Il faut vivre, la roche au-dessus, comme un glaive
Prêt à trancher le fil qui nous retient debout
Il faut vivre partout, dans la boue et le rêve
En aimant à la fois et le rêve et la boue
Il faut se dépêcher d'adorer ce qui passe
Une rumeur, un message, un regard dans la cour
Un coeur fragile et nu sous une carapace
Une allure de fille éphémère qui court
Je veux la chair joyeuse et qui lit tous les livres
Du poète au polar, de la Bible à Kaamelot
M'endormir presque à jeun et me réveiller ivre
Avoir le premier geste et pas le dernier mot
Étouffer d'émotion, de désir, de musique
Écouter le silence où le barde chante encore
Avoir une mémoire hypocrite, amnésique
Réfractaire aux regrets, indulgente aux remords
[…]
Il faut voir Dieu descendre une galerie morne
En sifflotant un air de rancune et d'espoir
Et le diable rêver, en aiguisant ses cornes
Que la lumière prend sa source dans le noir
Combat, amour, alcool, gloire, frissons, tendresse
Je prends tout pêle-mêle et je suis bien partout
Au milieu des guyldien dont l’humour est l'adresse
Dans la fête menestrelle et le rire de Tonto
On n'a jamais le temps, le temps nous a, il traîne
Comme un bayou de plaine aux méandres moqueurs
Mais on y trouve un lit et des chants de sirènes
Et un songe accroché dans les pas du Veilleur
Jamais ce qui éteint, jamais ce qui dégoûte
Toujours, toujours, toujours, ce qui fait avancer
Il faut boire ses jours, un à un, goutte à goutte
Et ne trouver de l'or que pour le dépenser
Qu'on s'appelle Humain, Elfe, Nain ou que sais-je
Quidam évanescent, anonyme, paumé
Il faut croire au soleil en adorant la neige
Et chercher le plus-que-parfait du verbe aimer
Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête
Quelque chose a changé pendant que nous passions
Serge Reggiani
(Avec à peine un mot changé par-ci par-là )
Il faut vivre (poème des souterrains)
Il faut vivre (poème des souterrains)
Une seule résolution cette année : finir tout ce que je comm