Venael de Falis

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Mélisande
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Message par Mélisande » 21 juin 2006 21:47

Korgrim était soucieux. Il s’enfermait dans de longs silences qui duraient de plus en plus. Au début, Athalante ne s’en préoccupa pas. Les combats très difficiles monopolisaient toute l’énergie du groupe. Les rares moments où elle pouvait se reposer, elle les consacrait aux Chevaliers de Justice. Sa guilde avait en effet décidé de changer son organisation. Désormais, ce n’était plus le Primus qui dirigeait, mais le Conseil des Lames. Dans ce Conseil siégeait tous ceux qui avaient une charge particulière dans la guilde : les Paladins, le Sénéchal, le Maitre d’Armes, le Maitre des Arcanes, l’Archiviste, le Chambellan, le Justorum Pater, les Diplomates, et les Commandeurs des compagnies. La mise en place de ce système avait demandé beaucoup d’énergie à chacun des membres de la guilde. Même si l’entreprise était exaltante et enrichissante, elle mobilisait tout le peu de temps libre dont disposait Athalante. Enfin le conseil put se mettre en place et résoudre les problèmes les plus urgents de la guilde.

Korgrim s’enfonça de plus en plus dans son mutisme et son amante s’en aperçut enfin. La jeune femme s’en inquiéta avec d’autant plus de force qu’elle se reprochait de ne pas s’en être rendue compte plus tôt. Alors qu’elle cherchait un moment propice pour faire sortir Korgrim de sa coquille de mélancolie, de nouveaux arrivants intégrèrent le groupe. Il s’agissait de Liloo, et de deux de ses compagnons. La venue impromptue du célèbre nain ne plaisait pas du tout à Athalante. Sa réputation sulfureuse et la rumeur qui avait couru à leur propos la rendaient méfiante. C’est pourquoi, la jeune femme évita Liloo, et se rapprocha de Kharon et de BelEruan qui s’entrainait alors à un concours d’adresse et d'esquive.

Pourtant, le moment arriva vite où Athalante, absorbée par l’apprentissage d’un sort, se retrouva à l’écart du groupe. Liloo vint aussitôt la voir, et prit sans façon le pendentif qui se logeait au creux du décolleté d’Athalante dans sa main, non sans effleurer au passage la peau délicate de la gorge de la jeune femme. Avec un sourire qui se voulait ravageur, Liloo posa une question anodine sur le pendentif. Athalante rougit jusqu’à la racine des cheveux, et réagit en suivant son instinct. Elle recula et flanqua un grand coup de tibia sur l’entrejambe du nain qui lâcha aussitôt le bijou d’Athalante pour prendre les siens à deux mains. Un sourire de victoire mal réprimée, Athalante alla bien vite se mettre à l’abri près des Enataks.

Une lettre de Kachiko arriva. La Championne du Clan Bayushi et le Chevalier de Justice avaient longuement correspondu, ces derniers temps, et Athalante avait proposé à Kachiko de venir la rejoindre, sans en dire un mot aux Enataks. Kachiko lui annonçait qu’elle n’était plus très loin, en compagnie de Siobhan, oli, York, Sunfire et leurs compagnons. Avec une joie non contenue, Athalante rassembla ses affaires, et annonça avec désinvolture qu’elle partait quelques jours et revenait ensuite bien vite. Mortharon voulut connaître la raison de son départ. Il avait l’impression que cela n’allait pas bien entre Athalante et Korgrim, et craignait que cette mésentente ne soit la raison de son départ. Athalante le rassura sur ce point, non sans jeter nombre de coups d’œil sur la carrure développé de l’humain. Les cicatrices qu’il arborait n’avait pas l’air d’être les mêmes que celui du fameux strip-teaser inconnu. Ce ne devait donc pas être Mortharon.

Avec un soupir d’exaspération devant ce mystère non élucidé, Athalante prit congé de Mortharon et se mit en route à la rencontre de Kachiko.
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Message par Mélisande » 09 juil. 2006 23:54

L’arrivée au dispensaire où était Kachiko provoqua la surprise d’Athalante. Elle savait qu’elle retrouverait Siobhan en compagnie de son cousin, Galarion, et des Adamantium, elle vit avec joie que York et Oli étaient présents. En effet, quelques semaines auparavant, Siobhan l’avait averti que York s’enfonçait dans un coma qu’elle pressentait fatal au mage. C’est pourquoi, Athalante bondit de joie en reconnaissant le visage de son ancien ami. Toutefois, cette liesse cessa bientôt. En cherchant plus avant Kachiko, le Chevalier de Justice constata qu’elle était bien dans le dispensaire. Sur deux lits étaient étendus Kaali et Jasmin, des assassins d’Athalante. La peur glaça instantanément la jeune femme. Elle se rappelait comme si c’était hier le torrent de flammes qui s’était déversé, une nuit sur leur campement, tuant la jeune femme tout en épargnant son enfant. C’est pourquoi Athalante entraina rapidement Kachiko, et dut renoncer à approfondir ses retrouvailles avec Siobhan et Galarion. Elle ne put même pas s’approcher de York. Les deux femmes regagnèrent le groupe des Enataks. Athalante présenta son amie à ses compagnons, qui ne réagirent que par de l’indifférence.

Les combats reprirent. Korgrim restait cloîtré dans son mutisme. Un matin, il vint vers Athalante, très pâle, et lui confia le groupe, précisant qu’il devait partir en mission avec Aerielle et quelques compagnons, et qu’ils reviendraient dans quelques jours. Athalante était abasourdie. Elle ne comprenait pas pourquoi Korgrim partait. Il était si pâle et si éteint ! De plus, la jeune femme se sentait piégée par la responsabilité qu’il lui confiait : c’était le plus sûr moyen pour qu’elle ne puisse accompagner son bien-aimé. Avec vaillance et application, elle s’appliqua donc à diriger le groupe des Enataks. La tâche était ardue car les trolls ne cessaient de les assaillir. Une semaine passa. Athalante n’avait aucune nouvelle de Korgrim, et s’inquiétait beaucoup. Une lettre fielleuse arriva, lui susurrant de nouveau que Korgrim avait eu une aventure avec Sandria. Déjà sous tension, Athalante se laissa emporter par la colère et prit violemment Sandria à part pour la faire avouer. Après un affrontement verbal entre la jeune femme et la jeune fille, Sandria avoua qu’il n’y avait jamais rien eu entre elle et le Conseiller de la Main. Puis elle s’effondra sous les coups de rochers. Athalante la soutint et la soigna du mieux qu’elle put. Elle entendit alors des éclats de voix. Kachiko et Liloo s’affrontaient avec vigueur. Le ton montait entre l’altière Championne du Clan Bayushi et le Conseiller de la Main du Mal, imbu de lui-même. Soudain, Liloo exigea des excuses. Kachiko le brava du regard avec audace. Avant que quiconque ait pu faire le moindre geste, Liloo exécuta Kachiko. Atterrée, Athalante regarda Liloo se vanter de la facilité avec laquelle il avait commis son forfait. Personne ne réagissait. Tous les Enataks semblaient trouver normal que Liloo assassine l’amie d’Athalante pour une broutille. Abasourdie par la cruauté et l’insensibilité de ceux qu’elle prenait pour ses compagnons, Athalante confia la conduite du groupe à Kharon, et partit, seule, dans la Moria. Un lourd sentiment de haine faisait frémir son poing fermé, l’idée d’enfoncer son épée flamboyante dans le cœur de Liloo était si violente que son bras en tremblait, tandis qu’elle courait, tête baissée, sans le moindre regard pour les armées de trolls qui se précipitaient vers cette proie isolée.
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Message par Mélisande » 10 juil. 2006 21:51

