[Chronique du Renard II] - Chronique du Déchu -

[Exirel]

Eléria avait du mal à comprendre ce qu'elle voyait autour d'elle. Elle avait fui devant la violence, elle avait fui devant la peur. Les dieux avaient-ils maudit les hommes pour que ce genre de chose arrivent ? Où était-ce simplement la punition de Malkiar pour être entré dans son antre ? Toujours est-il que ce qui venait d'arriver présageait du pire, et encore, elle n'était pas certaine de pouvoir imaginer toutes les conséquences de ce qu'elle venait de vivre.

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Marcher, tout droit, avancer encore et encore, un pas de plus sur le chemin, un pas de plus au travers de la souffrance, des ténèbres et de la mort. Toujours tout droit, et puis s'effondrer, comme un tas de chair bientôt morte. Avancer tout droit, et puis sombrer dans l'inconscience, perdre le peu de conscience qui restait, se perdre dans le tourbillon de la douleur, du chaos et du désespoir.

La chaleur est étouffante, et transforme le champ de vision en une sorte d'immense miroir distordant reflétant un chaos de cendre et de lave. Une forme est pourtant distinguable au-devant, qu'est-ce ? L'ange de la mort venu prendre son dû ? Ou encore une illusion ? Peu importe désormais, car les ténèbres viennent, et elles engouffrent tout.

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Carole avançait d'une marche soutenue, la distance d'ici à son objectif était encore trop grande pour pouvoir se reposer. Elle repensait encore à ce qui s'était passé avec Amaï, et les remords ne tardèrent pas à venir la titiller. Elle rangea ses préoccupations dans un coin de son esprit lorsqu'elle aperçu de loin un individu à la forme étrange, qui semblait avancer dans sa direction. Etrange...

Etrange ? Le mot était faible, l'inconnu s'effondra au sol lorsqu'il arriva à quelques mètres d'elle, qui eut tout juste le temps de le reconnaître.

Amaï ?

Un tourbillon de souffre et de cendre se leva brusquement, le corps de l'elfe fut agité de spasme, il voulu se redresser, elle pu voir sa chair palpité, comme si quelque chose tentait d'en sortir. Il hurla, et ce cri se répercuta en échos distordant, plongeant la scène dans une cacophonie assourdissante.

[Exirel]

Pulsation d'enfer, violence corporelle, hurlement de douleur, pas de doute la magie est à l'oeuvre. La fumée se fait plus dense, et alors que Carole voit le corps de l'elfe s'élever, ce dernier est recouvert par la fumée, masquant la suite des transformations. Ici où là, un piquant s'élève en même temps qu'un cri retenti. Ici ou là, un tourbillon de magie s'élève ou retombe et fait vibrer l'air et trembler le sol.

Juste des détails, ici une écaille, là une griffe, par ici des yeux luisants, et enfin la fumée se dissipe, et laisse éclater toute l'horreur de la scène. Il a la peau noire, telle les ténèbres où la lumière se trouble et disparaît, il a la peau noire, et parcouru de frisson qui la rende presque vivante. Les épines de son dos dépassent de très haut son dos recourbé, et elles s'élèvent comme des défis menaçants d'un rouge carmin. Qui oserait approcher une telle bête ? Ses cornes sont d'un blanc laiteux, et se terminent par des pointes qui n'ont rien à envier à ces griffes à la longueur démoniaque. La mâchoire est proéminente, qui laisse entrevoir l'étendu de la puissance de ses dents acérées, déjà prêtes à vous déchiqueter n'importe lequel de vos membres.

Il hume l'air et le parfum âcre du souffre, dans un reniflement bestial. Il cherche quelque chose, qui se tient devant lui. Ses yeux s'ouvrent, et les pupilles s'agitent. Une proie... ou mieux encore ?

Un hurlement de bête enragée se fait entendre, et il résonne en échos telles milles lames qui lamine la chair et assourdi tout. De ci de là, les cris se répercutent dans la fumée, et la magie toujours à l'oeuvre suit son cour. Bientôt une foule de petit yeux jettent leurs lueurs rougeâtres et malsaine. Des éclairs fusent en tout sens, et des arcs électriques pourfendent l'air en d'immense éclair mortel. Ceux qui tentent de s'approcher doivent supporter tout cela, avant de faire face à la bête.

