impuissant, il vit le combat de loin, le temps de se rendre sur les lieux, Amai Ethen avait péri, et son corps de jeune Renard gisait sur le sol, la tête posée sur les genoux de Nenya qui était en larmes.

Nenya leva les yeux vers Olympus, comme pour lui dire "quel malheur", "que vais je devenir?", son regard était rempli d'incertitude, de chagrin, mais aussi d'amertume...

Apres plus d'une heure restée au chevet de son Chef et Maitre, Nenya se leva, elle se tourna vers Olympus, et lui dit :

"Nous devons récupérer l'emblème des Renards !!!"

"Je n'aurai de cesse de poursuive ces meurtriers tant que ceux ci n'auront pas expié ce meurtre"

"Oui nous devons leur reprendre Le glaive orné de têtes de Renards, embleme et insigne de notre chef"

"Olympus je compte sur toi !!!"

A ces mots Olympus pris les mains de Nenya, et lui dit :

"Je te le promet Nenya, sa mort sera vengée, et nous récupérerons l'emblème de notre guilde, tu peux compter sur moi, quitte a mourrir j'emmenerai les Renards Mercenaires au combat, comme je l'ai déja fait auparavant"

[Kakita Ryojin]

Ivre de tristesse et de colère, Nenya se rua au combat. Elle se porta d'abord auprès du corps d'Amai Ethen qu'elle écarta légèrement du fracas du combat après l'avoir recouvert de sa cape. Ensuite, dans un cri, elle s'élança vers le terrifiant Grosbill. A maintes reprises, aidée par la magie de Magnus et de Morgoth, elle fit chanter la lame du glaive que lui avait offert son Seigneur. Malgré sa résistance ahurissante, le corps du Lord de la Main se zébra de quelques blessures. Ensuite dans un fracas assourdissant de nombreux aventuriers se joignirent à l'exécution de Grosbill.

Dès la mort de Grosbill, le visage encore ruisselant de larmes, Nenya s'éloigna légèrement du combat. Elle portait aussi bien que faire se peut le corps inerte de son Seigneur Amai Ethen.
Les perles de tristesse, qui ne semblaient vouloir s'arrêter de couler des grands yeux tristes de Nenya, venaient parfois s'échouer sur le visage blême du chef des Renards, et, on eut dit qu'il pleurait également.

[Kakita Ryojin]

Haletante, Nenya parvint aux abords de l'Hôpital. Elle n'accorda qu'une maigre importance aux combats qui se déroulaient à proximité, à plusieurs reprises, une voix insistante l'avait enjointe à regagner le temple avec la dépouille de son Seigneur Amai Ethen. Affaiblie, elle se fit annoncer aux portes de la bâtisse, les prêtres vinrent lui ouvrir et l'aidèrent à transporter le corps de l'elfe. Malgré les injonctions des membres du corps clerical, Nenya se refusa à les laisser emporter la dépouille. Aux yeux sévères de la jeune humaine, les clercs surent vite qu'ils n'auraient pas le dernier mot. Ainsi, après en avoir averti le Grand Prélat du temple, ils autorisèrent Nenya à emmener le corps dans le cloître. Là, avec délicatesse, l'écuyère déposa le corps sans vie de son Seigneur sur un des bancs de pierre. Elle croisa les mains de l'elfe sur sa poitrine, ferma ses paupières, puis, silencieusement, se mit à prier pour le salut de son âme.

La résurrection d'Amai Ethen et ses suites