Athalante se réfugia dans le temple de Balgur, puis elle partit se faire soigner dans le dispensaire. Là, un jeune infirmier de belle prestance lui prodigua des soins attentifs. Au repos, Athalante prit le temps d’écrire à Korgrim, lui relatant le drame survenu dans le groupe, et son départ qui avait immédiatement suivi. Ensuite, elle écrivit une lettre à Kachiko afin de s’excuser d’avoir failli à sa parole, Son visage brûlait de honte en pensant qu’elle avait promis à Kachiko qu’elle serait en sécurité auprès d’elle et de ses compagnons, et qu’il n’avait pas fallu une semaine pour que sa parole soit rompue. La guerrière reçut également une lettre de Siobhan, qui lui demandait conseil. Athalante prit sa plume et lui répondit aussitôt.


Chère Siobhan,

ta lettre me met du baume au coeur à un point que tu ne peux imaginer. Moi aussi, j'ai été navrée de ne pouvoir te parler, dans la situation périlleuse où nous étions. J'espère que votre groupe parviendra à survivre au nord. Faites attention, il y a peu d'aventuriers mais beaucoup de trolls. Nous sommes nous-même restés prisonniers du temple d'Elian pendant plusieurs semaines, tant les rochers pleuvaient sur nous.

Ce que tu m'apprends à propos de York m'étonne au plus haut point. J'avais été profondément surprise et heureuse de le revoir, près du dispensaire du chateau, car tu nous avais confié son départ. Mais vous sembliez en si grande conversation, tous les deux, que je n'avais osé vous interrompre. Ainsi, il a perdu la mémoire ? Une perte complète ? A-t-il oublié jusqu'à son enfance ou seulement les évènements des derniers mois ? Se rappelle-t-il de toi ? Je ne sais, comme toi, s'il est bon que sa mémoire revienne. J'espère seulement qu'il trouvera sa voie, et une certaine quiétude.

Lorsque tu parles de rendre un homme meilleur, je suppose que tu fais allusion à Sunfire. Ta demande me perturbe quelque peu. Je ne sais pas s'il est bon de vouloir changer un homme. Moi-même, je n'apprécierai pas qu'on veuille me faire "changer". Toutefois, s'agissant de Sunfire, la question est différente. Je me souviens très bien d'une conversation que j'avais eue avec lui, alors qu'il avait cherché à me nuire, pour finalement renoncer. Je suis intimement convaincue que Sunfire est "bon", au fond de lui. Je ne sais quels évènements dans sa vie l'ont convaincu de cacher sa vraie personnalité pour faire le mal. Toujours est-il que cela ne lui est pas naturel, il se force pour donner une mauvaise image de lui auprès des autres. Il cherche à ce qu'on le méprise et qu'on le déteste, c'est pour cela que ses actes sont parfois si contradictoires. Je ne sais pas pourquoi il essaie ainsi de se voiler la face sur lui-même, ni pourquoi il tient tant à se détruire face aux autres. Peut-être trouve-t-il la haine des autres plus facile à gérer que l'amour ?

Je sais que mes propos doivent te sembler bien confus. J'avoue ne pas très bien savoir les raisons des actes de Sunfire. Pourtant, je reste convaincue qu'il n'y a pas à le changer, juste à lui montrer sa vraie nature, et le convaincre que cela ne lui nuira pas de l'assumer.

En ce qui concerne Korgrim, je ne peux malheureusement pas t'en dire plus. Il est parti il y a une semaine, me confiant la responsabilité des Enataks, charge bien trop lourde pour moi. Il devait faire une "mission", m'a-t-il dit, mais je n'en sais pas plus. Il était si pâle ! Je m'inquiète énormément car je n'ai plus de nouvelles de lui depuis. Je ne sais même pas si je le reverrai, et cette pensée m'angoisse.

Mais je ne vais pas m'étendre plus longuement sur mes inquiétudes, de toute façon, je ne peux pas y appliquer de remède.

Salue de ma part Sunfire, et peut-être York, même s'il ne saura probablement pas qui je suis. Je te souhaite bon courage auprès de Sunfire, Siobhan.

Affectueusement,

Athalante
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Evolena
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Message par Evolena » 13 juil. 2006 18:40

Chère Athalante,

Je commencerai par te rassurer : quand nous changeons de salle, nous nous efforçons de le faire plus ou moins tous ensemble, et de nous adosser aux piliers pour limiter le nombre de trolls et orcs qui viennent à nous. Eldarielle veille sur nous, et je ne crois pas que nous ayons déjà eu un blessé dans nos rangs, même si les soins nécessités sont parfois nombreux. Seuls les familiers d'Ernst et de York ont péri sous un rocher ou la masse d'un troll…

J'ai été aussi surprise et heureuse que toi, je pense, de retrouver York. Il a dit que c'était comme si une pensée l'avait attiré hors du néant où il se trouvait. Peut-être Galarion avait-il raison, quand il disait que penser à lui le ferait peut-être accepter de laisser les prêtres récupérer son âme ?
Je crois bien qu'il n'a plus aucun souvenir. Tu as pu le constater, il a cru que les Enataks étaient ses amis, Sunfire lui a fait croire sans problème qu'il était son meilleur ami, et il ne se souvient pas de moi, ni de personne d'autre. Il a l'air si tranquille sans toutes ces considérations d'inimités, de tensions ou autre, que je ne sais si j'aurai le cœur de le désillusionner.

Pour ma question, il s'agit en effet de Sunfire. Mais ce n'est pas moi qui désire le changer, d'ailleurs je ne pense pas que cela soit possible sans que la personne le veuille réellement. C'est lui-même qui me l'a demandé. Bien qu'il ait essayé aussi de me demander de l'aider à pardonner, dans l'unique but de rester à mes côtés, je crois que pour cette demande d'aide pour devenir meilleur, il était sincère.
Mais je te remercie, tes éclaircissements m'aideront, je pense, à l'aider, s'il veut vraiment suivre cette voie. Et en effet, cela semble lui faire peur.