Carole est tétanisée par ce qu'elle voit, c'est inhumain, c'est démoniaque. Il se jette sur elle et le renifle elle aussi, elle est étrange, elle ne bouge pas, se tient droite et tremble comme une feuille morte. Il la griffe, et du sang s'écoule par les plaies béantes, mais elle se laisse faire, rongé par ses propres sentiments.

Amaï, pardonne moi...

Comme elle s'en veut de tout cela. Elle se souvient de la dispute, ce sentiment de haine qu'elle a éprouvé après s'être senti trahie. Trahi par celui a qui elle avait tant confié, trahi par celui à qui elle portait une si grande affection, bien plus qu'elle ne lui le lui avait jamais montré. Elle s'en voulait tellement de l'avoir amené à sa perte, elle s'en voulait tellement...
Elle posa sa main, délicatement, vers le visage du démon, comme pour le caresser.

Cela semble le perturber, qu'est-ce donc que cela ? Que se passe-t-il donc ? Ne devrait-il pas arriver "autre chose" ? Quelque chose qui est censé arrivé ? Qu'est-ce...

Mais autre chose attire son attention, pas une, mais plusieurs : les aventuriers se sont réunis autour de lui, et certain même semblent vouloir engager le combat. Il rejeta Carole plus loin, et se jeta sur eux, toute griffe dehors. Il ne se contrôle plus, ce n'est pas nécessaire. Tuer tuer tuer tuer tuer tuer tuer tuer tuer tuer ! TUER !

[Exirel]

Le tumulte empêche les spectateurs de tout comprendre, mais Cloé vient de remarquer une forme brumeuse, qui semble flotter à quelques mètres à peine de la scène, une silhouette à forme humaine, voir elfique.

Elle s'approche et constate d'elle même, il ressemble à un elfe, c'est certain, mais est-ce Amaï ? Serait-ce lui sous cette forme ? La forme d'avant sa transformation ? Elle tente encore de s'approcher, mais la chose ne semble pas la remarquer, elle regarde dans le vide, prononçant de muette parole.

- Eléria ! Je ne t'avais pas vu, qu'est-il arrivé ? Vient m'aider, je pense que toi tu devrais pouvoir comprendre !

La De Profundis essuie le sang sur sa joue, elle est blessée, mais cela semble ne pas la gêner. La saleté fait partie de son quotidien dans ces souterrains. Elle s'approche, et la stupeur la prend, la paralyse, alors qu'elle reconnaît le visage, le si beau visage, de son elfe adoré.

- C'est... c'est... c'est lui ! C'est Amaï ! Mon Dieu... Amaï !!!
- Tu le connais bien non ? Remues-toi il faut arriver à comprendre ce qu'il veut ! Regarde il bouge ses lèvres mais on entend rien ! Eléria !
- M-moi ? Mais... Je... je ne sais pas si... enfin...
Elle s'approche de plus près pour mieux écouter, mais rien n'est audible. Ou alors peut-être ce léger sifflement, à moins que ce ne soit les bruits des combats à côtés ?

- Je ne comprends rien... Dit-elle désabusée, mais elle releva la tête devant l'insistance de Cloé, et se concentra un peu mieux en espérant comprendre.

Le temps passe, la bataille fait rage. Les bruits sont pénibles, ils empêchent de bien comprendre. Pourtant là, et ici, oui c'est cela ! Eléria se tourne vers Cloé, et jette un regard vers Carole.

- Cloé ! Je... je crois qu'il a peur ! Peur de quelqu'un chose mais je n'arrive pas à comprendre. Il parle de sentiment et de quelque chose qui se termine pas un son en -onnnnnn... Rahh je n'y arrive pas !

[Exirel]

L'odeur de souffre est plus puissante encore, depuis le déluge de feu lancé par une aventurière qui se cru bon d'user de sa magie en cet instant. Mais le démon n'a rien, pas une égratignure. Sa peau est épaisse, les glaives et les grandes lames ricochent comme s'il s'agissait de simples brindilles sèches.

Le Démon sauta au milieu des aventuriers, toutes griffes dehors il déchire les chairs. Son cri puissant résonne encore par moment, et les malheureux qui l'entendent ne peuvent plus que se coucher au sol en se tenant la tête remplie par le chant du chaos. Tout n'est que rage et déchaînement, les éclairs qui fusent et la magie saturent l'air qui devient lourd, presque palpable, qui colle à la main qui tient l'arme, qui empoisonne les poumons et brûle les yeux.

