Des brouzoufs en quantité .......insuffisante

[Fullkro]

Les contrebandiers étaient maintenant bien implantés dans les souterrains de Delain.
Leur guilde s’était peu à peu organisée. La clientèle était, certes, peu nombreuse mais les contrebandiers avaient bon espoir de développer leur commerce.

Chaque contrebandier vaquait à ses occupations et essayait tant bien que mal de faire rentrer les brouzoufs dans les caisses de l’échoppe et de Salm’o’rv qui leur fournissait l’équipement en vente.

Les débuts furent difficiles et les rumeurs invraisemblables qui courraient sur la contrebande en étaient en grande partie responsable mais avec le temps, de la patience et bon nombre d'explication, la clientèle des contrebandiers passa de tueurs en armes et une population plus hétéroclite, les tueurs croisaient les paladins. Ils y avaient parfois de la tension entre eux mais pas plus qu’à l’extérieur des égouts.

Chacun trouvait ce qu’il cherchait dans les échoppes et doucement une clientèle fidèle de voyou, paladin, tueur, templier et autres se créait.

[Fullkro]

Doucement …. Trop doucement, peut-être, les brouzoufs entraient en caisse.

Cette lenteur n’étant, à priori, pas au goût de tous, une missive arriva à l’intension d’Aerielle et Lordy. Le sceau de Salm’o’rv était visible.

C’était la première fois que Salm’o’rv s’adressait directement aux Maîtres Contrebandiers. De Toute évidence, cette missive était d’une très haute importance.

Aerielle et Lordy en prirent connaissance rapidement. Sans donner la teneur de la missive aux autres contrebandiers, Aerielle décida de se rendre au royaume de Krânaal le plus rapidement possible.

Elle prit quelques affaires, échangea quelques mots avec Lordy et prit la route.
En quelques jours, elle arriva aux frontières de Krânaal.

[Fullkro]

Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'Aerielle était partit pour le royaume de Krânaal et aucune nouvelle n'était parvenu jusqu'aux contrebandiers.
L'inquiétude commençait à poindre et la tension devenait palpable au sein de la guilde.

Les rumeurs les plus folles commençaient à circuler.

Que pouvait bien vouloir Sal'Morv aux contrebandiers ?
La réputation de Sal'Morv n'était plus à faire et chacun craignait pour la vie d'Aerielle.
Jamais Sal'Morv n'avait fait de remarque, de quelques natures qu'elles soient, à la contrebande.
Alors, pourquoi, d'un coup, demandait-il aux maitres contrebandiers de venir le voir, sans préavis aucun ?

[Aerielle]

Le voyage avait été long et fastidieux. La maigre escorte qui accompagnait la contrebandière ne servait que pour la forme, à peine était il utile à dissuader les petites bande de brigands mais si les choses tournaient mal, il en serait tout autrement.

Avant son départ pour le royaume voisin de Krânaal, une nouvelle avait frappé la petite organisation. Deux membres allaient la quitter, deux membres présents depuis les débuts de celle-ci avaient décidés d'abandonner leur travail pour la contrebande afin de ne plus porter préjudice à la réputation de celle-ci. Lordy et Connu avaient préféré se sacrifier et rester avec leurs amis plutôt que de continuer. Les contrebandiers avaient respectés leur choix, comment leur en vouloir ? Mais cela éclaircissait encore plus les rangs de leur organisation et n’arrangeait pas les affaires en ces périodes difficiles.

Alors qu’elle se tenait derrière la lourde porte menant à la salle du trône de Salm’o’rv, Aerielle se remémorait les derniers évènements : Les affaires étaient rentables mais le commerce n’était pas florissant, les égouts s’étaient révélés trop enclavés pour les clients. Et le réseau souffrait de sa mauvaise réputation. Le départ de deux d’entre eux. L’annonce du fournisseur dont elle attendait l’entretien de se retirer du marché de Delain, et toutes les conséquences que cela impliquait pour leur réseau. Cette missive avec cette offre complètement inattendue, se pouvait elle que ses renseignements du nord soient justes et que ses relations aient portés ses fruits ? Elle n’en savait rien pour le moment. La seule chose qu’elle pouvait faire était de tenter de convaincre Salm’o’rv de céder les droits de propriété des marchés noirs à la contrebande, et elle comptait bien tout mettre en œuvre pour cela.

Alors qu’elle se repassait toutes les pièces du puzzle, la lourde porte de chêne s’ouvrit et l’annonceur prononça son nom d’une voie haute et claire. L’elfe se redressa et entra dans la vaste pièce la tête haute et droite, d’un pas assuré, et fit tomber son regard pour la première fois sur celui qui dirigeait ce royaume et avait été son fournisseur pendant plus de deux années.