J'avoue ne pas comprendre votre relation, à toi et Korgrim, Athalante. Ni sur le fond, ni sur la forme. Mais j'imagine que c'est ce qu'on appelle dans les romans le mystère de l'amour, aussi espèrerai-je simplement que vous puissiez trouver le bonheur, et que tu n'en souffriras pas.
Mais pourquoi t'avoir confié, à toi, la charge des Enataks ? N'ai-je pas aperçu le Conseiller Zirgoss, qui est aussi leur dirigeant ? N'était-ce pas à lui que cette charge aurait dû incomber ?

Ton amie,
Siobhan
Nhyima - Preux d'Io au chômage
Siobhan - Chevalière de Justice, Ordre de la Croix Blanche
Eldarielle - Mage de l'Ordre d'Hermès
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Message par Mélisande » 14 juil. 2006 10:27

Chère Siobhan,

j'espère que vous continuerez à maîtriser vos combats aussi bien que maintenant. Sache en tout cas que si vous avez un souci, le temple d'Elian se trouve à quelques lieues au Nord de votre position. il pourrait être un refuge appréciable pour tes compagnons et toi.

Tu as sans doute raison pour York. Briser ses illusions actuelles et lui faire prendre conscience des tourments que son esprit lui infligeait auparavant n'est pas une idée judicieuse. Néanmoins, la pensée que Sunfire et d'autres puissent profiter de sa crédulité me dérange un peu. Enfin, sans doute vaut-il mieux laisser faire le temps. Ainsi, il ne se rappelle pas du tout de toi ? J'espère que la situation n'est pas trop douloureuse pour toi. Il n'a donc pas dû réagir lorsque tu lui as passé mon bonjour.

Pourquoi Sunfire veut-il que tu l'aides à pardonner ? Quel pardon doit-il accorder pour réussir à devenir meilleur ? J'avoue ne pas trop comprendre. De toute façon, s'il est bien sincère, alors tu dois tout faire pour l'aider à trouver sa voie. N'est-ce pas notre mission en tant que membre de la Croix Blanche ?
Je t'envie, tu sais, tu arrives là où, malgré mes efforts et les nombreux assassins que j'ai côtoyés, j'ai toujours échoué. Peut-être n'osais-je pas prendre ma mission aussi à coeur que toi...

Tu affirmes ne pas comprendre ce qui me lie à Korgrim, et je m'en étonne. Je l'aime, tout simplement. Je sais bien que cela n'est pas raisonnable, je sais bien que beaucoup trop de choses nous séparent, je sais bien que ses préceptes sont en totale opposition avec les miens. Mais vois-tu, lorsque Korgrim n'est pas à mes côtés, le monde entier parait vidé de sa substance qui lui donne couleur et intérêt. Je perds toute énergie, tout désir, toute envie, s'il n'est pas là. Je ne te parle pas seulement d'attrait charnel. Mon amour pour lui va bien au-delà. Il suffit que je le vois pour que ma vie s'illumine, que je me sente vivre. Le monde scintille alors de mille couleurs chatoyantes, et même les atrocités que nous voyons chaque jour ne peut ternir la beauté et la joie d'être à ses côtés. Je ne suis entièrement moi qu'avec lui. Korgrim est devenu une part de moi-même, la part qui donne tout son attrait à ma vie. Sans lui, je ne suis rien.
Cela peut te sembler excessif, voire t'effrayer. Pourtant, c'est ce qui peut arriver de plus fabuleux dans une vie, et j'espère de tout coeur que ce sentiment te réchauffera un jour.

Alors même si Korgrim ne parle pas beaucoup, en ce moment. Même si je me soucie pour lui, tant qu'il était près de moi, cela allait. Mais depuis plus d’une semaine, sans nouvelle de lui, je me ronge les sangs et m'étiole.
Korgrim m'a confié partir remplir une "mission". Est-ce en rapport avec la Contrebande, vu qu'Aerielle l'a accompagné ? Est-ce, comme je le crains, une "leçon" qu'il désirait donner ? Je n'en ai aucune idée. Toujours est-il qu'il m'a confié le groupe, peut-être pour me montrer ainsi qu'il avait toute confiance en moi, sûrement pour m'empêcher de le suivre, ce qui confirmerait la teneur macabre de sa mission. Je ne peux répondre à ces questions qui m'angoissent.

Je ne sais si je suis la meilleure placée pour te parler de l'amour, Siobhan. Carole le serait bien plus. Sa situation est bien plus simple que la mienne. J'espère en tout cas avoir répondu à tes interrogations.

Bien afffectueusement,

Athalante
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Kachiko
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Message par Kachiko » 24 juil. 2006 16:03

Les gémissements. Parfois des cris. L’odeur du sang surtout… Kachiko avait mal à la tête. Que s’était-il donc passé ? La Championne ouvrit difficilement les yeux. La pièce dans laquelle elle se trouvait était assez sombre, seules quelques bougies éclairaient faiblement la scène. Un dispensaire.

Les souvenirs revinrent à l’esprit de Kachiko. Sa descente vers la Moria, sa rencontre avec Korgrim et sa bande. Ce minable de Liloo…

Kachiko s’assit sur la paillasse où on l’avait installée. Ainsi donc, encore une fois, les prêtres des souterrains l’avaient sauvée… Dommage…

La Rokugani réajusta son kimono taché de sang. Il faudrait le nettoyer, songea-t-elle en pensant à Aiko. Elle recoiffa ensuite ses cheveux détachés et emmêlés. Elle détestait le retour à la vie dans les dispensaires où elle perdait sa prestance et pour un temps la conscience. On avait soigné ses blessures. Qui donc avait osé la toucher !?, fulminait-elle.

Poussant un soupir, Kachiko se leva doucement et sans un mot ni un regard pour les prêtres et les autres blessés du dispensaire, sortit dehors. Au fond d’elle, elle espérait avoir été ramené dans les étages supérieurs. La profondeur lui donnait la nausée, et elle s’y ennuyait ferme. Elle avait hâte de rejoindre ses gens.

Au sortir du dispensaire, ce fut la déception. Le sort s’acharnait sur elle. Etait-elle maudite par Benten ? Qu’avait-elle fait pour mériter pareille malchance ? Au loin, elle reconnut les murailles du château morbelin. Le retour vers la Moria lui était devenu impossible, à moins de repayer la taxe, ce qu’elle se refusait de faire. Quant au retour vers les étages supérieurs, un long voyage s’annonçait. L’humeur de Kachiko, déjà fort mauvaise, s’aggrava encore plus à cette idée. Mais elle repartit aussitôt, sans gémir, sans soupir.

Une bande de guerriers combattaient au loin quelques monstres. Les Mercenaires Fééruniens. Décidément, Kachiko n’arrêtait pas de les croiser. Mais aujourd’hui, elle n’avait ni le temps ni l’envie de rester avec eux un moment.

C’est alors qu’elle aperçut un rat qui se dirigeait vers elle. L’animal portait un petit message autour de son cou. La Championne sut qui était l’auteur de ce message avant même de le lire. En un sens, cette missive fit plaisir à Kachiko. Dans un autre… tout lui était indifférent en ce moment. Cependant, ce qu’elle apprit dans la missive lui fit naître un pâle sourire moqueur. Kachiko entreprit de répondre à celle qui était indiscutablement une amie.