Il esquive un coup qui vient de la droite, en utilisant sa main gauche comme appui, il en profite pour prendre de l'élan et mordre un bras au passage. Un éclair jailli qui vient heurter une guerrière, tandis que les diablotins courent dans les jambes pour couper les tendons au niveau des genoux. Le sang monte à la tête, et s'écoule sur le sol.

Sa proie est devant lui, elle est toute petite mais ne semble pas avoir peur. Elle esquive un coup de griffe, et en profite pour contre-attaquer. Un premier coup de poing raté, mais le second touche la mâchoire destinée à mordre, tandis que les suivants tentent de s'abattre. Cela le fait bien rire, que croit-il avec sa force de nain ? Il est coriace en tout cas, son armure le protège bien, mais elle a forcément une faille. Elle doit avoir une faille.

[Exirel]

- Amaï !! Non ! Revient vers moi ! Ils vont te tuer !

Carole cri et pleure, à genoux, la main tendu vers la scène du combat, réduite à l'impuissance, blessée en plusieurs endroits. Cloé est passée à côté d'elle, lui a dit de se relever et de se placer en sécurité à côté d'Eléria, juste derrière elle.

Elle détourne le regard, et se relève, pour s'approcher de la forme brumeuse. Eléria est toujours à côté, elle essaye de comprendre, tourne un peu autour et écoute encore.

- Qu'est-ce Eléria ? Serais-ce ?
- Je ne saisi pas trop... il dit des mots que je n'arrive pas à comprendre. Ce bruit est assourdissant, je n'arrive pas à me concentrer.
- Qu'ai-je fait... pardonne-moi Amaï...
- Attends Carole ! Je crois comprendre quelque chose ! Il parle de peur et de sentiment, ça je l'avais déjà compris, mais écoute bien... on dirait qu'il dit "Nooooonnn"... ou quelque chose comme ça... tu comprends quelque chose ?
- Je... je ne sais pas à moins que...

Cloé s'ajouta à la conversation, qui dura quelques minutes. A chaque nouvelle idée Carole reprenait un peu de son assurance, mais rien ne semblait fonctionner. La panique revient à chaque fois, plus forte et plus tenace encore.

La petite fille pleure, elle essaye d'évacuer le stress. Elle pleure encore et encore, la fatigue, le stress, les problèmes, tout s'ajoute comme une chape de plomb pesant des tonnes. Un poids trop lourd à porter sur ses frêles épaules.

[Exirel]

Sa petite proie occupe tout son champ de vision, il ne se préoccupe plus de savoir ce que font les autres. Ils peuvent bien essayer de le transpercer de leurs lames, elles rebondissent sur sa peau. Ils peuvent bien lancer tous les sorts qu'ils veulent, il est meilleur qu'eux à la magie.

Pourtant, un trio ne cesse de le perturber, et l'empêche de se réjouir pleinement du combat contre le petit nain. Alors il se tourne tout à coup, bloque la lame qui s'abat sur lui d'un bras, et sa seconde griffe vint gifler l'air, rentrer dans la chair, broyer les os et faire couler le sang. Un de moins à l'embêter, ça fait toujours ça de gagner. La griffe pleine de ce sang chaud, il releva la gueule et hurla à nouveau. L'air fut à nouveau saturé de magie, les échos rebondirent ici et là, frappant avec plus de force encore que la fois précédente. Qu'ils tremblent donc devant sa puissance, tous sont touchés, tous doivent supporter le poids d'une blessure.

Mais revenons à cette petite proie. Ce nain à la voix bien arrogante, qui se veut plus fort qu'un démon de sa crampe. Pour qui se prend-t-il ? Il a peut-être résister à la première baffe, mais le combat ne faisait que commencer alors. Il se rua sur lui de toute sa masse musculaire, de toute sa puissance il le frappa, de toute sa rage il le griffa. Du sang, encore du sang, toujours du sang, du sang, du sang !

Mais... mais... que ce passe-t-il ? Pourquoi s'écartent-ils ? La terreur serait-elle plus forte ? Aurait-il compris qu'il lutterait jusqu'en enfer, ou sont-ils seulement en train de préparer un mauvais coup ?

Son oeil rouge tremble dans son orbite, à droite à gauche, il observe la foule. Qu'attendent-ils ? Que mijotent-ils ? Il grogne et contracte ses muscles... quelqu'un s'avance...

