Le pantalon de l'Ankou

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kroum
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Message par kroum » 02 juil. 2004 13:21

La semaine avait mal commencé. Les escorteurs dispersés, le système d’information tactique qui grésillait depuis deux jours s’était subitement éteint, et ne répondait plus que « Fatal Error ». J’étais découragé.

Les mauvaises nouvelles ne cessaient de s’accumuler. Lorsque j’étais arrivé au temple, la veille, j’avais eu la désagréable surprise de n’y pas retrouver l’archidiacre. On lui avait donné un sort de bip-bip. Il aurait dû être là depuis longtemps ! Que faisait-il encore derrière ? Et où, exactement, derrière ?

Interrogeant les voyageurs qui se pressaient en masse sous le porche du temple, j’appris que selon toute vraisemblance, l’archidiacre n’avait pas bougé. Oui, les informations concordaient : l’archidiacre n’avait plus l’air d’avoir envie d’avancer. Nous voilà bien, me dis-je, et le sort de bip-bip arrive à échéance. Il ne peut plus passer en deux étapes. Cela va allonger le trajet. Et vue le nombre de Karrig qui traînent par ici, il va falloir lui préparer un itinéraire de sioux. C’est ce que j’ai fait.

Nous balisons le trajet, des escorteurs sont placés aux différentes étapes, et une estafette rapide va prévenir l’archidiacre des étapes que nous avons sécurisé. L’estafette, à son retour, affirme que l’archidiacre, l’air absent, a répondu : « entendu ».

Deux heures plus tard : catastrophe. L’archidiacre est parti tout droit vers le nord. Il est en train de se jeter dans la gueule du loup, et on dirait qu’il ne s’en rend même pas compte. On crie. On agite les bras. Rien à faire, bille en tête, il est en train de donner tout droit sur un peloton de Karrig an Ankou. Ces derniers ne mettent pas longtemps à le reconnaître. Il se rue vers lui. Les plus proche commence le combat. Du temple, nous sortons, tous tant que nous sommes, mais nous ne sommes guère nombreux.

Quelle nuit fiévreuse nous avons passé à soutenir de nos soins magiques l’archidiacre que la horde Karrig attaquaient de toute part. L’archidiacre était touché. Un regain de force me vient : je m’approche de lui, et je commence mon incantation : je réussis un magnifique soin. Je regarde le résultat : aucun effet. Je regarde mieux : l’un des frères Nips avait profité de ma transe pour apparaître devant nous, et pour porter un coup à l’archidiacre. Les deux autres Nips sont arrivés eux aussi, et ont frappé. L’archidiacre blessé : mon second soin a tout juste permis de le ramener dans son état antérieur.

L’archidiacre a profité de l’aube pour glisser entre les griffes de ses agresseurs. Nous comencions à souffler. Le soleil levant a révélé les forces en présence. La bataille allait être féroce. Les Karrig avaient commencé à se rassembler. Il en venait encore de partout. Les escorteurs étaient présent en nombre. La Guilde Gilead nous avait envoyé ses représentants en rangs serrés. Leurs armes étincelaient au soleil levant.

Je ne pensais pas que la bataille pourrait éclater sur le champ. Nous étions soulagés de la retraite de l’archidiacre, mais nous étions tous fatigués, les combattants par la lutte nocturne, les nouveaux arrivants par leur marche forcée. Nous avons bien jusqu’à midi, me suis-je dit. Usant de ma cuirasse comme d’un oreiller, je me suis offert un peu de repos. Je n’ai pas dû fermé l’œil plus d’une ou deux heures. Le soleil n’était pas bien haut lorsque je me suis éveillé. Le combat était presque fini. Les carcasses des Nips attiraient les premières mouches. Les derniers Karrig se dispersaient en hurlant.

A un jet de flèche, Thor avait intercepté l’Ankou, qu’un sursaut d’honneur semble avoir décidé à se battre. Je me précipite, l’épée au clair. Je ne suis pas un gros balaise, je ne pense pas que je puisse faire peur à l’Ankou, mais il y avait derrière moi une dizaine de solides gaillards, et l’Ankou a compris que ses perspectives de victoire étaient maigres. Il hésite un instant. Thor, sur sa gauche, lui porte une estocade. L’Ankou encaisse, riposte. Thor chancelle. Je suis sur eux, mais L’Ankou ne m’attend pas. Il tourne les talons, fait dix pas, et soudain tombe à terre. Il a son compte, je me dis, allons dépouiller son cadavre. Je m’approche. Le bestiau n’était pas mort du tout. Je ne voyais plus que les jambes, mais elles bougeaient frénétiquement. Le haut du corps était engagé dans un terrier de renard. C’est là que j’ai compris : l’Ankou était en train de se trouver un coin pénard pour hiberner. Le spectacle était si grotesque que je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire. Thor, lui, ne riait pas du tout. Il avait du sang plein le visage. Il a essayé de couper le Karrig en deux, mais son arme a dévié sur le fourreau de l’adversaire, et s’est prise dans son baudrier. L’Ankou a dû sentir passer le coup, cela lui a donné des ailes. Il a donné deux ou trois ruades, nous avons entendu un grand Krak, et sa moitié postérieure a disparu dans le terrier.

Il ne restait plus sur l’herbe verte que le pantalon du fuyard.

J’ai ramassé la défroque. Elle n’était pas propre-propre, si vous voyez ce que je veux dire. Cet Ankou, décidément, il n'a rien pour le racheter.

On a accroché son falzar au bout d’une pique, celle sur laquelle on aurait préféré planter sa tête, et on est retourné vers le temple en chantant.

A la porte du temple, l’archidiacre nous attendait. On lui voyait deux ou trois estafilades, mais il avait repris du poil de la bête. Il n’avait pas l’air content du tout :
- Un, chanter à la porte du temple cela dérange les moines dans leurs prières
- Deux, il y avait des cadavres à enterrer avant qu’il ne se mettent sentir
- Trois, nous avions intérêt à nous dépécher si nous ne voulions pas être en retard pour la cérémonie du Marlid.

Que voulez-vous répondre à cela ? J’ai posé la pique avec le futiau de l’Ankou contre le mur d’enceinte du temple, et je suis allé m’activer avec les autres. Quand je suis rentré au temple, deux heures plus tard, le pantalon n’était plus là. J’ai pensé à ce pauvre Ankou qui va avoir froid au miche quand il sortira, et j’ai souri. Mais je me demande qui a pu vouloir garder cette loque en souvenir.

Krouhm.
Bug à régler vite : les ogres à deux têtes ne droppent jamais deux casques. S'ils ont deux têtes, ils devraient pouvoir.
Verrouillé