« Athalante-chan,

le pardon est une chose que j’accorde très rarement, je crois que vous n’êtes pas sans le savoir. Vous m’avez proposée de vous accompagner, vous et vos amis, dans cette excursion dans la Moria. Aussi dangereux cela pouvait-il être, je vous ai fait confiance, pensant que vous et vos compagnons sauriez me protéger des monstres que l’on trouve à ce niveau. Hélas, je n’aurais pas imaginé que de tels monstres puissent se cacher parmi vos compagnons. La lumière et la bonté que vous souhaitez émaner dans les souterrains sont comme une lumière aveuglante, cachant la triste réalité de la faiblesse de vos paroles, Athalante-chan. Vous dites regretter ce qui s’est passé, vous dites réprouver les actes de Liloo. Pourtant, cela fait des mois que vous côtoyez ces gens. Ceux-là même qui veulent imposer leurs volontés aux autres ou les détruire, ceux-là même qui se croient au-dessus des autres au point d’en devenir des monstres. J’aurais dû me méfier. Déjà, je m’interrogeais sur votre personne, et votre relation avec ce Korgrim. Maintenant que j’ai vu qui étaient réellement ces personnes, j’en viens à me poser des questions sur vous, mon amie. Votre foi en Falis ne serait-elle pas qu’une simple mascarade ? Vous combattez pour des valeurs et dans le même temps traînez avec des gens qui bafouent chaque jour ces mêmes valeurs. Depuis combien de temps cela dure-t-il, Athalante-chan ? Je croyais en vous et votre force d’âme, mais vous êtes comme tous les autres, une faible qui se laisse dominer par ses peurs et ses désirs. Votre Déesse ne vous sera d’aucun secours, mon amie. Elle ne peut rien pour combattre ce sentiment stupide qui vous lie à Korgrim et ses amis. L’amour est votre faiblesse, Athalante, tout comme mon amitié pour vous a été la mienne. Mais je ne ferai plus cette erreur. Tout comme j’espère que vous avez compris la leçon. Vous avez quitté votre groupe, cela est un espoir. J’aurais souhaité vous rejoindre, mais je crains qu’une fois encore, nos routes se séparent, brutalement. Nous nous reverrons cependant, j’en suis certaine. Et j’espère que ce jour-là, j’aurais en face de moi une femme forte et digne. A cette seule condition je puis vous pardonner mon amie.

B. K. »
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Message par Mélisande » 29 août 2006 08:15

La jeune femme contemplait les marches qui descendaient vers l’obscurité devant elle. Elle se trouvait enfin devant le Bruit et la Fureur.

Athalante avait passé les deux derniers mois à courir à travers les Souterrains. Remontant au Pays des Pas Perdus, elle avait provisoirement rejoint Nastywoks et Dorago von Valentir et les avait soutenus dans leur combat contre la reine-araignée Sketsess, au Masque de Mort. Puis, avec Nastywoks et quelques De Profundis, elle était retournée en Moria. Malheureusement, tous ses compagnons étaient morts en quelques jours. Le Chevalier de Justice avait alors entrepris seule la traversée de la Moria, était allée dans le Château, avait rencontré Kharon et Sandria, les avait accompagnés jusqu’au grand escalier avant de redescendre, de nouveau seule, en Moria, afin de rejoindre les De Profundis, sur l’invitation de Stig.
Plusieurs fois, elle avait frôlé la mort, elle avait vu Keran périr à de multiples reprises, revenant à chaque fois des limbes, un peu transformé par la mort. Le voyage solitaire avait été réellement éprouvant et la jeune femme avait un peu maigri. Ses grands yeux noirs étaient sans cesse sur le qui-vive. Une inquiétude perpétuelle pesait sur chacun de ses mouvements. Bien sûr, n’avoir aucune nouvelle de Korgrim depuis plusieurs mois n’avait pas arrangé les choses.

Athalante soupira et esquissa un sourire, ses joues n’étant plus habituées à ce geste incongru lorsqu’on est seul au milieu des trolls. Elle allait enfin pouvoir se reposer sur des compagnons, pouvoir parler à nouveau, pouvoir s’entraider. La jeune femme avait grand hâte de rejoindre les De Profundis qui l’attendaient, à quelques lieues de l’escalier.

Sortant de son sac une torche, la petite humaine fit un signe à Keran. Le dragonnet souffla quelques flammèches sur la torche qui s’enflamma aussitôt. Athalante jeta un dernier regard derrière elle, dans la petite salle de la Moria. Les trolls, près du temple d’Apiera, frappaient leurs tambours. Juste à côté d’elle, l’autre escalier descendant exhalait une odeur âcre. Deux escaliers côte à côte. Les Souterrains avaient une structure vraiment déconcertante. Chassant ces pensées futiles, Athalante fit face aux marches glissantes, rougeoyant sous la lueur ondoyante de sa torche, et s’enfonça dans le Bruit et la Fureur.
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Message par Mélisande » 02 nov. 2006 20:19

Athalante franchit en courant l’angle du premier couloir, repéra la lueur lointaine des torches de ses probables compagnons et continua sa course jusqu’à arriver jusqu’à eux. Essoufflée, elle reprit lentement haleine en observant ceux qui lui faisaient face. La surprise écarquilla légèrement ses paupières. Un sourire ravi illumina ses traits fatigués. Non seulement Duron, son vieux compagnon, faisait partie du groupe, mais Athalante avait aussi la joie de revoir Azaghal, l’ancien mentor des Chevaliers de Justice. Il avait trouvé un passage secret, avait erré longtemps dans les ténèbres, avait été prisonnier. Il était parvenu à s’enfuir des geôles de Malkiar. Revenu dans les Souterrains, Azaghal n’avait pas réintégré les Chevaliers de Justice, il était bien trop éprouvé par ses épreuves pour cela. Il avait malgré tout gardé des contacts constants avec son ancienne guilde, tout en combattant au plus profond des Souterrains. Les retrouvailles furent chaleureuses. Azaghal, très chevaleresque, proposa aussitôt à Athalante de veiller sur elle. A partir de ce moment-là, sa protection discrète et affectueuse ne fit jamais défaut, et resserra les liens entre les deux paladins.