[Aerielle]

Harassée mais satisfaite, Aerielle quitta la salle du trône. Les échanges avaient été délicats durant les premières heures, les comptes rendus ne plaidaient pas en faveur de la Contrebande et pour ne rien arranger Salm'o'rv était un être retors et perspicace. Elle se demandait encore comment ils avaient pu accepter les marchandises venant de cet homme. Il était abject et ne pensait qu'au profit par la destruction de ses concurrents, voilà bien un aspect des affaires qui répugnait l'elfe. Malgré tout, elle avait du aller contre son dégout et ravaler sa fierté. Les négociations avaient finalement amené un statut quo qui avait satisfait les deux parties. La Contrebande conserverait la gérance des marchés noirs construits par les hommes de Salm'o'rv en échange d'une forte somme d'argent. La protection qui protégeait les égouts devrait être supprimé par les hommes de Krânaal en échange de quoi ils devraient leur restituer une bonne partie des marchandises encore en vente dans leurs étals et les livrer à leurs frais.

Finalement, ils s'en tiraient à bon compte. Le pire aurait été que Salm'o'rv décide de conserver la propriété des marchés, pire encore il aurait pu décider de laisser en place la clé sur les égouts et s'en servir comme tête de pont dans d'éventuelles tentatives de prises de pouvoir sur les souterrains. Il avait même envisagé ouvertement cette possibilité face à elle en mettant en avant la complicité de la Contrebande, tout ceci pour porter le discrédit sur leur organisation.

Elle n'en revenait pas du machiavélisme de cet homme, comment avait elle pu être aussi aveugle ? C'est bien simple, elle n'avait pas eu le choix. Le seul qui avait daigné croire en cette entreprise et fournir le matériel nécessaire à l'émergence d'un réseau de commerce en ces terres, avait été Salm'o'rv. Et il avait fallu s'associer avec la pire espèce d'homme qui pouvait exister.

En repensant à tout ceci, elle rejoignit sa maigre escorte, rangea les titres dans un petit coffre et ordonna un départ rapide. Plus vite ils mettraient de distance entre ce pays corrompu et eux, plus vite tout ceci serait oublié.

[erikr raudi]

Dans une sombre grotte au fin fond de sombres souterrains, se cloitraît une sombre silhouette ruminant de sombres pensées.

Cyanure jouait avec les cordes de son arc en pensant aux derniers mois passés dissimulé dans ce dispensaire. Pour le moment, on lui avait dit de faire profil bas. "Tentatives de restructuration", selon l'annonce officielle.

Restructuration, mon cul.

Ce que voyait l'elfe, c'était qu'il avait surtout rejoint la Contrebande au mauvais moment. Lui qui rêvait brouzoufs et opérations commerçantes en espèces sonnantes et trébuchantes, il alternait en ce moment avec chasses aux rats et discussions arides auprès des quelques moines les moins barbants.

Un long soupir manifesta cette fatigue.
Heureusement, il était patient. il savait qu'une opportunité surgirait, tôt où tard.
Il paraitrait qu'Aerielle serait allé voir Salm'or'v... son retour ne devrait pas tarder, et sera certainement signe de grands changements.

Il tenait à être prêt pour ce moment, et prépara quelques missives avant de reprendre l'entrainement.

[Aerielle]

Etonnement, le voyage se déroula sans encombres. On aurait pu s'attendre à d'éventuelles actions de brigands à la solde du roi corrompu mais il n'en fut rien. C'est donc avec soulagement que la troupe revint sur les terres Delainienne.

Après avoir remercié les membres de l'escorte, Aerielle s'attela à contacter les Contrebandiers. Elle avait obtenu ce qu'ils souhaitaient et il fallait partager la nouvelle. Elle allait aussi s'enquérir de la situation de Fullkro et de ses échanges avec Khâzad. Ils devaient être en route ensemble pour les profondeurs. L'elfe repensa au passé et ne put s'empêcher de sourire à l'idée qu'il y a quelques mois, nul n'aurait pu penser qu'une telle association pourrait avoir lieu et pourtant...

Une fois qu'elle eut rejoint ses amis et compagnons dans les souterrains, elle s'attela à consulter les missives en retard. Un paquet énorme l'attendait, sa petite chatte veillait sur les écritures comme s'il avait s'agit de ses petits. Nombre des lettres étaient des lettres l'informant des travaux qui se lançaient un peu partout et de leur état d'avancement. Une lettre était signé de l'émissaire Klebahl Painurc et Khazâd semblait avoir correspondu avec lui. Il voulait connaître la réponse des deux femmes à ses propositions.
La naine s'était faite porte parole et avait répondu que la Caravane acceptait le marché. Aerielle prit aussitôt son écritoire et entreprit d'offrir sa réponse positive à l'émissaire d'Orlanthi.

La réponse de celui-ci ne se fit pas attendre et c'est avec une joie non dissimulée qu'il s'adressa aux deux femmes :

Mes très chères nobles représentantes de vos organisations et estimées consoeurs,

vos nouvelles me vont droit au coeur et me ravissent au plus haut point. Savoir que des personnes aussi compétentes et versées dans la science du commerce dans ces souterrains que vous, acceptent de traiter avec nous est une preuve de confiance à notre égard d'une valeur inestimable. Je vous prie de bien croire que je souhaite de toute mon âme mener à bien ce marché.