[Exirel]

- Un Nom ? Tu crois que c'est cela qu'il veut ?
- Et bien je ne suis pas sûre, mais ce serait logique ? Nous l'appelions toujours "son Autre", mais jamais nous ne lui avions donné de nom !
- Mais il ne me l'a jamais dit ! Même toi Eléria tu ne le connais pas ?
- Non... mais... après tout si tu lui en donne un ?
- Je ne sais pas. C'est aux mères de donner un nom à leurs enfants. Peut-être... peut-être que ce souhait qui m'est si cher et que je ne pourrais jamais réalisé, peut-être que ces sentiments pourront lui donner un nom. Soit...

Carole s'avance, pousse quelques guerriers, et s'approche, seule, du démon, qui la regarde avec méfiance. Elle le regarde dans les yeux, se plonge dans ce regard de bête, qu'elle a l'impression de reconnaître.

- N'ai pas peur, je ne te veux pas de mal.

D'une main timide qu'elle avance et qu'il renifle quelques secondes, elle lui caresse le visage. Elle s'approche encore, tout près, et lui sussure à l'oreille des mots que les autres ne purent entendre.

Tout deux, l'elfe et la bête, furent entouré d'un halo indescriptible, d'un voile flou, alors qu'un trou béant s'ouvrait derrière eux. Il resserra ses griffes sur elle, l'emportant dans ce portail qui venait de s'ouvrir à ses pieds. Les pulsations de magies font vibrer l'air, et des tourbillons empêchent de voir quoi que ce soit.

Lorsque tout est redevenu calme, que la poussière s'est reposée, le portail est toujours là, mais il ressemble à n'importe qu'elle autre portail.

- Là bas ! Cri Eléria. Je les vois, enfin je crois que c'est Carole... mais je ne vois pas l'autre...

[Exirel]

Carole retomba lourdement sur le sol. Elle était tombée dans l'inconscience alors que le Démon l'emportait avec lui. Elle n'avait que peu de souvenir des quelques dernières secondes. Juste cette impression étrange du lien qui la reliait désormais avec une entité démoniaque... Lorsqu'elle ouvrit les yeux, un elfe se trouvait à côté d'elle. Il était nu, en position fœtale, et semblait avoir froid.

Elle ne reconnu pas tout de suite son visage, ce n'était pas celui auquel elle était habitué. Il avait les yeux fermés, et respirait doucement, la tête par terre, ses cheveux blancs éparpillés en auréole sur le sol.

Carole sortit de son inconscience découvrant le corps nu à ses côtés. Elle se pencha sur lui, s’apprêtant à le prendre dans ses bras pour le réchauffer quand elle entendit Eléria prononcer le nom d’Amaï. Par réflexe, elle éloigna son bras qui c’était déjà avancé. Elle se tourna vers Eléria.

Amaï ? Est-ce donc lui ?

Elle le dévisagea ! Sa gorge se serra ! Il était si différent. Elle ne l’avait jamais connu avant que son Autre et lui se confondent en un seul corps. Elle l’avait juste entre aperçu un jour où Nenya et lui étaient venu s’entretenir avec l’Archidiacre mais ces souvenirs là étaient si lointain, si flous dans sa mémoire…

Elle le re-découvrait et ne savait trop que faire de ce corps nu. Devait-elle l’approcher ou s’en éloigner ? La reconnaîtra-il ? Et quelle serait sa réaction vis-à-vis d’elle si toute fois, les mois passés lui étaient toujours bien encrés comme des souvenirs. Lui en voudra-t-il d’avoir éloigné son Autre de son corps ? Ils c’étaient tellement habitués à vivre à deux, à partager le même corps, à se parler sans cesse. Lui en voudra-t-il d’avoir séparé cet être qui semblait si proche de lui, qui semblait faire partie intégrante de lui ?

Elle se releva et commença à reculer doucement, sur Oscar qui usa de son humour décalé, la félicitant de son geste. Il l’a lâcha enfin et elle continua de reculer, balayant du regard les aventuriers amassés autour d’eux. Lorsqu’elle vit Nainpol à l’écart, elle ferma les yeux. Elle en avait oublié sa mission. La panique la repris.

- Ne m’en veux pas Eléria de te laisser après tout cela... je...

Un sourire tendre se fit à son égard. Son regard continua de balayer le groupe se posant sur le corps recouvert d’un linceul. Elle inscrivit cette image dans sa tête et avança sa main vers lui alors qu'un nouveau passage s'ouvrait à côté d'elle.

Etait-ce la peur de l'inconnu, ou la mission à accomplir qui l'appela en cet instant ? Qui sait...