L’accueil de Duron fut beaucoup plus exubérant. Sa truculence trouvait écho en Blade. Le nain et l’elfe se renvoyaient des répliques plus audacieuses les unes que les autres. Athalante rougit, puis s’habitua aux parlers crus de ces deux compagnons. Turin et Stig, les deux seigneurs De Profundis, accueillirent Athalante avec courtoisie. Stig s’avança vers Athalante et l’invita, d’un geste de la main, à venir combattre à ses côtés un ogre qui approchait. Venant d’un champion aguerri, l’invitation avait une grande valeur qui n’échappa pas à la jeune femme. Aussi s’appliqua-t-elle en faisant face à la bête sanguinolente. Lardé de coup, l’Ogre Sombre vacillait déjà sur ses pieds massifs. L’ogre avait de petits yeux qui transpiraient de bêtise. Sa peau brun gris, foncée, était largement dévoilée puisqu’il ne portait qu’un pagne crasseux en peau dont il ne valait mieux pas se demander si c’était celle d’un elfe, d’un humain ou d’un nain, bien que les touffes de poils, ici et là, faisait pencher la balance du côté d’une origine naine. Dans ses larges mains, un marteau titanesque ne semblait pourtant pas peser lourd. Athalante abattit son épée sur l’ogre qui s’effondra. Un sentiment de puissance envahit la fragile humaine et elle adressa à ses nouveaux compagnons un sourire victorieux. L’Ogre Sombre n’était pas venu seul. Un Chien des Enfers grondait devant eux. Ceux qui abattirent leur lame sur l’énorme bête furent brûlés par les flammes qui jaillissaient de sa fourrure incandescente. Chaque coup porté était une brûlure reçue. Le chien, presque aussi grand qu’Athalante, mourut bientôt. Le Chevalier de Justice pansa les brûlures des guerriers.

La première journée se termina sans qu’Athalante s’en aperçût. Comment l’aurait-elle pu ? La seule lumière provenait des torches que tenait chaque aventurier. Epuisée, elle s’approcha du coin de couloir dans lequel ses compagnons s’étaient assis, et partagea leur repas, nostalgique soudain. Qu’il était agréable d’avoir enfin des compagnons !
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Message par Mélisande » 03 nov. 2006 23:44

Ce sont les bruits d’une conversation qui réveillèrent Athalante le lendemain. Elle se redressa sur sa couche, péniblement. La nuit avait été mauvaise. Elle frotta ses yeux rougis par les larmes. Et s’approcha de Blade, Azaghal, Duron, Turin, Stig, Eowin, déjà fin prêts pour la marche. Athalante était honteuse d’être à la traîne. C’était la première fois qu’elle avait des compagnons qui se réveillaient avant elle, elle n’était guère habituée. Tandis qu’elle finissait de ramasser ses affaires, Sigtal se précipita sur un ogre à la carrure énorme. Athalante le suivit. La petite humaine apprit vite à reconnaître les différents habitants de ce labyrinthe. Si l’Ogre était déjà impressionnant, le Seigneur Ogre et le Héros Ogre les dépassaient par leur cruauté, la force de leur rugissement, de leur menace. Physiquement, ils se ressemblaient, ne portaient guère plus d’habits les uns que les autres. Les nuances de peau différaient légèrement. Ils se battaient avec différentes armes, très grossières pour la plupart. En fait, Athalante avait l’impression que les Ogres ramassaient le premier objet lourd et contondant qu’il trouvait et s’en servaient comme massue pour frapper tout ce qui n’était pas des leurs. Le pire est qu’ils étaient très doués pour atteindre leurs cibles, la force suppléant à la précision ou la tactique.

Lors du combat de cette journée, Athalante remarqua avec quelle tendresse Eowin et son fourreux prenaient soin de Turin. Regarder le couple, au début, lui lançait des pics glacés de jalousie et de douleur dans le cœur et leur vision la torturait. Au fur et à mesure que les jours passèrent, la résignation et l’oubli tissèrent un cocon d’indifférence émolliente. Au bout de quelques mois, les flèches acérées n’atteignaient plus le cœur éteint de la maître mage. Elle avait retrouvé une certaine sérénité. Apaisée, elle se mit à apprécier la compagnie d’Eowin, sa douceur jamais prise en défaut, sa sagesse, sa tempérance. Les autres femmes du groupe étaient différentes. Eladamri restait très secrète, presque effacée. Eloyne était plus extravertie, mais elle se languissait de ses compagnons, il lui tardait de les retrouver.

Keran, lui, détestait l’endroit. Il faut dire que le dragonnet d’Athalante ne cessait de quitter les lieux de façon brutale, le plus souvent en s’interposant entre les carreaux d’arbalète et sa maîtresse. Les arbalétriers ogres étaient en effet de redoutables tireurs. Leurs carreaux étaient expulsés avec une telle force qu’ils transperçaient sans mal les armures, et comme ils n’étaient jamais seuls, recevoir une salve de carreaux pouvait dsavérer mortel, même pour les nains les plus résistants. Aussi, Athalante était-elle obligée d’invoquer Keran tous les deux ou trois jours, parfois une semaine quand la chance leur souriait. Keran crachotait des flammes à chaque nouvelle invocation, manifestant sa colère. Athalante en était désolée mais ne pouvait rien faire pour soulager son compagnon. Il était trop faible pour les ogres. Qui pouvait être assez fort, d’ailleurs, pour rivaliser avec eux ?
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Message par Mélisande » 05 nov. 2006 21:26

Quelques semaines plus tard, Athalante suivait avec un sourire confiant les De Profundis s’enfoncer dans un nouveau couloir. Elle commençait à bien s’habituer à cette équipe conviviale, joyeuse et insouciante. Les de Profundis avait cela de particulier qu’ils ne dramatisaient jamais, plaisantaient de tout, et n’avaient peur de rien. Pourtant, certains d’entre eux stupéfiaient la jeune femme par leur expérience et leur savoir-faire, leur force aussi dans le maniement des armes, dans les tactiques de combat, ce qui en faisaient des guerriers d’une efficacité redoutable, tandis que d’autres vagabondaient à leur côté avec une distraction qui leur causa parfois tort.

C’est ainsi que ce matin-là, Eladamri revint de son petit tour en éclaireur avec un grand sourire. Il y avait des runes, un peu plus loin, mais la prudence s’imposait, plusieurs ogres dont un ogre nécromantique des abysses siégeaient au même endroit. L’ogre nécromantique des abysses était terrifiant. Outre sa peau épaisse, la plus dure qu’Athalante ait jamais rencontrée, le collier de crâne qu’il portait autour du cou, ses yeux luisants de maléfice, symbolisaient le danger qu’il représentait. Il était en effet capable de faire de la magie noire. Il invoquait des squelettes des cadavres qui se dressaient près de lui, et ordonnait à ces créatures d’attaquer les aventuriers.
Décision fut prise par le groupe d’aventuriers d’avancer, mais doucement. Merrick, un homme enclin aux plaisirs libidineux et à la biture, comprit seulement la première partie du plan : avancer. Il avança donc…
Lorsqu’il fut devant l’ogre nécromantique et ses deux ou trois comparses, il se retourna, ne vit personne derrière lui, et s’interrogea alors, avec une gaîté teintée d’inquiétude :

« - On ne devait pas avancer ? »

Le temps que les De Profundis et leurs compagnons arrivent sur place, il ne restait plus rien de Merrick à part un spectre de l’effroi, que l’ogre nécromantique avait vraisemblablement invoqué du cadavre du De Profundis.