Dame Khâzad, sachez bien que le conseil Orlanthi dispose d'une gamme d'équipements et de matériel diversifié et de qualité. De plus, dans sa grande splendeur, le conseil Orlanthi a fait développer par ses forges une panoplie jusque là inconnue des royaumes voisins, d'armes et d'armures en tout genres. Nul doute donc que nous puissions rénover l'arsenal qui était à votre disposition dans la meilleure manière qui soit, je m'y engage personnellement ! Voyez vous, j'ai toujours pensé qu'un catalogue florissant était signe de puissance et d'opulence, alors quel meilleur appât pour vos futurs clients qu'une garniture variée et débordante de choix ?

Pour vos problèmes de gestion et de logistique, voyez vous ma chère, l'ouverture de nouveaux marchés est toujours signe de profit et d'affaires. Et là où il y a des profits et des affaires, il y a des gens prêts à les faire, des gens prêt à participer à ses rouages pour pouvoir prendre leur part du gâteau avant qu'un autre ne le fasse. Nul doute là encore, que cette nouvelle ouverture, aux côtés du conseil Orlanthi attira une foule de bonnes volontés, et de client bien entendu ! Il n'y aura plus qu'à faire votre choix parmi les prétendants je suppose. Mais pour cela, il faudra en discuter avec votre future associée n'est ce pas ! *le clin d'oeil est clairement palpable dans le message*

Quant à vous, chère, très chère dame Aerielle, vous ai je dit que vous étiez toujours aussi resplendissante et que le maître Oinkel vous envoie toute sa sympathie ? Vous ai je dit ... Mais je m'égare, reprenons. Laissez de côté votre ancien fournisseur, il importe maintenant de se tourner vers l'avenir. Votre organisation a su faire face dans l'adversité, elle connaît les ficelles et les clients réguliers. Elle a également su tisser des liens de confiance je n'en doute pas une seule seconde. Le conseil Orlanthi compte sur votre connaissance de ces souterrains et sur la confiance que vous avez inspirée à vos clients. Savoir que vous avez pu obtenir l'ouverture du réseau des égouts et la propriété des magasins qui vous gérez est une aubaine inouïe, si j'osais et si je le pouvais je vous embrasserais volontiers ma chère, mais le maitre Oinkel ne me le pardonnerait pas, non.

J'avertis d'ores et déjà le conseil Orlanthi de votre décision et il enverra sans plus tarder des hommes à votre rencontre ainsi qu'un premier chargement de matériel pour vos étals. Nous allons faire des affaires et nous allons bien les faire, je n'en doute pas une seule seconde !

Klebahl Painurc, noble servant de la noble maison des Armichten, émissaire du conseil Orlanthi.

Ainsi, le destin de la Contrebande était en marche, une page allait se tourner et une histoire était sur le point de se terminer. Que réservait le futur ? Aerielle ne le savait pas mais elle était heureuse de constater que son désir d'offrir à chacun quelque soient ses convictions, ses croyances et ses attentes des souterrains, du matériel et la possibilité de s’équiper pour défendre ses idées. Nul ne serait plus favorisé et tous seraient égaux devant le brouzouf.

[Aerielle]

La fin d'une histoire...

Après plus de deux années et demies dans cette peau, il était temps d'en changer. Ce n'est pas sans une certaine nostalgie qu'Aerielle regarde le passé en repensant à tout ce qui était arrivé. Tous les bons moments passèrent pêle-mêle dans son esprit. Mais aussi les plus mauvais, les doutes, la tristesse, la colère etc. Une foule de sentiments distincts l'assaillaient. Un lourd sentiment de nostalgie lui tirailla finalement la poitrine. Il fallait en finir...

Une nouvelle page se tourne...

Une insigne tombe sur le sol, elle la ramasse lentement et tout aussi lentement, elle la fixe au mur. Elle restera ici comme un signe pour les générations futures...

Aerielle respire un grand coup, il est maintenant temps d'écrire une nouvelle page de l'histoire, une page qui elle espère sera profitable pour tout le monde. Et c'est ainsi qu'une nouvelle guilde naquit...

[erikr raudi]

Cyanure reçut enfin la missive tant attendue. Il brisa rapidement le sceau de la Contrebande et parcourut le parchemin du regard.

Ca y est, ça bouge.

D'un geste il retira la broche qui ornait sa cape et la mit dans sa besace. L'idée de conserver ainsi cette insigne comme "souvenir" le fit sourire : ce n'était pas dans ses habitudes de faire le sentimental..
Mais il avait aimé l'intimité et les façons de faire de cette guilde, et il ne pouvait sempêcher de verser quelque peu dans le sentimentalisme.

Il ne s'y attarda pas, et envisagea très vite l'horizon de possibilités que lui ouvrait cette annonce.
Tant de choses à faire, si peu de temps.

Rapidement il s'empara d'une plume, d'encre et de vélin et remplit ses feuillets vides d'un avenir plein de promesses...