D’autres compagnons succombèrent sous les coups de stalagmite des ogres. Mais ce fut la perte de Stig qui frappa le plus l’esprit d’Athalante. Le Chevalier de Justice éprouvait un respect profond pour le Seigneur De Profundis. Sa sagesse et l’efficacité avec laquelle il veillait sur chacun impressionnaient fort l’esprit de la jeune femme. Stig était fort et le savait. Aussi, lorsque l’ogre le plus redoutable de tous hurla, annonçant son arrivée, Athalante ne s’étonna pas que Stig se propose afin de le contrer, et de protéger ainsi ses amis. Hélas, le Héros Ogre Berseker avait une force de frappe abominable. Il était capable de fracasser des armures et de frapper dans les failles qu’il ouvrait largement. De plus, quand la folie déformait les traits déjà grossiers de son visage, il frappait avec une telle férocité qu’en un instant, l’aventurier le plus solide pouvait mourir. Stig s’interposa donc et fit face au berseker. L’ogre eut un rictus haineux et abattit sans relâche son arme sur Stig, qui flancha vite et se retrouva bientôt dans une mare de sang, mort. Athalante le regardait, ébétée. Elle était à côté, elle avait tout vu et n’avait pas eu le temps d’esquisser un geste, d’envoyer un sort de soin qui aurait pu sauver Stig. La tristesse se transforma en rage, et à l’instar de ses compagnons, elle fondit sur le héros ogre berseker. Assailli de toute part par des aventuriers enragés, l’ogre ne fit pas long feu. C’est bientôt sur son cadavre que les De Profundis déplorèrent la mort de l’un des leurs.

La séparation ne dura pas trop longtemps. Stig parvint bientôt à les rejoindre, avec Gavron, tombé lui aussi au combat, Rondum et quelques autres compagnons.
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Message par Mélisande » 11 nov. 2006 17:30

Athalante soignait à nouveau Lysandre et Gavron. Penchée sur les deux De Profundis, elle regardait les Oursons se débattre avec les écuelles pour la vaisselle du matin. Ils semblaient grognons et n’appréciaient visiblement pas la corvée. En étaient-ils privés, d’ordinaire ? A moins que ce ne soit l’eau si précieuse qu’ils éparpillaient par leur maladresse qui les mettait de mauvaise humeur. Pourtant, Alea, Jacta et Hest n’étaient pas vraiment de nature maussade, d’habitude. Athalante avait cru, en arrivant parmi les De Profundis, que les Oursons étaient des familiers, parmi tous ceux qui grouillaient, apparaissaient, disparaissaient sans cesse. Pourtant, ces petites boules de poils s’étaient avérées être des nains et un elfe qui avaient été transformés par elle ne savait quel maléfice.

Athalante termina les derniers soins sur Lysandre et se releva, époussetant avec désinvolture le bas de sa robe pourpre qui était à présent bien élimée. Elle alla chercher sa cotte de mailles, la passa sur son corps, en sortit la longue tresse qui enfermait dorénavant ses cheveux noirs et ajusta sur son crâne le voile qui cachait sa nuque et le haut de ses épaules. Une fois prête, elle rejoignit toute la troupe. Quand tous les retardataires furent là, le groupe se remit en route. Eladamri avait repéré un ogre à deux têtes, sur leur route. Athalante avançait en discutant magie avec Gil-Galad, Eladamri, Sylphin et Turin Turambar. Les archimages déploraient la pénurie de runes, surtout les runes de principe, pénurie qui interrompait leurs recherches dans l’art arcanique, ce qui les frustrait grandement.

Bientôt, ils entendirent des rugissements. Sigtal, Duron, Turin, Eowin et Blade avaient débusqué l’ogre à deux têtes et l’assaillaient de leurs diverses armes. L’ogre se dressait devant eux, gigantesque. Sa peau glabre luisait d’une substance qui semblait la rendre impénétrable. Les deux têtes monstrueuses se tenaient côte à côte sur des épaules aussi larges que celles d’Ingeloakastimillitzan, du moins était-ce l’impression d’Athalante. Les têtes de l’ogre dodelinaient légèrement, comme un balancier. Elles agissaient ensemble, de la même façon. Athalante se demandait par quelle bizarrerie de la nature cette race avait bien pu se développer, et surtout, à quoi leur servait ces deux têtes qui ne leur donnaient visiblement pas le double d’intelligence qu’ils auraient pu espérer, si tant est qu’un cerveau gros comme celui d’une gelée rouge puisse espérer. Le rugissement qui sortait des bouches jumelles était assourdissant. Heureusement, les guerriers mirent bien vite fin au vacarme en achevant l’ogre. Athalante se précipita à nouveau pour soigner les quelques égratignures que le combat avait provoquées. La jeune femme avait enfin trouvé sa place. Elle était en paix.
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Message par Mélisande » 12 nov. 2006 18:21

Après des retrouvailles houleuses entre Gil-Galad et Gwarna, sa bien-aimée, le groupe reprit son train-train habituel. Athalante veillait sur chacun, soignant, accélérant les mouvements, gonflant les muscles de ceux qui en avaient besoin, notamment ceux de Duron. C’est ainsi qu’un matin, après avoir répandu sa magie sur le nain, Athalante eut la surprise de le voir s’avancer vers elle et lui déclarer :

"- Athalante, tu t'occupes si bien de moi que j'en suis bouleversé.
Dis, tu ne voudrais pas trouver une situation stable, élever des enfants qui seraient la fierté de tout le royaume, grands et beaux comme toi, forts et spirituels comme leur père.
Tu aurais tout ton temps pour étudier la magie, l'art de la table et du tricot ... ... de mailles.

En quelques mots, Athalante, veux-tu m'épouser ?"


Athalante resta quelques instants la bouche béante, les yeux exorbités, le visage pâli, ce qui ne rendait guère honneur à son intelligence. Enfin, elle se décida à clore son bec, elle déglutit, puis fit un sourire tendre à Duron.

"- Duron, votre demande est fort surprenante. Je ne m'attendais pas à une telle demande de la part de quelqu'un d'aussi... vigoureux... et volage que vous."

Elle s'approcha du nain, et s'accroupit devant lui afin d'avoir les yeux en face de ceux du nain.

"- Votre demande me touche beaucoup mais je me dois de la refuser. Je ne souhaite pas me marier, pour rien au monde. Le mariage est une aliénation que je ne souhaite pas connaître."

Elle eut à nouveau un petit sourire affectueux.

"- Cependant, vous pouvez quand même compter sur moi pour prendre soin de vous, cher Duron."

Athalante déposa un petit baiser amical sur la joue droite du nain, avant de se relever prestement. Rondum éclata de rire et ne put s'empêcher de s'exclamer :

"- Ah, ces jeunes !"

Puis le nain plus si jeune que ça ( non pas vieux, pas vieux ) commença déjà à ricaner en attendant la réponse de Duron.Puis se tut subitement.
Duron ne se laissa pas démonter et enchaîna aussitôt :

"- Puisque de mariage et d'aliénation il n'est pas question, on peut toujours faire les enfants quand même, hein ?! :roll:

Tu connais déjà mon instinct paternel.
J'ai donné jusqu'à ma vie pour Délia.

Alors, tu en penses quoi ?! Ca pourrait être une aventure formidable et ponctionnée de moments forts agréables ... surtout si on s'y met maintenant pour l'entrainement :ange:

... bon, et si les enfants, c'est non également, je peux aussi me contenter des moments forts agréables"


Athalante reprit à nouveau son air d'hébétude profonde et blondifiante, avant d'éclater d'un rire franc et joyeux. Elle se baissa à nouveau devant Duron, des lueurs affectueuses dansaient dans ses iris sombres.

"- Duron, vous êtes adorables ! Vous ne changerez jamais !"

Elle reprit un air sérieux, et respectueux, avant d'expliquer :

"- Je ne veux pas d'autre enfant. Avoir un enfant dans les Souterrains est une folie. je l'ai fait pour ma déesse, et puis parce que je n'ai pas eu le choix. Mais les affres que ma Délia a vécues ont suffi à me convaincre de ne plus donner la vie dans ces lieux maudits."

Elle se releva et fit une moue mutine, surprenante pour la Paladine.

"- Quant aux moments agréables, je préfère qu'ils soient agrémentés de sentiments amoureux, et non juste un échange physique."


Récit raconté en collaboration avec Duron et Rondum.
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Message par Mélisande » 12 nov. 2006 21:09

Turin Turambar se pencha vers l'oreille d'Athalante, l'air complice.

"- Dame athalante, je ne sais pourquoi, je sens que messire Duron va vous annoncer qu'il vous aime..."

Duron Lança un regard assassin à Turin Turambar, se racla la gorge et déclara :

"- Mais Athalante, je t'aime. Je t'ai aimé le premier jour où je t'ai aperçue.
Et mon amour a grandi un peu plus chaque jour.
Si j'ai été discret jusqu'à présent, la raison en revient aux hommes qui occupaient ton coeur jusqu'à présent. Mais aujourd'hui, il semble libre et je n'y tiens plus, le mien déborde.

Athalante, ne considère pas la race que je représente. Regarde Gwarna et Gil-Galad, cela ne semble pas être un obstacle à l'amour ... même s'il semble y avoir de l'eau dans le gaz :ange:
"

Duron parla plus bas pour Turin Turambar :

"- Plus un mot où tu vas tout faire foirer ! :P
Décidément, ces Turins, tous des empêcheurs de draguer en rond et des rabat-joies
!" conclut pour lui-même le serial lover.


Blade éclata de rire et demanda d'une voix malicieuse :

"-Eh Duron, c'est pas "amour" le nom de la chose qui grandit chez toi. :ange:
Et c'est prétentieux de dire que ça grandit un peu plus chaque jour. Ah ces nains ..."


Duron prit les choses très au sérieux :

"- :cherche: ... j'ai beau cherché, je ne vois pas ce que peut être cette chose dont tu parles, Blade, à part l'Amour évidemment.

Ma taille ? Ca fait en effet belle lurette que je ne grandis plus, encore qu'aujourd'hui, j'ai eu comme l'impression de grandir de quelque part…

Mon ego peut-être ?! Il a toujours été petit, ca ne colle pas.

Mon incroyable sens de l'humour ?
Ah oui tiens, ca marche
:D "

Puis il dit, à part soi : "- la mauvaise foi ... :roll: ... Nooonn :D !!! "


Athalante allait répondre à Duron quand l'intervention de Blade la fit déglutir de travers. la jeune femme fut prise d'une quinte de toux, ce qui l'empêcha d'entendre la réponse de Duron. Elle releva ensuite la tête, rejeta ses cheveux en arrière et posa son regard grave dans celui de Duron.

"- Duron. Mon coeur est certes libre, désormais. Mais il n'y a plus rien dedans. Il est asséché, épuisé. Vouloir y entrer à nouveau relève de l'utopie."

Elle secoua sa tête, désolée.

"- Tes demandes sont vaines et n'aboutiront pas, il vaut mieux pour toi que tu y renonces, cela ne t'apportera que dépit."

Elle prit la main du nain dans la sienne et s'accroupit devant lui.

"- Je suis navrée, Duron."

Et déposa à nouveau un baiser consolateur sur la joue gauche, cette fois, de Duron. Azaghal, compatissant et envieux, s'approcha de Duron, et lui souffla à l'oreille :

"- Continue, Duron. Au prochain coup, après la gauche et la droite, c'est sur la joue du milieu."

"- Et Duron, comme t'as l'droit qu'au baiser sur la joue, tu m'laisses ta place ? J'suis sûr que la donzelle apréciera mieux mes manières." enchaina Blade avec sa délicatesse coutumière. Etonnamment, Gil-Galad, qui observait les ogres non loin d'un air dubitatif, se mêla à la conversation :

"- Je me demande pourquoi cet arbalétrier Ogre ne réagit pas à notre présence.
C'est une femelle. Elle est sans doute tombée sous ton charme Duron, à moins que ce soit celui de Blade ... ou alors il y a un truc à trois qui se prépare ...
Raaaahhh !!!! Duron, sors de ma tête, tu me fais dire des horreurs. Dis encore une bêtise aujourd'hui et je te cloue le bec, c'est compris ?!
"


Duron se tint immédiatement coi. ce n'était pas au goût de Blade, qui l'encouragea pourtant :

"- Mais non Duron, Vas y, laisses toi aller !
on va pas se laisser embêter par ces pimbêches qui lancent quelques sorts de temps en temps !
Et l'ogresse, c'est comme la bougresse, ça en redemande !
D'ailleurs, c'est p'têtre ça qu'elle attend Athalante ? Un truc à quatre et pas à trois. :cherche:"


Ces interventions déclenchèrent plusieurs réactions. Tout d'abord Azaghal, le protecteur d'Athalante exprima son mécontentement :

"- Dites voir les vieux sadiques, vous ne voulez pas laisser dame Athalante tranquille s'il vous plait. Vous ne savez pas ce qu'elle a subi, enduré... Moi si !

Elle a besoin de calme et de réconfort moral, pas d'une bande de vicieux ne cherchant que du confort physique
!"


Azaghal, qui avait juré de la protéger et de la défendre au péril de sa vie, se plaça près d'Athalante, rouge comme une pivoine. Cette dernière avait compris les allusions de Gil et de Blade et ne savait quoi répondre de spirituel à des propositions aussi déplacées. Gil-Galad ne lui laissa pas le loisir de réfléchir à sa réponse, de toute façon. il s'emporta contre Blade :

"- Je suis désolé pour les personnes qui seront lésées par les sorts qui ne pourront plus être lancés sur eux mais un truc comme celui-là, je ne peux décemment pas le laisser passer.

Blade, premièrement, sans les mages, tu ne serais pas grand chose. La symbiose guerrier/mage est indiscutable.
Et deuxièmement, tu devrais revoir tes critères pour distinguer un male d'une femelle.
Regarde autour de toi et tu verras que les mages sont en majorité des males.
Donc à moins que tes penchants soient en contradiction avec ton discours, je ne suis pas UNE pimbèche.

Je vais t'aider à murir tes paroles pour une prochaine fois et que cela te serve de leçon. J'avais prévenu Duron et ce sera donc toi qui subiras le chatiment.
"


Et Gil-Galad lança un sortilège sur Blade qui réduisit l'elfe au silence pour quelques heures. Eowin vit que les choses commençaient à mal tourner, et invita tout le monde, fort à propos, de se concentrer sur l'ogre nécromantique des abysses qui pointait son nez protubérant dans le coin du couloir. Tous les guerriers se précipitèrent et déchargèrent sur la pauvre bête les tensions qu'ils avaient accumulées. Elle mourut rapidement. Athalante préféra ne plus repenser à cette conversation, et personne n'y fit plus allusion, ce qui l'arrangea bien.


Récit raconté avec la collaboration de Duron, de Blade, d'Azaghal, et de Gil-Galad.
Dernière modification par Mélisande le 12 févr. 2007 16:02, modifié 1 fois.
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Message par Mélisande » 27 déc. 2006 11:04

Le groupe ayant des préoccupations divergentes, une séparation temporaire fut convenue. Athalante partit avec Blade, Stig, Nastywoks et quelques autres combattre un groupe d'ogres qui approchait. La jeune femme s'élança dans la bataille avec vaillance, voire même avec une certaine dose d'inconscience. Mais il n'y a pas de place pour l'imprudence dans le Bruit et la Fureur. Athalante s'en rendit compte quand un ogre à deux têtes l'attrapa par la taille, la souleva jusqu'à ses hideux visages et de ses deux bouches monstrueuses déchiqueta sa gorge. Le sang se répandit sur le décoleté et le devant de la robe de la jeune femme tandis que la vie quittait son corps.

Elle se réveilla dans un dispensaire, en Moria. Un bel infirmier s'empressa de prendre soin d'elle, ce dont elle lui sut gré. Nastywoks la rejoignit bientôt dans le dispensaire. De nombreux aventuriers passaient en cet endroit, conduits par leur cupidité, par leur désir de découverte, leur hargne à tuer, ou plus simplement par la mort. Athalante les soignait et les aidait. Bien peu la remerciait. Athalante, très calme, se sentait souvent mal à l'aise devant leur indifférence, puis elle prit à son compte cette indifférence. Elle songeait souvent à Ventarion, à leurs conversations, et réfléchissait à sa place parmi les Chevaliers de Justice.

Un jour, alors qu'elle était désoeuvrée, elle prit sa décision et écrivit une lettre aux Chevaliers de Justice :
Chers Chevaliers, chers Ecuyers,

depuis plusieurs mois, je cherche vainement à appliquer nos préceptes dans les Souterrains. Les Chevaliers de Justice ont érigé des règles d'Honneur et de Pardon que j'admire beaucoup. Néanmoins, j'ai de plus en plus de difficultés à concilier ces règles avec la vie réelle dans les Souterrains. Au fur et à mesure de ma progression dans les profondeurs, je ne parviens plus à mettre en adéquation ces préceptes avec la réalité. Aussi, plutôt que de bafouer chaque jour davantage des règles admirables, je préfère déposer mon blason ici.

Vous pourrez toujours compter sur moi pour épauler les Chevaliers de Justice, mais je préfère ne plus arborer un insigne dont je ne respecte plus, par mes actes, les principes.

Bien affectueusement,

Athalante.



Avec délicatesse, elle décousut le blason qui ornait sa manche, le glissa dans le pli, et confia la lettre à Keran afin qu'il la porte au fief des Chevaliers de Justice. Puis elle se tourna vers Nastywoks, visage mi-résigné, mi-interrogateur. Elle devait en parler à son ami.
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Message par Mélisande » 12 févr. 2007 18:26

Athalante continuait inlassablement son apprentissage de la magie, attachée au dispensaire de la Moria. Elle dispensait ses sorts sur les aventuriers présents sur le dispensaire. Elle ne regardait plus sur qui elle lançait ces sorts. De toute façon, pas un de la remerciait, pas un ne lui adressait un signe de reconnaissance. Athalante s’enfermait dans l’indifférence qui habitait son cœur, elle ne se rendait pas compte que c’était le vide qui l’habitait. De temps en temps, elle assistait à des assassinats qui la laissait de marbre, autant que le manque de reconnaissance de ceux qu’elle soignait. Tout cela faisait partie de la même ronde violente et interminable qui rythmait la vie des Souterrains. Nastywoks, après quelques hésitations, se lança lui aussi dans l’apprentissage de la magie, et s’éloigna à son tour afin de trouver les précieuses runes nécessaires. Quand Aerielle décida de rejoindre les égouts, Athalante et elles décidèrent d’un commun accord que la jeune femme accompagnerait la Contrebandière et son groupe. Le fait que Korgrim en fasse partie ne dérangeait en rien. Les deux anciens amants ne s’adressaient pas la parole, s’évitaient, et cela convenait parfaitement à Athalante. Ils se mirent donc en marche vers le grand escalier.

En chemin, Athalante profita de toutes les pauses pour écrire. Elle avait eu la surprise d’être contactée par une toute jeune fille qui voulait en savoir plus sur l’anneau de Ventarion. Envahie par ses souvenirs, ressentant des émotions qu’elle pensait avoir banni de son coeur, Athalante demanda aussitôt si elle savait qui possédait l’anneau de celui qu’elle considérait comme son père spirituel. La jeune fille à peine nubile la mit en contact avec un humain, le porteur de l’anneau, qui apprit à Athalante qu’il souhaitait le détruire. Athalante en eut l’estomac broyé. Pendant tout le trajet, le ventre serré d’angoisse, elle se lança dans un long échange épistolaire avec l’humain afin de le convaincre de ne pas détruire le seul souvenir qui restait de Ventarion. Las, elle apprit que c’était Altias le Noir, Altias le Fourbe, Altias le Manipulateur qui avait influencé par ses discours fallacieux un groupe d’aventuriers naïfs afin de leur faire faire cette abomination, sous le couvert de vagues menaces apocalyptiques. Athalante ne réussit qu’à arracher de l’humain la promesse qu’il lui rendrait l’anneau si on pouvait éviter de le détruire. Même à travers les lignes, Athalante constata, amère, combien cette promesse était de pure forme et avait peu de valeur. La mort dans l’âme, elle se résigna à nouveau à faire le vide dans son cœur. Ressentir faisait trop mal. Elle voulait retrouver le cocon ouateux de l’indifférence.

Elle y réussit plus facilement que la première fois.
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